BOULE

le latin bulla désignait la boule creuse, la petite boule d'or que les jeunes nobles portaient au cou jusqu'à l'âge de dix-sept ans. Le mot a donné boule en français avec des dérivés comme boulet ou boulon (en raison de sa tête arrondie) ou encore des mots du parler populaire : boulot, le pain ordinaire en forme de boule. On le « boulotte». Aller au travail pour le gagner, c'est aller au boulot. Apporter une boule, c'est abouler. Quant à l'artisan qui fabrique les boules (de pain), après l'avoir appelé au Moyen Age pesteur (du latin classique pistor) ou fournier (de four), ou même talmelier (de taler = « le taleur de pâte »), on lui a donné le nom de boulanger. Le mot aurait été formé dans le parler du Nord de la France en partant du picard boulenc (où le suffixe -enc correspond au suffixe germanique -ing) avec un allongement comme -er ou -ier qui caractérise les noms de métier (latin du Moyen Age : bolengerius). Ne quittons pas notre boule sans rappeler qu'elle ne fut pas seulement inventée pour le pain ou les jeux, mais qu'elle a eu un rôle dans les études. Il fut un temps où le baccalauréat n'était qu'un examen oral : chaque membre du jury exprimait son avis sur le candidat par une boule blanche (favorable) ou noire (défavorable). Malheur à qui était blackboulé (rejeté par la boule noire). Il y avait de quoi partir bouleversé. Le mot latin bulla a donné aussi, par dérivation savante, le mot bulle, généralement appliqué aujourd'hui à un phénomène physique («une bulle d'air»). Mais le terme est encore employé pour désigner le sceau en forme de bulle ou l'acte revêtu de ce sceau, dans le langage ecclésiastique (une « bulle pontificale » est un acte officiel du Saint-Siège). Un diminutif italien (bollettino, diminutif de bollo) a enfin donné, dans la famille de bulle, notre mot bulletin.