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BOULANGER (GEORGES)

Général et homme politique né à Rennes en 1837, mort près de Bruxelles en 1891. Après une brillante conduite en Kabylie, en Italie et en Cochinchine, il participa aux combats contre l'armée prussienne en 1870. Ambitieux, ami du duc d'Aumale et recommandé par Clemenceau, il obtint le portefeuille de la Guerre en 1886. Il entreprit la réorganisation de l'armée et s'y fit remarquer par ses propos « revanchards » contre l'Allemagne. Écarté du ministère par les républicains inquiets de son audience croissante, il n'en fut pas moins acclamé dans ses prises de position patriotiques par de très nombreux partisans. Ainsi naquit le « boulangisme » qui draina tout ce que la France comptait de mécontents et où se mêlaient nationalistes, bonapartistes, royalistes et autres opposants pensant tirer parti d'un possible coup d'État. Mis à la retraite précipitamment (1888), Boulanger se lança alors pleinement dans la politique. Élu dans quatre départements et à Paris (1889), soutenu par la population, il hésita pourtant à s'emparer de l'Élysée. Le gouvernement lança un mandat de dépôt contre lui pour atteinte à la sûreté de l'État, et son parti (la Ligue des patriotes) fut dissous. Il s'enfuit en Belgique où il se suicida, un an plus tard, sur la tombe de sa maîtresse. L'agitation nationaliste qu'il avait provoquée devait reparaître lors du scandale de Panama et du procès Dreyfus.

Boulanger, Georges (Rennes 1837-Ixelles, Belgique, 1891) ; général et homme politique français.

L’ascension de B. et sa chute symbolisent les potentialités et les limites d’une démagogie qui, rencontrant d’abord un fort soutien populaire, s’effondre ensuite très rapidement. Bien qu’elle soit brillante (général de division en 1884), la carrière de B. ne laisse rien présager d’extraordinaire. Son aventure commence en 1886 lorsqu’il devient, en raison de son attitude républicaine, ministre de la Guerre dans les cabinets Freycinet et Goblet, à l’instigation de Clemenceau. Il se fait alors apprécier de tous : des républicains, par des mesures antimonarchiques dans l’armée ; des ouvriers, par son refus de faire tirer sur les grévistes ; de l’armée, par l’amélioration matérielle de la condition du soldat ; de l’opinion publique, par son attitude énergique et antiallemande au moment de l’affaire Schnaebelé d’avril 1887, concernant l’arrestation par l’Allemagne d’un commissaire lorrain accusé d’espionnage. Ainsi, il réussit à rassembler autour de lui tous les éléments mécontents du régime parlementaire, de même que les victimes de la crise économique. Effrayée par sa popularité grandissante, la majorité parlementaire conservatrice obtient son renvoi et son éloignement de Paris par une nomination à Clermont-Ferrand comme général de corps d’armée. Une foule enthousiaste essaie en vain d’empêcher son départ à la gare de Lyon. B. maintient cependant des relations avec les cercles qui l’appuient à Paris. Le gouvernement commet alors en mars 1888 la faute de le mettre à la retraite ; il devient de ce fait éligible, et cela à un moment où le régime est discrédité par un scandale financier. Ses partisans, en particulier Rochefort et Déroulède, essaient, sur la base d’un vague programme (dissolution de la Chambre, révision de la Constitution), d’organiser un mouvement de masse en vue d’installer grâce à un plébiscite une république autoritaire. Cristallisant autour de sa personne divers courants aux intérêts contradictoires (monarchistes, bonapartistes, radicaux-socialistes dissidents, nationalistes), B. peut célébrer son triomphe. Il est élu à Paris le 27 janvier 1889 à une forte majorité. Mais il est bien plus un instrument qu’un véritable chef. Timoré, il hésite devant le coup d’Etat. Le gouvernement profite de ce flottement, et le nouveau ministre de l’intérieur, Constans, fait dissoudre la « Ligue des patriotes » de Déroulède. B. et ses partisans sont accusés de haute trahison. Ayant perdu du jour au lendemain tout son crédit politique, B. échappe à l’arrestation en s’enfuyant à Bruxelles. La mort de sa maîtresse Marguerite de Bonnemains, qui exerçait une forte influence sur lui, le brise complètement. Il se donne la mort sur sa tombe le 30 septembre 1891. Sans toutefois écarter tous les dangers, la fin pitoyable du boulangisme consolide la République parlementaire.

Bibliographie : P. Levillain, Boulanger, fossoyeur de la monarchie, 1982 ; J. Guarrigues, Le Général Boulanger, 1991.

SUICIDE DU GÉNÉRAL BOULANGER • 30 septembre 1891 C’est en 1886, quand il devient ministre de la Guerre, que le général Boulanger fait ses débuts en politique. Alors que le système parlementaire est fragilisé par le scandale des décorations (il a débouché sur la démission, en 1887, du président de la République, Jules Grévy), Boulanger va rallier les mécontentements de tous bords - nationalistes revanchards, monarchistes, bonapartistes, et même radicaux (ceux qui veulent d’une République musclée) - et mettre en péril le régime et les institutions. Le 27 janvier 1889, au soir de son élection comme représentant de Paris, Boulanger est au faîte de sa popularité. Mais alors que le pouvoir est au bout d’une marche sur l’Élysée, on lui fait croire qu’il est menacé d’une arrestation pour complot contre la sûreté de 1 ’État ; afin d’y échapper, il part à Bruxelles rejoindre sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains, mais reste toutefois persuadé que la France se donnera à lui six mois plus tard. Très vite, le soufflé boulangiste retombe. Le 1er avril, le général fuit en Belgique ; le 14 août, il est condamné par contumace à la déportation. C’est à Bruxelles que, le 30 septembre 1891, il se suicidera sur la tombe de sa maîtresse, disparue le 15 juillet précédent. « Une mort de sous-lieutenant », ironisera Clemenceau.

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