BOUDDHA (BUDDHA)
BOUDDHA (BUDDHA) Fondateur du bouddhisme, « Bouddha », en sanskrit « l’éveillé », était un sage indien du nom de Siddhârtha Gautama ayant vécu au VIe siècle av. J.-C. au sud de la frontière indo-népalaise, et dont la dimension historique incontestable, s’est nimbée d’une telle aura qu’elle l’éleva rapidement au rang de divinité aux yeux des mortels. Siddhârtha Gautama, né vers 560 av. J.-C., est un enfant de sang royal élevé dans un cocon immatériel coupé de toute réalité, et marié, comme dans les contes de fées, à une jeune et belle princesse. C’est au cours de plusieurs sorties en ville à Kapilavastu que le futur Bouddha a pour la première fois la révélation brutale et choquante de la cruelle réalité de la vie et de sa cohorte de malheurs : tristesse, pauvreté, vieillesse, mort ; après une rencontre fortuite avec un moine-mendiant dont la sérénité le fascine, le jeune homme en plein doute existentiel décide, à vingt-neuf ans, de suivre son exemple, abandonne son existence dorée et se fait ermite. Suivront six années de douloureuses (et vaines) méditations ascétiques avant de connaître enfin l’illumination (« l’Éveil »). Ayant eu la révélation des quatre « nobles vérités », Siddhârtha devenu saint homme, investi de sa carrure de Bouddha, entreprend alors de les enseigner aux hommes et s’attèle pendant quarante-quatre ans à les guider sur la voie du « Dharma » (la vérité): il prône une méthode destinée à découvrir la réalité cachée derrière les apparences et à se libérer définitivement des illusions, passions et douleurs, que connaît toute forme d’existence. À sa mort, à quatre-vingt ans, sa légende se magnifie, relayée par les adeptes de son enseignement spirituel de plus en plus nombreux. Bouddha « le bienheureux » ou « celui qui est allé à la vérité » fait dès lors l’objet d’un véritable culte. Celui-ci commence par la vénération de reliques et objets saints, puis se prolonge au début de l’ère chrétienne par la création des premières représentations du sage (statues et bas reliefs), l’instauration d’un rituel « religieux » (offrandes et prières), et enfin par la conception d’une épopée foisonnante relatant ses vies antérieures (plus de cinq cents au moins). La création des « Bouddhas mythiques » précurseurs imaginaires de Gautama, abstractions divinisées aux traits souvent empruntés aux anciennes divinités du crû, et dont le nombre varie d’une tradition et d’un pays à l’autre, va finir d’enrichir la mythologie foisonnante du bouddhisme et son panthéon aux variantes internationales. Les hindous, par exemple, voient en lui le neuvième avatar (forme de réincarnation divine) de leur dieu Vishnou.
Bouddha, Gautama, Sâkyamuni (v. 566-v. 486 a.v. J.-C.) ; fondateur du bouddhisme. Pendant longtemps, on a hésité sur la réalité historique de celui qu’on devait appeler « le Bouddha » c’est-à-dire « 1 ’Éveillé ». Actuellement, personne ne met en doute son existence, même si l’histoire de sa vie, telle que ses disciples l’ont rapportée, tient plus de la légende que de la réalité. Il naît à Kapilavastu, dans le Teraï, au pied de l’Himalaya. À cette époque, le vie siècle avant J.-C.. l’Inde du Nord connaît au sein du védisme une grande effervescence intellectuelle et spirituelle avec ses brahmanes, ses ascètes et ses mystiques, tel Vardhamâna Mahâvîra, un contemporain de B., fondateur du jaïnisme. Son père est le chef des Sâkya, une tribu qui vit là. La tradition le fait naître dans un bosquet, le prénomme Siddhârtha et le fait appartenir au clan familial Gautama, nom par lequel il sera désigné dans les textes bouddhiques. Plus tard, on lui donnera le surnom de Sâkyamuni, « l’ascète des Sâkya ». Son enfance nous est connue uniquement par des textes au caractère hagiographique très marqué. Des devins auraient prédit qu’il deviendrait un puissant empereur, à l’exception de l’un d’entre eux qui vit dans le bébé le futur « Instructeur de l’Univers ». Son père, qui voulait écarter la réalisation de cette prophétie, l’éleva d’une manière princière dans un monde clos et fastueux. Mais un jour, le jeune homme rencontre successivement un vieillard infirme, un malade et un cortège funéraire et est envahi par le désespoir. La vision d’un moine vêtu d’une robe jaune, le visage illuminé d’une joie intérieure, le décide à changer de vie. Il devient un ascète errant, ne possédant rien d’autre que sa tunique : il accomplit ainsi le « Grand Passage ». Afin d’atteindre la Sagesse et la libération totale par son propre effort, il apprend les techniques de la méditation, s’inflige des privations et des tortures, mendie. Sans aucun résultat. Enfin, à la suite d’une méditation de quarante-neuf jours ponctuée de tentations de toutes espèces, il découvre comment triompher de la souffrance et des passions. Libéré de l’illusion de l’existence d’un Soi, il a réussi à éteindre la rage de vivre et a pu s’éveiller à la réalité essentielle, découvrir la Loi éternelle et atteindre par lui-même le Nirvâna. Il est devenu un Bouddha. Il se met à enseigner cette sagesse (Dharma) et prononce dans le parc des Gazelles, non loin de Bénarès, son premier sermon sur les Quatre Nobles Vérités « mettant en mouvement la Roue de la Loi ». Rapidement, il gagne des adeptes et des disciples dans toutes les classes de la société et rassemble des moines vêtus de la même robe jaune et observant des règles qu’il a fixées, jetant ainsi les bases de la communauté monastique bouddhiste, le Sangha. Pendant quarante-cinq ans environ, il alterne des périodes de prédication dans les royaumes du Kosala et du Magadha et dans les tribus situés au nord du Gange et des périodes de retraite dans des embryons de monastère. Sans jamais avoir subi de persécutions, il meurt à l’âge de 80 ans près de la ville de Kuçinagara (aujourd’hui Kasia, dans le district de Govakhpur) : ce fut son « ultime passage » (parinirvâna). B. n’avait pas désigné de successeur, n’avait transmis aucun écrit et son mouvement ne présentait ni corps de doctrine, ni unité dans la discipline monastique. Après sa mort, ses disciples se rassemblent en un concile à Râjagriha, la capitale du Magadha, pour fixer les règles de l’ordre (Vanaya) et transcrire les sermons que B. avait prononcés. Cent ans plus tard, vers 377, lors d’un deuxième grand concile, des divergences apparaissent qui s’accentueront par la suite au point de donner naissance à des écoles (Véhicules) que distinguent des doctrines, des rites et des zones d’expansion. Le bouddhisme s’est transformé : d’une morale éclairée, il est devenu une religion avec son propre dynamisme et ses missionnaires. Grâce à l’empereur Asoka (IIIe siècle av. J.-C.), le « Petit Véhicule » (Hînayâna) - le bouddhisme le plus proche du message de B. - se répand dans toutes les régions de l’Inde et à Ceylan où il est introduit par le moine Mahindra, peut-être le fils ou le frère d’Asoka. On construit des sanctuaires dans les lieux où s’est déroulée une étape importante de la vie de B. (bois sacré où il était né ; parc des Gazelles, etc.). Et lorsqu’une contre-réforme brahmanique relayée par l’invasion musulmane marginalise en Inde le bouddhisme, c’est l’île de Ceylan qui devient le grand centre du bouddhisme au XIIe siècle. De Ceylan, la religion de B. s’implante en Birmanie (VIIe siècle), puis au Siam, au Laos et au Cambodge. Avec le souverain kouchan Kanishka (IIe siècle de notre ère), le Grand Véhicule (Mahâyâna), qui distingue un bouddhisme accessible à une élite de moines d’un bouddhisme populaire avec ses dieux et ses saints, ses pratiques et ses superstitions, s’étend au nord-ouest de l’Inde, dans le Gandhara et le Pendjab. Dès le Ier siècle, le bouddhisme avait été propagé en Chine par l’intermédiaire de missionnaires venus de l’Inde et y apparaissait comme une variante du taoïsme. Ce n’est qu’au IIIe siècle qu’il commence à se répandre plus largement sous la forme du « Grand Véhicule ». Après une période d’acclimatation de trois siècles naît un bouddhisme chinois qui s’épanouira entre le VIIe et le IXe siècle. Deux grandes écoles le composent : dans l’une, le Tch’an (qui deviendra le Zen au Japon), la méditation devient une fin en soi ; dans l’autre, le Ts’ing-T’sou, l’accent est mis sur la foi dans le Bouddha Amitâbha. Ces deux écoles se développeront en Corée, au Vietnam et au Japon qui est au XXe siècle le centre du bouddhisme mondial. Parallèlement, à partir du VIIe siècle, transmis par des missionnaires indiens, le bouddhisme se répand au Tibet selon un processus si original qu’il devient une religion à part entière, le lamaïsme. Au cours de cette expansion, le personnage de Bouddha s’efface devant une multitude de Bouddhas qui sont autant de manifestations de la nature parfaite de Bouddha transformé progressivement en un être surnaturel. Au point que sera élaborée la doctrine des trois corps du Bouddha afin d’expliquer le rapport entre le bouddha historique et le Bouddha glorifié.
Bibliographie : A. Foucher, La Vie du Bouddha, d’après les textes et les monuments de l’Inde, 1949 ; A. Migot, Le Bouddha, ; F. Houang, Le Bouddhisme, de l’Inde à la Chine, 1963.
Nom honorifique, signifiant l'Éveillé, l'Illuminé (du sanskrit budh), du fondateur du bouddhisme, dont les noms les plus usités sont Gautama, ou Siddhartha, ou Çakyamuni (* Kapilavastu, aujourd'hui Roummindei, dans le nord de l'Inde, vers 560 av. J.-C., † Kusinara, aujourd'hui Kasia, district de Govakhpur, 480). Le Bouddha proposait aux hommes de son temps, non une religion nouvelle, mais une réponse au problème de la douleur (dukka), identifiée à l'existence elle-même, à l'impermanence de l'être, au flux incessant de toutes choses. Elle trouvait son expression la plus accablante dans la servitude du karma, qui fait perdurer tous les actes dans les incarnations successives. Les bouddhistes vénèrent de nombreux bouddhas historiques : Çakyamuni aurait lui-même enseigné que six bouddhas l'avaient précédé et que devait venir le bouddha futur, Maitreya, qui répandrait partout la Bonne Loi.
Bouddha était-il gros ?
Non, mais... à chacun son Bouddha. Certains sont gros et rieurs, d’autres maigres et méditatifs. Il y a le Bouddha de l’Histoire et celui de l’histoire de l’art. Ce dernier connaît plusieurs métamorphoses (enfant, adolescent, vieillard, rondouillard, squelettique, minuscule ou encore colossal). A l’origine, le prince Siddharta Gautama n’était sans doute pas du genre obèse. Encore moins après plusieurs années d’ascétisme intensif. Avant de devenir le Bouddha -l’éveillé - Gautama a quitté sa famille pour se livrer à des exercices rigoureux. C’est un « renonçant » qui pratique toutes sortes d’austérités au point de frôler la mort. On imagine donc Gautama maigre comme un clou. Image confortée par un extrait du canon pâli qui prête la confidence suivante au Bouddha : « Je mangeais tellement peu que tous mes membres sont devenus comme des tiges de bambou. Mon derrière ressemblait au sabot d'un chameau. La colonne vertébrale ressortait comme une corde de perle et mes yeux semblaient être descendus profondément à l'intérieur du crâne. »
On est loin du gros Bouddha doré que les Occidentaux croisent dans les restaurants asiatiques. Le Bouddha rond n’est pas historique. Il s’agit d’une représentation de Butai, un moine bouddhiste zen. Selon la tradition chinoise, Butai aurait vécu durant la dynastie Liang, au VIe siècle. Butai était réputé pour son bon caractère et sa sagesse. Il a inspiré des représentations
à son image qui vont se répandre dans les temples Zen. Statues et statuettes le représentent gros et rieur. Dans le folklore chinois, on frotte volontiers son ventre pour obtenir la richesse, la chance et la prospérité. Pas très ascétique tout ça !