BORGIA et les poisons
BORGIA Nom d’une famille romaine d’origine espagnole qui entre dans l’histoire avec l’élection au Saint-Siège d’un de ses membres, Alfonso, archevêque de Valence, élu pape sous le nom de Calixte III. Son neveu, Rodrigo, avant d’être pape à son tour sous le nom d’Alexandre VI, avait eu plusieurs enfants, dont Lucrèce Borgia célèbre dans l’histoire pour sa grande beauté et sa luxure.
Le nom de cette famille, rompue à toutes les intrigues politiques, a toujours été attaché au poison qui semblait constituer son arme favorite pour parvenir à ses ambitions.
Famille romaine, originaire de Borja en Espagne (province de Valence), qui compta parmi ses membres deux papes, Calixte III (Alfonso Borgia) et Alexandre VI (Roderigo Borgia), st François Borgia et plusieurs personnages typiques de la Renaissance italienne : César Borgia (* vers 1476, † Viana, Navarre, 12.V.1507). Il était le plus jeune des fils naturels du futur Alexandre VI et de Vanozza. Il fut nommé évêque de Valence et cardinal à seize ans (1492) par son père. Il trempa probablement dans l'assassinat de son frère Giovanni, duc de Gandia, auquel il succéda comme capitaine général de l'Église et déposa la pourpre pour prendre l'épée. Allié de Louis XII, il reçut le titre de duc de Valentinois (1498) et, avec l'encouragement de son père, devenu pape, il entreprit par les moyens les plus violents de reprendre la Romagne aux feudataires du Saint-Siège ; il fut nommé par Alexandre VI duc de Romagne (1501). Il invita au château de Senigallia ses principaux ennemis et les fit froidement exécuter (31 déc. 1502). La mort d'Alexandre VI (août 1503) cassa sa puissance : le pape Jules II le fit arrêter et le força à livrer toutes ses forteresses. À peine sorti de prison, il fut arrêté par Gonzalve de Cordoue et envoyé au roi d'Espagne, qui avait des griefs contre lui. César réussit à s'échapper et se réfugia auprès de son beau-frère roi de Navarre. Il l'accompagna dans une expédition contre l'Espagne et mourut au cours de la campagne. Grand chef de guerre et habile administrateur, César Borgia laissa parmi les populations une réputation de prince sévère mais juste ; il protégea les arts, fut l'ami du Pinturicchio et de Léonard de Vinci. Il a servi de modèle au Prince de Machiavel. Lucrèce Borgia (* Rome, avr. 1480, † Ferrare, 24.VI.1519). Sœur de César Borgia. Elle souffre encore d'une réputation injustifiée de crimes et de vices, dont Victor Hugo se fit le trop complaisant écho. Lucrèce apparaît comme un faible et docile instrument des combinaisons politiques de son père et de son frère. Son premier mariage (1492/97), avec Giovanni Sforza, fut annulé par son père afin qu'elle épousât Alphonse d'Aragon, fils d'Alphonse II de Naples (1498). Mais ce deuxième mari fut assassiné en 1500, à l'instigation de son frère César Borgia. Lucrèce fut remariée en 1501 à Alphonse d'Este duc de Ferrare en 1505. Enfin soustraite à l'influence de sa terrible famille, Lucrèce gagna l'estime de tous par sa beauté, sa douceur et sa piété ; elle se fit la protectrice des artistes et fut célébrée par l'Arioste et Bembo.
Borgia, César (Rome 1475 -Pampelune 1507) ; cardinal italien et condottiere. B., le « grand criminel », comme l’appelle J. Burckhardt, est né, comme ses frères et sœur Joffré, Jean et Lucrèce, des relations publiquement connues de son père Alexandre VI avec une femme mariée romaine, Vannozza Cattanei. A sept ans il devient protonotaire du pape, à dix-sept ans évêque de Pampelune et archevêque de Valence, et à dix-huit ans cardinal. Ces fonctions, assorties de riches revenus et d’un grand pouvoir, lui permettent de mener une vie fastueuse, mais ne suffisent pas à assouvir l’ambition de cet homme sans scrupules, qui n’hésite pas à faire assassiner son frère et son beau-frère. B. veut le pouvoir politique. Aussi, en 1498, se fait-il dispenser du sous-diaconat et renonce-t-il à sa dignité de cardinal. En 1499 il épouse Charlotte d’Albret, fille naturelle du roi de France, qui lui apporte le duché de Valentinois. La même année, il devient duc de Romagne. Il entreprend alors d’abattre, avec la plus grande brutalité, les fiefs et cités conservant encore quelque autonomie à l’intérieur des Etats de l’Église, dont il est devenu en 1503 pratiquement le souverain. Mais tous ses autres plans, qu’ils aient pour but de lui obtenir la dignité pontificale, la domination de toute l’Italie, ou encore un éventuel royaume de Toscane, sont réduits à néant par la mort d’Alexandre VI, en août 1503, alors que lui-même subit une grave atteinte de malaria. Le nouveau pape Jules II, ennemi des Borgia, l’oblige à quitter Rome et, après une courte captivité en Espagne, B. trouve la mort en 1507 dans une embuscade près de Pampelune. B. est une des plus vigoureuses personnalités de la Renaissance ; il a à sa disposition les meilleurs officiers et les meilleurs soldats, et sait attirer à son service un Léonard de Vinci ; Machiavel voit en lui le modèle du « Prince » qui construit lui-même son royaume. Bibliographie : C. Fusero, La Vie de César Borgia, trad. de l’it. par G. de Beauvillé, 1966.