bonheur
De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, « présage », « chance »).
État de complète satisfaction de tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine. Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur. Béatitude, bien, eudémonisme, joie, plaisir, vertu.
bonheur, état de complète satisfaction. — On distingue les morales de l'Antiquité, pour qui le bonheur est la fin dernière de l'homme (hédonisme), et les morales modernes, marquées par le christianisme, pour lesquelles c'est la vertu qui est le but dernier; la vertu consiste à mériter le bonheur, mais sa possession n'a en elle-même aucune valeur morale (rigorisme de Kant). La philosophie actuelle (issue de Fichte, de A. Gehlen) redonne une valeur positive au bonheur, où elle voit une forme de sagesse qui n'advient qu'en celui qui se connaît parfaitement et sait satisfaire aux tendances fondamentales de son être. Car, s'il est vrai que le bonheur idéal « est la satisfaction de toutes nos inclinations » (Kant), pour être réellement heureux il faut savoir se (imiter à ses inclinations les plus profondes. C'est en ce sens que le « bonheur » n'est pas réductible au « plaisir » ; ceux qui traitent du bonheur n'ont pas tort de mépriser le plaisir, qui, en effet, bien promptement » rassasie et dégoûte » (Alain). Le bonheur n'est jamais donné, il résulte toujours d'une activité de l'homme; on l'identifie le plus souvent au travail libre : c'est en ce sens que l'on distingue le « plaisir » ou la « joie », qui peut nous venir des événements, et le « bonheur » ou « béatitude », que nous tirons de nous-même et qui est toujours à notre portée. Il reste cependant que le bonheur le plus fort et le plus pur est souvent le plus primitif, celui qui s'identifie avec le sentiment de vivre et d'agir : « Le bonheur, c'est la saveur même de la vie... Agir est une joie... Toute vie est un champ d'allégresse » (Alain). On lira A la conquête du bonheur, de Bertrand Russel.
BONHEUR
Distinct du simple plaisir considéré généralement comme un état affectif incomplet et éphémère, le bonheur est conçu, ou bien négativement en tant qu’absence de douleur (Épicure), ou bien, et surtout, positivement comme la « satisfaction de toutes nos inclinations » (Kant), résultat de l’épanouissement de l’ensemble des virtualités de l’homme. Mais alors que pour Kant, le bonheur, n’ayant aucune valeur morale en soi, doit être mérité par l’accomplissement de la vertu, il constitue, en revanche, la fin de l’action humaine pour les doctrines eudémonistes. ♦ La part de chance qui s’attache au bonheur - reçu parfois comme un don -n’éclipse pas cependant le fait de la responsabilité personnelle dans la recherche des moyens propres à en assurer la constance : l’attente passive risquerait à la limite de conduire à l’hébétude, car elle priverait l’individu de cet ensemble de sollicitations multiples et discrètes (l'inquiétude leibnizienne) qui nous incitent à ne jamais rester en repos. « C’est en vain qu’on cherche au loin son bonheur quand on néglige de le cultiver en soi-même » (Rousseau). Notons l’ascétisme lucide d’Épictète qui nous invite à prendre la juste mesure des choses qui dépendent vraiment de notre volonté ; ou bien l’attitude d’Aristote selon lequel le bonheur sanctionne l’activité la plus noble de l’esprit (sagesse contemplative). ♦ La société contemporaine, avec les tentations qu’elle impose, montre bien la fonction idéologique du bonheur qui apparaît comme un mythe masquant un certain nombre de contradictions sociales : la consommation, en guise de bonheur, au lieu d’assurer la plénitude de l’être, lance l’individu dans une quête fébrile et sans fin. Mais, plus généralement, il est permis de penser que la « satisfaction intégrale des besoins pulsionnels de l’homme » est irréalisable si, comme le croit Freud, « le bonheur n’est pas une valeur culturelle ».
BONHEUR
État de satisfaction complète pour l’homme ; se définit de 2 façons : 1. État de satisfaction de toutes nos tendances et de tous nos besoins organiques (le bonheur est plus complet et plus durable que les plaisirs ou les joies). 2. État du sage dont l’activité est conforme à la morale . Selon les morales, le bonheur réside dans la conformité à la nature (stoïcisme), dans la tranquillité d’âme (épicurisme) ou dans l’obéissance à la raison (rationalisme). C’est donc plus un idéal qu’un état effectif. Synonyme de béatitude. (Le bonheur pour la morale dépasse les satisfactions physiques.)
BONHEUR (n. m., étymologie : bon-heur, bonne chance) 1. — (Lato) Etat de satisfaction complète. 2. — Notion fondamentale de l’eudémonisme et caractérisant l’état du sage dont l’activité est conforme à l’ordre raisonnable du Cosmos qui l’intègre et trouve son accomplissement dans la contemplation (Aristote, Épicure, stoïciens). Cf. béatitude, souverain bien. 3. — Pour Kant : « Conscience qu’a un être raisonnable de l’agrément et de l’ordre accompagnant sans interruption toute son existence » ; « État dans le monde d’un être raisonnable, à qui, dans le cours de son existence, tout arrive selon son souhait et sa volonté ». 4. — Sentiment correspondant à la satisfaction intégrale des besoins pulsionnels de l’homme. Pour Freud, la civilisation suppose un assujettissement de ces pulsions : « Le bonheur n’est pas une valeur culturelle. »
BONHEUR. n.m. ♦ 1° Au sens étymologique (bon heur), bonne chance (eutukhia en gr.), événement heureux : « C'est un bonheur que d'avoir reçu... » ♦ 2° Quand on envisage le bonheur, on veut désigner un état idéal de satisfaction de toutes les tendances, sans manque ni imperfection, ni cesse (en gr. eudaïmonia) ; en ce sens, le bonheur réside dans la béatitude.