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BOLCHEVIKS (Russie)

BOLCHEVIKS (Russie)

Le départ d’une partie des délégués modérés du IIe congrès (1903) du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) permet aux amis de Lénine d’emporter une majorité fragile. Les bolcheviks (le mot en russe signifie « majoritaire ») vont dès lors s’atteler à la construction d’un parti de type nouveau, outil selon eux indispensable à la révolution. Établis sur des principes organisationnels rigides, armée de militants, ils s’érigent en état-major d’un mouvement révolutionnaire dont ils prennent en charge le destin. Majoritairement russes, à la différence des mencheviks (minoritaires) plus représentatifs de la composition multinationale de l’empire, ils font preuve d’une radicalité qui s’exprimera particulièrement durant la révolution de 1905. C’est au cours de ces années que se forge l’image du bolchevik incorruptible et porteur de l’étendard de la révolution. Cette image, magnifiée pendant la guerre civile, sera revendiquée après 1917 tant par les amis de Staline que par ceux de Trotski.

Nom donné aux membres de l'aile gauche radicale du parti social-démocrate russe. Au IIe congrès de ce parti, qui se tint à Bruxelles puis à Londres du 30 juill. au 30 août 1903, Lénine et ses amis obtinrent une majorité temporaire au comité exécutif du parti. En fait, ces « majoritaires », ces bolcheviks, qui s'assurèrent le contrôle du journal l'Iskra, ne représentaient parmi les sociaux-démocrates russes qu'une minorité, la tendance alors dominante étant celle des mencheviks, qui estimaient nécessaire le passage par une révolution démocratique bourgeoise. En avr./mai 1905, les bolcheviks tinrent leur troisième congrès à Londres, mais les mencheviks refusèrent d'y participer et convoquèrent leur conférence à Genève, sous la présidence de Martov. Les résolutions de ce IIIe congrès permirent de définir la théorie et la tactique bolcheviques, à l'heure même où s'étendait en Russie la première révolution démocratique bourgeoise. Lénine souligna que la bourgeoisie se révélait incapable de prendre la tête du mouvement révolutionnaire ; c'était au prolétariat qu'il appartenait de transformer cette révolution bourgeoise en révolution socialiste ; la condition indispensable de la victoire était l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie ; la révolution paysanne, dirigée par le prolétariat, devait ouvrir la voie à la lutte de classes contre la bourgeoisie et à une dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie ; la tâche primordiale du parti était d'assurer le passage des grèves politiques de masse à l'insurrection armée. Lénine voulait former un parti de révolutionnaires professionnels, régi par une stricte discipline. Mais l'échec de la révolution de 1905 parut donner tort aux bolcheviks. Les mencheviks acceptèrent de participer à un congrès de réunification du parti (IVe congrès, Stockholm, avr. 1906), mais reprochèrent vivement aux bolcheviks de soutenir des thèses utopistes. Au Ve congrès (Londres, mai 1907), les bolcheviks obtinrent une faible majorité. La lutte entre bolcheviks et mencheviks avait repris plus que jamais. Malgré leur ligne révolutionnaire, les bolcheviks ne renonçaient pas aux possibilités de l'action légale ; en févr./mars 1906, dans l'espoir d'un renouveau de la vague révolutionnaire, ils avaient boycotté les élections de la première douma mais des députés bolcheviks siégèrent dans les quatre doumas suivantes. Cependant, les mencheviks restaient majoritaires au sein du parti social-démocrate. La rupture définitive eut lieu en janv. 1912, à la conférence de Prague, où les bolcheviks organisèrent un comité central séparé. En mai 1912 parut le premier numéro de leur quotidien la Pravda. Après la révolution de mars 1917, les chefs bolcheviks exilés rentrèrent en Russie et Lénine publia ses célèbres Thèses d'avril. Il y affirmait que les soviets des députés ouvriers et soldats constituaient l'embryon de la dictature du prolétariat. Bien que minoritaires au premier congrès des soviets (mai/juin 1917), les bolcheviks s'efforcèrent de mobiliser les masses avec le mot d'ordre : « Tout le pouvoir aux soviets ». Après la crise de juill. 1917, Lénine adopta une nouvelle tactique et mena les bolcheviks à l'insurrection armée : ce fut la révolution d'Octobre, qui leur donna le pouvoir. En mars 1918, au VIIe congrès de Petrograd, le parti prit le nom de parti communiste, mais garda accolée à ce nom l'épithète de bolchevik, et cela jusqu'en 1952.

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