Boehme
Boehme
(Jakob, 1575-1624.) Représentant capital du courant mystique et théosophique de son temps, Boehme est né en Haute-Alsace dans un milieu luthérien, mais traversé de courants visionnaires. D'abord apprenti cordonnier, il voyage, se marie en 1599, s'installe comme « maître cordonnier ». ♦ C’est en 1600 qu'il aurait connu une expérience décisive, en « voyant » le centre d'un vase d'airain : dès lors, sa démarche quête, en unissant diverses superstitions sur l'influence des esprits et des planètes à une intention métaphysique, l'union du dehors et du dedans. Selon d’autres sources, cette illumination aurait conclu une grave crise de mélancolie. Toujours est-il qu'il ne révèle son parcours spirituel qu'à partir de 1612, année où il rédige L'Aurore à son lever, où s'affirme un thème essentiel de sa gnose : la double présence - comme colère et amour -de Dieu en toute chose créée. Si le mal est d'abord ce qui empêche la diffusion de la Lumière, toute chose recèle en son « cœur » une source capable de purifier et d’éclairer. Accusé d'hérésie, Boehme se tait pendant sept ans ; il lit Paracelse, essaie peut-être quelques pratiques alchimiques, puis écrit à partir de 1617 une série de traités, parmi lesquels le Mysterium magnum, où il commente symboliquement le début de la Genèse. Ne prétendant livrer son savoir qu'à un cercle d'initiés, il affirme que le vrai savoir est dans le cœur de l'homme, attendant d'être explicité. Cette explicitation constitue une pensée complexe, attentive aux symboles, aux « signatures » révélant l'homologie entre monde visible et monde intérieur. ♦ L'un des thèmes qui aura le plus de descendance dans la philosophie allemande (jusqu'à Schelling ou Hegel) est celui qui conçoit l'origine du devenir dans un « sans fond » d'où naissent les forces du positif et du négatif irriguant tous les mondes, du divin à l'humain en passant par les différents règnes de la nature.
ŒUVRES : De la signature des choses (1620, trad. P. Deghaye 1995) ; Mysterium magnum (1623, trad. N. Berdiaeff 1945).