BLUM (LÉON)
Écrivain et homme politique français né à Paris en 1872, mort à Jouy-en-Josas en 1950. Il débuta dans la critique de théâtre et par des articles littéraires. En 1902, il entra au parti socialiste et travailla avec Jaurès à L'Humanité (1904). Pendant les deux premières années de la guerre, il fît partie du gouvernement de l'Union sacrée. Député en 1919, il fonda le journal Le Populaire et prit la direction de la SFIO. En 1936, il constitua le gouvernement du Front populaire. Après le procès de Riom (1942) qui jugea les responsables civils et militaires de la défaite de 1940, il fût livré aux Allemands et envoyé à Buchenwald. De 1946 à 1947, il fut chef du Gouvernement provisoire de la République.
BLUM Léon. Né à Paris le 9 avril 1872, mort à Jouy-en-Josas (S.-et-O.) le 30 mars 1950. Issu d’une famille de négociants Israélites, il passe par l’École Normale (section lettres) et entre au Conseil d’Etat en 1905. Mais, dès l’époque de l’affaire Dreyfus, il a débuté dans la littérature comme critique à la Revue Blanche des frères Natanson. En 1901, il publie ses Nouvelles Conversations de Gœthe avec Eckermann, en 1914 — son étude sur Stendhal et le beylisme. Sa personnalité s’affirme : celle d’abord d’un esthète « décadent », comme on disait alors, de sensibilité féminine, admirateur du premier Barrés et ami de Gide; puis d’un libertaire, qui publie en 1907 Du Mariage, livre qui fit scandale en préconisant pour les femmes les expériences préconjugales; enfin d’un idéaliste qui, sous l’influence de Lucien Herr, adhère au socialisme dès 1899, participe en 1904 à la fondation de L’Humanité et entre dans la politique active lors de l’assassinat de Jaurès. Désormais, négligeant la littérature, Blum confond sa vie avec celle de son parti : il se dresse, en 1920, contre la fraction communiste, lance Le Populaire, se mêle aux luttes de l’après-guerre contre Poincaré et Doumergue. En 1936, la victoire du Front Populaire l’installe à la présidence du Conseil où il fait des réformes sociales retentissantes; mais, dès l’année suivante, aux prises avec les difficultés économiques, il doit abandonner le pouvoir. Pendant l’Occupation il est traduit devant la Cour de Riom, puis interné au Portalet et en Allemagne. Après son retour en 1945, malgré une brève étape ministérielle, il vit dans une demi-retraite politique, évoluant vers un humanisme libéral qu’il s’efforce dans A l’échelle humaine (1945), de concilier avec le marxisme. En résumé, une nature très complexe, un peu indécise, inachevée, et dont on peut se demander si la vraie vocation était bien la politique. ♦ « Blum me paraît être demeuré (car il l’a toujours été) beaucoup plus utopique et même mystique que je ne consens à l’être. » André Gide.
Blum, Léon (Paris 1872-Jouy-en-Josas 1950) ; homme politique français.
Issu de la bourgeoisie juive, B. ne vient que lentement au socialisme. Intellectuel et esthète, un peu dandy, il subit l’influence du jeune Barrés et de son « culte du moi ». Il se fait un nom comme critique littéraire dans les cercles anarchistes et littéraires du Quartier latin. Politiquement, B. se situe dans l’aile républicaine progressiste, en conformité avec la tradition révolutionnaire française. Pour lui, le socialisme démocratique et humanitaire, représenté en la personne de Jean Jaurès, est la suite et l’accomplissement de cette tradition. Dans ce processus, l’affaire Dreyfus joue un rôle de catalyseur supplémentaire. Comme Jaurès, Clemenceau et presque toute l’élite de la gauche républicaine, B. s’engage dans le camp dreyfusard ; il lui semble tout naturel que le combat pour la justice en faveur d’un individu se poursuive dans la lutte pour une justice sociale. B. travaille alors de façon enthousiaste à l’unification des partis socialistes et lorsque cet objectif est atteint en 1905, il se retire de la vie politique jusqu’en 1914 pour se consacrer à la critique littéraire et à ses fonctions au Conseil d’État. Après la déclaration de guerre, il devient chef de cabinet du ministre socialiste Marcel Sembat. En 1918-1919, il établit, dans l’esprit du socialisme jaurésien, le programme d’après-guerre du parti et, lors du congrès de Tours en 1920, il est un des leaders de la minorité hostile à l’adhésion à la IIIe Internationale (communiste). Devenu chef du parti socialiste SFIO (1921), il en est le représentant parlementaire et dirige l’organe du parti Le Populaire. Prenant part avec autorité à l’élaboration de la politique et de la tactique du parti, il oppose une forte résistance à l’aile gauche et à l’aile droite dans leur désir de conquérir le pouvoir. B. pousse son parti à devenir le groupe le plus puissant de la coalition parlementaire avant de le mener à la tête des destinées de la France. L’objectif est atteint en mai 1936 lorsque le parti socialiste, noyau de la coalition de Front populaire avec les communistes et les radicaux-socialistes, remporte un succès électoral. B. devient alors le chef du gouvernement de Front populaire qui réussit dans le domaine de la législation sociale : introduction de la semaine de quarante heures, instauration des congés payés et mise en place des conventions collectives du travail. Mais le Front populaire échoue dans sa politique économique et financière en raison de l’opposition du Sénat et tombe le 22 juin 1937. De plus, la politique étrangère de B., notamment sa volonté de non-intervention dans la guerre civile espagnole, conduit à de fortes tensions avec les communistes et marque le premier pas vers la dislocation du Front populaire. Son deuxième gouvernement en mars 1938 n’y résiste d’ailleurs pas. B. lutte contre le compromis de Munich et réclame des mesures de réarmement renforcées en raison de la politique extérieure expansionniste de Hitler. Il est arrêté par le régime de Vichy et comparaît devant la Cour suprême de justice, à Riom, de février à avril 1942 lors d’un procès des personnalités (notamment avec Edouard Daladier et le général Gamelin) accusées d’être responsables de la défaite de 1940. Mais le procès ne donne lieu à aucun verdict, tournant au désavantage du gouvernement de Vichy dû en partie à l’attitude courageuse de B. En 1943, il est alors livré aux autorités allemandes qui le déportent au camp de concentration de Buchenwald puis à Dachau. Après son retour en France, il est président du Conseil de décembre 1946 à janvier 1947 au sein d’un gouvernement socialiste homogène. Mais, après ce court intermède, son influence sur la politique de son parti s’estompe. Quoi qu’il en soit, il reste pourtant jusqu’à sa mort le principal inspirateur du socialisme français. Bibliographie : Léon Blum, chef de gouvernement, 1936-1937, 1967 ; P. Blanchard, Léon Blum : le pouvoir pour quoi faire ?, 1976 ; J. Lacouture, Léon Blum, 1977.
Homme politique français. D'une famille de la bourgeoisie juive parisienne, il entra à l'École normale supérieure, qu'il quitta rapidement pour des études de droit. Auditeur au Conseil d'État en 1895, il fit ses débuts littéraires et publia un premier livre, Nouvelles Conversations de Goethe avec Eckermann (1901). L'affaire Dreyfus et l'influence de Lucien Herr, bibliothécaire de la rue d'Ulm, l'amenèrent au parti socialiste, dont il devint un des experts juridiques. Il se tint pourtant à l'écart de la politique active jusqu'en 1914, où il devint chef de cabinet de Marcel Sembat, puis ministre des Travaux publics dans le gouvernement d'Union sacrée (1914/16). En 1919, il rédigea le programme du parti et fut élu député de la Seine. Au congrès de Tours (1920), Blum fut le principal porte-parole de la minorité hostile à l'adhésion à la IIIe Internationale. Puis, simple secrétaire du groupe parlementaire, il s'affirma comme le chef incontesté de la SFIO, qu'il reconstruisit patiemment. Blum se disait révolutionnaire, mais rejetait le centralisme communiste, et distinguait la conquête de l'exercice du pouvoir. Il eut peu de contacts avec le monde ouvrier et identifiait le socialisme avec le sentiment de la solidarité humaine. Après la victoire du Front populaire aux élections d'avr./mai 1936, Blum, dirigeant du plus puissant parti de gauche et allié aux radicaux, devint président du Conseil. D'importantes réformes sociales et économiques furent accomplies (v. MATIGNON, accords de). Les difficultés économiques et financières, les réticences des radicaux, les tensions provoquées par la non-intervention en Espagne le conduisirent à démissionner le 24 juin 1937. Son second gouvernement de Front populaire dut se retirer devant l'opposition du Sénat à un impôt sur le capital (mars/avr. 1938). Le 10 juill. 1940, Blum fut un des quatre-vingts parlementaires qui refusèrent les pleins pouvoirs à Pétain. Vichy l'emprisonna et le traduisit devant la cour suprême de justice de Riom. Sa défense, courageuse et habile, obligea le gouvernement à suspendre le procès. Il fut ensuite livré aux nazis et transféré en Allemagne. Libéré, il reprit la direction de la SFIO, écrivit dans Le Populaire et publia À l'échelle humaine, son testament politique (1945). À la fin de 1946, il forma un gouvernement socialiste éphémère (déc. 1946/janv. 1947) qui ordonna une baisse autoritaire des prix de 5 % et fit adopter le plan Monnet. Voir FRANCE.