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BLEU

le mot germanique blâw a donné en allemand blau et l'ancien français blou, devenu bleu, comme l'adverbe pou (ancien français) est devenu peu. Parmi les mots ou expressions appartenant à cette famille, on connaît l'expression «bas-bleu», calquée sur l'anglais blue-stocking. Une célèbre femme de lettres anglaise, Mrs Mon-tague, qui tenait salon à Londres au XVIIIe siècle, à l'image des salons de nos femmes-philosophes françaises de l'époque, y recevait entre autres personnages un certain Stillingfleet, toujours chaussé de bas bleus. Par dérision, on appela leur club « salon des bas bleus ». C'est l'écrivain français Barbey d'Aurevilly qui, au siècle suivant, popularisera le terme en l'appliquant aux femmes à prétentions intellectuelles dans un livre sur Les Bas bleus. Restons dans la même couleur, perçue à travers l'anglais, avec le mot blue tel qu'on le retrouve dans le terme blues qui désigne, même dans notre langue, un certain type de danse et de musique à danser. C'est l'abréviation d'un pluriel blue-devils = les «diables bleus» (ce que nous appelons... des «idées noires»). BOEUF vient du latin bos (génitif : bovis). Le o latin ouvert, libre et accentué, donne en français le son œ noté eu ou oeu. En effet, ce o a dû être prononcé uo dès le VIe siècle et, par une étape üe (u + e muet), aboutir à un son woe (w est une semi-voyelle ; donc bwoe est produit d'une seule émission de voix). Le v venu de bove(m) s'est affaibli en f entre les voyelles. On relève dans les textes du Moyen Age, selon la région, des formes boef ou buef. Le v se retrouve dans les mots de la famille : bouvier, bouvillon, etc. Le bouvreuil (de bouvereuil, diminutif ancien de bouvier) est ainsi appelé parce qu'on prétend (à tort, paraît-il) que cet oiseau accompagne le bouvier. L'étable à bœufs, bovile en latin, aurait donné le mot bouis (nom dialectal de l'étable dans le Jura). Le redoublement, sous la forme boui-boui, désigne un lieu de distraction mal famé.

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