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BISSEXTILE

dans la Rome antique, on nommait les jours à reculons par rapport à quelques grandes dates du mois, en comprenant dans le calcul le jour repère et le jour que l'on nommait : l'avant-veille d'une date était considérée comme le troisième jour avant la date. Il en est resté la tradition chrétienne qui, célébrant la mort de Jésus le vendredi, proclame sa résurrection «le troisième jour», le dimanche. Selon ces modalités romaines, le 24 février se nommait le « sixième jour par rapport aux kalendes de mars » (1er mars), en latin sexto Kal. Mart. (avant les K.M.). C'est César qui réforma le calendrier pour le faire coïncider avec l'année réelle de 365 jours un quart en ajoutant tous les quatre ans un jour en février. Ce jour fut le « 24 février bis », en latin bis sexto Kal. Mart. : il fit appeler bissextilis l'année de 366 jours. Nous en avons tiré l'adjectif bissextile par formation savante, tout en le mettant d'emblée au féminin. Le masculin serait bissextil. Mais ce jour supplémentaire n'avait pas bonne réputation et, à côté de la forme savante bissextile, a évolué une forme populaire qui, de bissexte, est devenue bissêtre ou bicêtre. C'est un nom masculin synonyme de «jour de malheur» ou «malheur»; il a donné l'adjectif bissêtreux, mot vieilli. N'entachons pas la réputation de la bonne ville de Bicêtre (Kremlin-Bicêtre, à 2 km de Paris) en cherchant dans ce «bissêtre» ou «bicêtre» l'origine de son nom. En fait, celui-ci vient du nom de l'ancien propriétaire du domaine au XIIIe siècle, Jean de Pontoise, évêque de Winchester, qui devint, dans le langage populaire, successivement « Wicestre» puis «Bicêtre».