BIROT Pierre Albert
BIROT Pierre Albert
1876-1967
Poète et auteur dramatique, né à Angoulême. Il écrivait son nom Pierre Albert-Birot, d’où certains flottements lorsqu’il s’agit de le classer, soit dans un dictionnaire, soit dans l’index d’un manuel. D’ailleurs, on préfère ne pas classer ni citer, et oublier tout simplement cet animateur infatigable, et pourtant discret, de toutes les avant-gardes ; inventeur entre autres du mot surréaliste, dans le sous-titre proposé par lui en 1917 pour Les Mamelles de Tirésias de son ami Apollinaire (lequel, la même année, préfacera les Trente et un poèmes de poche de Birot). C’est à cette époque, encore, qu’il crée de toutes pièces une dramaturgie nouvelle dans Larountala (1919) et Les Femmes pliantes (1923), qui sont, selon sa propre formule, des tragédies bouffes. Mais Pierre Albert-Birot ne s’est pas contenté d’ouvrir des portes. Une fois dans sa vie, il a lui-même occupé le terrain qu’il avait conquis de haute lutte : avec Grabinoulor, gigantesque récit sans ponctuation (1933). Avec cette épopée bouffonne (et féerique tout ensemble) de l’homme du XXe siècle, il donne un chef-d’œuvre d’imagination libérée et de pure joie verbale. Après trente années de relative retraite (il compose pourtant, en 1944, de délectables Mémoires d’Adam), Birot nous apportera en 1964 une nouvelle mouture de ce livre prodigieux. Il n’avait pas cessé d’ailleurs de produire de nouveaux recueils de poèmes (dont les Cent dix gouttes de poésie, 1952).
ALBERT-BIROT Pierre. Ecrivain français. Né à Angoulême (Charente) le 22 avril 1876, mort à Paris le 25 juillet 1967. Après avoir fait une partie de ses études à Bordeaux, il vient habiter avec sa mère Cité Jarry à Paris. La vie est difficile et il doit interrompre ses études. Il rencontre le sculpteur Georges Achard et se met lui-même à sculpter: En même temps, il suit des cours en Sorbonne et au Collège de France. Il devient restaurateur de meubles et d’objets anciens pour le compte d’un antiquaire parisien. Réformé au moment où éclate la guerre de 1914, il va naître vraiment, dit-il, en 1916 quand il fonde la revue Sic, titre qui allie à la signification « oui » du mot latin l’initiale de trois termes essentiels : son, idée, couleur. Il en est d’abord le seul rédacteur puis à partir du numéro 4 s’opère la rencontre avec Guillaume Apollinaire. Dès lors, Sic prend une place importante dans la littérature de cette époque avec les signatures de Drieu la Rochelle, Reverdy, Soupault, Tzara, Aragon, Breton et Raymond Radiguet. Pierre Albert-Birot fonde le « nunisme », école qui prône un art résolument neuf et s’inspire du futurisme de Marinetti. Sic disparaît en 1919. Auparavant, son fondateur avait participé et organisé en 1917 la représentation des Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire qui fit alors scandale. En 1917, Pierre Albert-Birot fait paraître son premier recueil de vers, Trente et un poèmes de poche avec une préface de Guillaume Apollinaire qui voit en lui un « pyrogène ». De 1918 a 1929, il fonde le Théâtre du Plateau où il monte ses pièces, Matoum et Tévibar (1919), Barbe bleue, Les Femmes pliantes (1923), théâtre anti-réaliste où le merveilleux est tout pénétré d'humour et de tragique. Il ne renonce pas à la poésie. De La joie des sept couleurs (1919) aux Cent nouvelles gouttes de poésie (1967), il publie une quinzaine de recueils parmi lesquels Poèmes à l’autre moi (1927), particulièrement représentatifs de son besoin d’unité, de son refus de tout ce que l’on oppose : la vie, la mort, le Je et l'Autre... Il écrit en même temps Grabinoulor (1921), Rémy Floche, employé (1934), Les Mémoires d’Adam et Eve (1948) et jusqu’à sa mort, il écrivit la suite de Grabinoulor, autant de textes en prose d’où la poésie n’est jamais absente. Cet individualiste annonce divers courants littéraires. Dans La Lune ou le Livre des poèmes (1924), ses dispositions typographiques préfèrent le lettrisme, Michel Butor ou Michel Deguy. Ses pièces comiques, L’Homme coupé en morceaux (1921) ou Le Bondieu (1922) fraient la voie à Tardieu et à Ionesco. Max Jacob a parlé de « l’ingénuité profonde » de Pierre Albert-Birot, qui est résolument moderne et s’étonne et s’amuse des inventions dont notre civilisation est capable. Il les intègre au mouvement général qui emporte le monde transfiguré par la présence du soleil, maître de la lumière. Il exalte la vie et même le chagrin (Amenpeine, 1938) se trouve racheté par la création d’un poème. L’œuvre capitale de Pierre Albert-Birot, c’est Grabinoulor à laquelle il travaille quarante ans durant. Cette « épopée » en prose est écrite d’une seule coulée, sans ponctuation. Jean Paulhan a pu la comparer à Don Quichotte. D’autres l’ont rapprochée de Gargantua ou même y ont vu une préfiguration de Tarzan. Si Grabinoulor parcourt l’histoire et l’espace, c’est toujours pour vivre plus intensément son présent. Il connaît quantité d’aventures plus merveilleuses, plus invraisemblables les unes que les autres. « Vraiment la vie ne commence qu’à l’absurde, au-dessous c’est du plâtre » déclarait Pierre Albert-Birot. Et de son côté, Max ajoutait que Grabinoulor « est à la fois gai, vivant, actuel..» et cent autres adjectifs.