Bernard Clavel
Né à Lons-le-Saunier en 1923, Bernard Clavel après son apprentissage de pâtissier, exerce divers métiers avant de commencer à écrire dans les années cinquante. Il publie son premier roman, Vorgine, en 1957, il devient journaliste. En 1968, le Grand Prix littéraire de la ville de Paris pour son œuvre et le Prix Concourt pour les Fruits de l’hiver l’imposent au grand public. En 1971, il est élu à l’Académie Concourt et en 1976 il s’en retire, des troubles oculaires l’empêchant de lire les romans en lice pour le prix. Son œuvre, à l’évidence, n’est pas de celles où se joue la littérature. Mais de tous les écrivains populaires, Clavel est sans doute le plus authentique. Celui qui ne triche pas. Celui qui à travers dés récits simples, directs, enracinés dans la réalité contemporaine ou dans l’histoire arrive à dire des choses essentielles sur la fraternité, la justice, la guerre. Il dit la peine des hommes {le Tambour du bief}, l’apprentissage du travail et de la vie {la Grande Patience}, les drames que provoque le progrès {le Seigneur du fleuve}, la redécouverte de la nature et l’attachement au terroir {Qui m’emporte, le Seigneur du fleuve, le Silence des armes}, les drames de la guerre {la Grande Patience, la Saison des loups} et le problème de la torture {le Silence des armes}, Clavel soulignant que les combats, la violence ne tuent pas seulement, mais qu’ils détruisent les hommes à l’intérieur. Sans doute il est facile de reprocher à Clavel le classicisme, voire la banalité de ses sujets, ses bons sentiments ou son écriture plus soucieuse d’efficacité que d’élégance. Mais c’est oublier que ce conteur qui vise d’abord à toucher (et pour lui toucher, c’est toucher juste, inviter le lecteur à comprendre l’humain) a des moments lyriques dans le Seigneur du fleuve ou le Silence des armes, et qu’il parle de ce qu’il connaît sans coquetterie de style, sans référence à un réalisme conventionnel. Ecrivain prolétarien, il ne donne pas dans les écueils du naturalisme, il n’est pas comme d’autres, qui refont platement du Zola, un fabricant de tranches de vie. Conteur, il est de plain-pied avec ses personnages, ses histoires, et sa voix échappant aux mauvais pièges de la littérature, demeure naturelle. Pour cela, elle est écoutée.*
* Littérature prolétarienne.
► Principaux titres
Romans : Vorgine, André Bonne, 1957 ; Qui m'emporte, Laffont, 1958 ; l'Espagnol, Laffont, 1959 ; Malataverne, Laffont, 1960 ; le Voyage du père, Laffont, 1965 ; l'Hercule sur la place, Laffont, 1966 ; la Grande Patience: 1) la Maison des autres, 1962 ; 2) Celui qui voulait voir la mer, 1963 ; le Cœur des vivants, 1964 ; les fruits de l'hiver, 1968 , Laffont ; le Tambour du bief, Laffont, 1970 ; le Seigneur du fleuve, Laffont, 1972 ; le Silence des armes, Laffont, 1974 ; la Saison des loups, Laffont, 1976 ; la Lumière du lac, Laffont, 1977. Nouvelles : l'Espion aux yeux verts, Laffont, 1970.
Essais : Paul Gauguin, éditions du Sud-Est, 1958 ; le Massacre des Innocents, Laffont, 1970.
CLAVEL Bernard Romancier, né à Lons-le-Saunier. Compagnon pâtissier à quatorze ans, Clavel est venu à la littérature par le journalisme ; « apprentissage » encore (dira-t-il), pour qui n’a pu parcourir le célèbre « cycle des études secondaires ». Son premier roman, en 1957, chez un de ces éditeurs dits confidentiels, attire l’attention d’un autre, bien connu celui-là ; à qui il restera fidèle, malgré de nombreux « prix » (dont le Concourt en 1968, pour Les Fruits de l’hiver) et l’entrée à l’académie du même nom en 1971. Écrivain de plein vent (et de souffle puissant). Trois cycles romanesques: La Grande Patience (1962-1968), Les Colonnes du ciel (1976-1981) et Le Royaume du Nord (1983-1987); il chante d’une même voix chaleureuse la longue peine des hommes ou la majesté de la nature. En particulier le fleuve : Les Pirates du Rhône (1957), Le Seigneur du fleuve, où il songe mélancoliquement à la batellerie d’autrefois par halage (1972); les forêts : Arbres (1981). Sans parler de ce poème sur un « matériau » qu’il aime : Célébration du bois (1962).