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BERLIOZ (HECTOR)

Compositeur français né à La Côte-Saint-André (Isère) en 1803, mort à Paris en 1869. Son père le destinant à la médecine, il ne reçut pratiquement aucun enseignement musical durant toute sa jeunesse, et entra au conservatoire de Paris en 1821. En 1830, la Symphonie fantastique fut un triomphe, et il obtint le grand prix de Rome et une invitation pour deux ans à la Villa Médicis. De retour à Paris, il épousa son égérie, l'actrice H. Smithson (1833) et devint chroniqueur musical pour le Journal des débats. Parurent alors la symphonie Harold en Italie (1834), son Requiem, dont le succès fût unanime (1837), et l'opéra Benvenuto Cellini (1838) qui, lui, se solda par un échec. Puis ce fut la symphonie dramatique Roméo et Juliette, triomphalement accueillie (1839). En 1840, pour le dixième anniversaire de la révolution de Juillet, il obtint la commande d'une Symphonie funèbre et triomphale. Vinrent ensuite les années de voyages (1842-1848), tournées prestigieuses à travers l'Europe au long desquelles il bénéficia du soutien des plus grands musiciens. Entre-temps, il avait donné la Damnation de Faust (1846) dont l'insuccès l'obligea à s'endetter. Chef d'orchestre à Londres (1847-1848,) il revint en France au moment de la révolution et composa des oeuvres diversement accueillies, dont un Te Deum (1949) pour l'élection de Louis-Napoléon? Il a rédigé un Traité d'instrumentation et d'orchestration (1844), domaine dans lequel il était passé maître.

BERLIOZ Hector. Musicien français. Né à La Côte-Saint-André (Isère), le 11 décembre 1803, mort le 8 mars 1869 à Paris. Après de médiocres études à Grenoble, au cours desquelles il montra, mais sans éclat, de l’inclination pour la poésie et la musique, il fut envoyé a Paris pour y faire sa médecine. C’est alors que la vie de théâtre et de concerts fit naître en lui une vocation musicale. Mais, attiré par un art d’expression tragique et passionnée, il n’avait que dégoût pour les frivolités de l’opéra-comique et la pompeuse rhétorique de l’opéra. Il trouva dans le sévère Lesueur un maître qui sut le comprendre et l’initia tardivement à la musique, d’abord en particulier, puis dans sa classe de composition au Conservatoire. Son père insistait, cependant, pour qu’il continuât ses études médicales et mit plusieurs fois à exécution sa menace de suspendre la rente qu’il lui versait chaque mois. Berlioz n’en fréquentait pas moins les milieux littéraires romantiques où il était particulièrement lié à Vigny, Hugo, Lamartine, Alexandre Dumas, Balzac. Le théâtre de Shakespeare, qu’une compagnie anglaise fit triompher en septembre 1827 a l’Odéon, fut pour lui une révélation. Avec une propension bien romantique à confondre l’art et la vie, il s’éprit d’Ophélie et de Juliette, puis de l’actrice qui en tenait les rôles, Harriett Smithson, et cette dernière se montra tout d’abord insensible à ses supplications. Nouvelle crise d’enthousiasme, lorsque Berlioz entendit exécuter les Symphonies de Beethoven au Conservatoire sous la direction de Habeneck, puis, quelque temps après, le Freischütz de Weber. C’est sous l’influence de ces œuvres qu’il composa, au cours de l’été 1828, pendant un séjour dans la maison paternelle, Huit scènes pour le Faust de Goethe, qui contiennent en germe la future Damnation de Faust. De retour à Paris, il tenta de nouveau, mais en vain, de fléchir Harriett Smithson; il résolut alors de transposer l’histoire romantique de son amour déçu dans une grande œuvre symphonique : la Symphonie fantastique qui, exécutée le 5 décembre 1830, déchaîna l’enthousiasme. Entre-temps, l’artiste, qui avait plusieurs fois concouru en vain pour le Prix de Rome, s’installa à la villa Médicis, mais il fut moins séduit par la musique italienne que par les paysages et les coutumes populaires. Un nouvel amour pour la pianiste Camilla Moke l’attira bientôt à Paris. En 1832, alors qu’il eût dû séjourner encore un an à Rome, il revint d’Italie, ayant achevé les ouvertures du Roi Lear et de Rob Roy et Lélio ou le retour à la vie, suite de la Symphonie fantastique. Il trouva Camilla Moke mariée à Ignace Pleyel. En revanche, Harriett Smithson se montrait enfin favorable. Il l’épousa, le 3 octobre 1833 et, pour vivre, fit de la critique musicale, d’abord dans des journaux de second ordre, puis au Journal des Débats. Les articles publiés depuis par Berlioz ont été recueillis dans le volume A travers chants . Il préparait cependant une grande œuvre symphonique et descriptive, Harold en Italie, exécutée le 23 novembre 1834 devant un public choisi d’écrivains et d’artistes romantiques. L’exagération des moyens sonores déjà sensible dans Harold est encore plus manifeste dans la Grand-Messe des Morts — Requiem — à la mémoire des victimes des journées de Juillet, exécutée lors d’une cérémonie patriotique, le 5 décembre 1837. L’œuvre exige cinq orchestres, avec huit paires de timbales et un chœur en proportion. Mais Berlioz songeait au théâtre, unique moyen, pensait-il, de remporter à Paris un succès durable. Cependant le 10 septembre 1838, Benvenuto Cellini tomba irrémédiablement. C’est seulement six ans plus tard que furent applaudis quelques morceaux d orchestre tirés de cet opéra sous le titre de Carnaval romain, et les difficultés financières de Berlioz ne furent que momentanément surmontées grâce au fastueux don de 20 000 francs que Paganini lui avait fait parvenir après avoir dirigé un concert de ses œuvres (16 décembre 1838). Après Roméo et Juliette, symphonie avec chœurs et solistes, tirée du drame shakespearien, Berlioz donna une œuvre nouvelle dans le genre monumental, avec la Symphonie funèbre et triomphale — v. Symphonies — à l’occasion d’une cérémonie officielle : le gouvernement la lui avait commandée, en effet, pour le 10e anniversaire de la Révolution de juillet. Mais la vie à Paris lui devenait chaque jour plus difficile, malgré sa nomination au poste de bibliothécaire du Conservatoire, qu’il avait tant méprisé comme la citadelle du classicisme bourgeois. Quant à sa vie de famille, elle était navrante : Harriett Smithson, vieillie, querelleuse et s’adonnant à la boisson, se révélait bien différente de la céleste Juliette et de l’Ophélie qu’il avait connue quinze ans plus tôt. Au début de décembre 1840, Berlioz fit une véritable fugue avec la cantatrice Maria Recio qui l’accompagna dans une tournée musicale en Allemagne. Fraternellement protégé par Mendelssohn et Schumann, il connut alternativement des hauts et des bas, les succès les plus grisants et l’incompréhension la plus décourageante. De retour à Paris, il reprit son feuilleton au Journal des Débats et publia le Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes qui, du point de vue critique, est une œuvre magistrale. Ce furent ensuite de nouveaux succès, au cours d’un voyage à Vienne, Prague et Budapest. Puis Berlioz met la dernière main à l’oratorio La Damnation de Faust qu’il transformera plus tard en opéra. Ruine pour l’avoir fait représenter à ses frais à l’Opéra-Comique, le 6 et le 20 décembre 1846, il dut se résoudre à une nouvelle tournée de concerts en Russie (1847). Là, comme en Hongrie et en Bohême, la musique de Berlioz souleva chez les jeunes artistes un enthousiasme délirant. Fêté comme l’apôtre d’un art nouveau, il allait devenir, ainsi que Liszt, le père spirituel des écoles nationales russe et tchèque. En 1847 et 1852, l’artiste dut se rendre à Londres pour renflouer ses finances qu’avaient mises a mal les exigences dévorantes de Harriett Smithson et Maria Recio. Liszt vint généreusement à son secours en organisant une « semaine Berlioz » à Weimar. A la mort de Harriett Smithson (1854), Berlioz épouse Maria Recio et, semble-t-il, éprouve quelque relâche. Il écrit alors l’oratorio l’Enfance du Christ (1854) dont l’humble et affectueuse simplicité contraste avec le caractère tumultueux de ses autres compositions. Sa dernière œuvre : le cycle d’opéras Les Troyens (1853-1863) reflète une parfaite maîtrise de son génie. Inspirée de L’Enéide, elle se déroule en deux soirées (La prise de Troie et Les Troyens à Carthage). Berlioz l’a conçue un peu comme une réplique latine et méditerranéenne à la sombre mythologie nordique de L’anneau des Nibelungen. De ces opéras, Berlioz ne vit représenter que le second (1863). L’autre ne fut mis en scène qu’en 1899. Tous deux attendent encore d’être mis au rang qu’ils méritent. Maria Recio mourut en 1862 et le musicien passa ses dernières années dans une amère solitude. En 1856, il fut finalement élu à l’Académie, alors qu’il n’y tenait plus. Il voyagea de nouveau en Autriche, en Allemagne et en Russie (1868), fêté comme un maître par les musiciens du groupe des Cinq. ♦ « Beethoven disparu, il n ’y avait plus que Berlioz qui pouvait le faire revivre. » Paganini. ♦ « Il se persuada que la musique doit avoir un sujet, un programme, et que le triomphe de Part est d’exprimer ce programme par des effets pittoresques... Tout l’œuvre de Berlioz est le produit de sa volonté pour la réalisation de cette idée. » F. J. Fétis. ♦ « Il faut voir Berlioz conduire son orchestre pour comprendre combien l’artiste créateur peut se transfigurer lui-même et imposer son âme à ce qui l’entoure. » Th. de Banville. ♦ « Du point de vue de la technique, le droit de Berlioz à l’immortalité est basé sur le fait qu’il est un coloriste brillant et audacieux. » W. H. Husk. ♦ « Son mérite le plus grand et le plus durable est d’avoir enrichi la palette orchestrale de nouveaux effets, d’avoir insufflé une vie nouvelle à l’art de l’orchestration, tant par ses œuvres que par son Grand traité d’instrumentation et d’orchestration modernes. » H. Riemann.

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