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Bergson: les deux types de religions

On peut distinguer deux type de religions, celles que Bergson dans son étude classique Les Deux Sources de la morale et de la religion nomme la « religion dynamique » et la « religion statique ».

La religion dynamique

C’est le sentiment religieux personnel dont le type achevé est le mysticisme, et qui, selon Bergson, puiserait son principe dans l'« élan vital ». Cette forme supérieure de la religion qu’est la mystique serait « une prise de contact, et par conséquent une coïncidence partielle, avec l’effort créateur que manifeste la vie. Cet effort est de Dieu, si ce n’est Dieu lui-même. Le grand mystique serait une individualité qui franchirait les limites assignées à l’espèce par sa matérialité, qui continuerait et prolongerait ainsi l’action divine » (Les Deux Sources de la morale et de la religion, PUF, p. 233). Cette modalité rare et éminemment personnelle de la religion n’a évidemment pas, en tant que telle, de fonction sociale.

La religion statique

C’est la religion constituée, qui a, elle, une fonction essentiellement sociale et pratique. Elle est « ce qui doit combler, chez des êtres doués de réflexion, un déficit éventuel de l’attachement à la vie» (ibid., p. 223); elle est «une réaction défensive de la nature contre le pouvoir dissolvant de l’intelligence » (ibid., p. 127). À travers l’ordre qu’elle inspire grâce à ces «fabulations» que constituent les mythologies, et qu’elle installe et maintient grâce aux rites, et les cérémonies qui constituent des « exercices continuellement répétés» destinés à susciter et à consolider par leurs automatismes mêmes les croyances religieuses, la religion statique aurait essentiellement pour fonction de fournir une triple assurance.

D’abord, une «assurance contre la désorganisation » : les interdits, les tabous qu’elle impose servent des intérêts de la communauté sociale ; « irrationnel au point de vue de l’individu, puisqu’il arrêtait net des actes intelligents, [le tabou] était rationnel en tant qu’avantageux à la société et à l’espèce » (ibid., p. 133).

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