bergeries
bergeries
Poésies pastorales, romans précieux, récits et pièces de théâtre des XVIIe et XVIIIe siècles où l’on conte les amours des bergers et des bergères.
Commentaire
Très en vogue à l’époque classique et au siècle des Lumières, les bergeries plongent leurs racines dans les romans alexandrins latins et grecs comme Daphnis et Chloé de Longus. Ainsi, Racan (1589-1670), dans les Bergeries (1625), célèbre le culte de la nature et le goût de la vie campagnarde avec une spontanéité, une ingénuité et une fraîcheur inconnues jusqu’alors. Il se rapproche des précieux dont l'inclination est grande pour le genre pastoral. L'Astrée (1607-1624), d’Honoré d’Urfé, développe en effet des thèmes similaires, tout en marquant un intérêt original pour la psychologie. Le genre cependant sombre peu à peu dans une convention glaciale : étranger à l’art qui l’a fait naître, il s’encombre des clichés les plus mièvres et les plus ridicules, devenant le simple reflet des coteries de salon, en même temps qu’il constitue un objet privilégié de moqueries des esprits novateurs ou puristes.
Citations
Voici une troupe de brebis qui est à l’ombre, voyez comme les unes ruminent lâchement et les autres tiennent le nez en terre pour en tirer la fraîcheur : c’est le troupeau de Damon, que vous verrez si vous tournez la vue en ça dans l’eau jusqu’à la ceinture. Considérez comme ces jeunes arbres courbés le couvrent des rayons du soleil, et semblent presque être joyeux qu’autre qu’eux ne le voient. (Honoré d’Urfé, l'Astrée, partie I, livre XI.)
Maître de musique. — Voulez-vous voir nos deux affaires ! Monsieur Jourdain. — Oui.
Maître de musique. — Je vous l'ai déjà dit, c’est un petit essai que j’ai fait autrefois des diverses passions que peut exprimer la musique.
Monsieur Jourdain. — Fort bien.
Maître de musique. — Allons, avancez. Il faut vous figurer qu’ils sont habillés en bergers.
Monsieur Jourdain. — Pourquoi toujours des bergers ! On ne voit que cela partout.
Maître de musique. — Lorsqu’il y a des personnes à faire parler en musique, il faut bien que, pour la vraisemblance, on donne dans la bergerie. Le chant a été de tout temps affecté aux bergers ; et il n’est guère naturel en dialogue que des princes et des bourgeois chantent leurs passions.
(Molière, le Bourgeois gentilhomme, acte I, sc. 2.)
Peignez donc, j’y consens, les héros amoureux,
Mais ne m’en formez pas des bergers doucereux.
(Boileau, Art poétique, chant III.)