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BECQUE Henry

BECQUE Henry
1837-1899
Auteur dramatique, né à Paris. Parmi tant de « redécouvertes », nul n’a songé à ses Corbeaux (1882) et autres « tranches de vie ». Seule la Comédie-Française consent encore à exhumer La Parisienne (1885), chef-d’œuvre de ce qu’on appela naguère la comédie rosse. La scène d’entrée, en particulier, comporte l’un des plus sûrs « effets scéniques » du répertoire : un honnête bourgeois d’un certain âge est surpris, dès le lever du rideau, au plus fort d’une dispute (Rouvrez ce secrétaire, et montrez-moi cette lettre!) ; scène de jalousie qui descend très vite au niveau d’une sordide scène de ménage, quand soudain l’on frappe à la porte. Et la jeune femme de s’écrier : Ciel, mon mari!


BECQUE Henry François. Auteur dramatique français. Né et mort à Paris (28 avril 1837-12 avril 1899). D’une famille modeste, il fit de médiocres études et dut très jeune se mettre en quête d’un gagne-pain. Employé d’abord dans les bureaux des Chemins de Fer du Nord (1854), il passa ensuite à la Chancellerie de la Légion d'honneur (1855), pour se faire enfin commis d’agent de change (1856). Après son service militaire, il éprouva un besoin de liberté, et vécut de peu en donnant des leçons particulières. Vers sa trentième année (en 1867), il débuta au théâtre avec un livret d’opéra, Sardanapale, mis en musique par Victorin de Joncières, son compagnon de bohème. L’année suivante (1868), Becque fit représenter L’Enfant Prodigue, vaudeville assez ordinaire, et deux ans plus tard Michel Pauper (1870), drame en cinq actes plutôt diffus et plein de préoccupations sociales. Après avoir servi pendant la guerre de 70, il revint au théâtre en donnant un drame en trois actes intitulé L’Enlèvement. Il essuya un tel échec que, doutant de sa vocation, il se garda de présenter toute pièce nouvelle, et jugea celles des autres : de 1872 à 1878, il devint chroniqueur dramatique au journal Le Peuple. Revenu enfin au théâtre en qualité d’auteur, il fit jouer, en 1878, une comédie en un acte, La Navette, où sa maîtrise s’affirme avec éclat, et deux ans plus tard un autre acte tout aussi réussi : Les Honnêtes femmes (1880). Désormais sûr de lui, Becque fit jouer au Théâtre-Français la pièce qui est tenue pour son chef-d’œuvre, Les Corbeaux (1882), et enfin La Parisienne (1885). Il voulut ensuite écrire quelque grande comédie sur le monde de la finance : Les Polichinelles. Faute d’avoir la plume facile, et victime de ses scrupules, il y travailla pendant quatorze années sans pouvoir jamais l’achever. De son manuscrit, Henry de Noussanne a tiré une pièce en quatre actes, s’efforçant de conserver le style de l’original. Il serait injuste de ne voir en Henry Becque que le père de ce théâtre noir (« la comédie rosse ») d’où devait sortir bientôt le Théâtre Libre. Il demeure, au vrai, le restaurateur de la grande comédie réaliste du XIXe siècle. Son mérite le plus éclatant est, en effet, d’avoir porté un coup fatal à toute la convention incarnée par Scribe, Sardou et Dumas fils. « Nos prédécesseurs, dit Becque, n’étaient que des moralistes : nous, nous sommes des observateurs. » D’un pessimisme continu, il n’avait toutefois rien d’un révolté. Soutenu par un grand talent d’écrivain, il détestait les ornements et l’imbroglio. Grâce à sa cruelle concision, il donnait un relief admirable à ses figures. Outre son théâtre, Becque nous a laissé trois volumes d’études : Querelles littéraires , Souvenirs d’un auteur dramatique. et Etudes sur l’art dramatique (1926). Il convient d’y ajouter ses Sonnets mélancoliques (1887) et, enfin, sa Correspondance (posth., 1926), qui forme le tome VII de ses Œuvres complètes. ♦ « Malgré son génie, Becque ne trouva jamais de quoi vivre au théâtre... Même jouées, ses pièces ne rapportaient guère... Elles choquaient les goûts du public d'alors, son amour pour le théâtre factice, sa haine de la vérité. » Fernand Vandérem. ♦ « C'est grâce à sa sévérité, à sa défiance envers lui-même, c'est pour n'avoir rien emprunté mais tout créé de son propre fonds, littérairement (lui dont on veut faire un réaliste), que Becque est un inventeur original, et qu'il a placé dans son œuvre des personnages essentiellement vrais, qui n'existaient nulle part que là, et ne cesseront pas d'y exister. » Jacques Copeau.