BAYLE (Pierre)
BAYLE (Pierre). Critique et philosophe français (1647-1706). Calviniste, il émigra à Genève, puis enseigna à Rotterdam. Il séparait la morale et la religion, et devint rationaliste en matière religieuse, ce qui finit par lui aliéner certains de ses amis protestants. Dans son volumineux Dictionnaire historique et critique (quatre volumes, 1695-1697), il critiqua les dogmes, les traditions, fit l'apologie de la tolérance. Il inaugurait ainsi la critique philosophique du XVIIIe siècle.
BAYLE (Pierre), écrivain, érudit, critique et philosophe français (Le Caria 1647-Rotterdam 1706). Il fut professeur de philosophie jusqu'en 1681, à Sedan, où il compose la Lettre sur la comète, puis à Rotterdam, où il écrit les Nouvelles de la république des Lettres (1684-1687). Son œuvre, qui s'exprime dans le Dictionnaire historique et critique (1696-1697), reste surtout celle d'un philosophe de l'histoire, où son esprit critique, héritier de Montaigne, renouvelle tous les problèmes de morale, d'exégèse et de théologie. Écrivain du siècle de Louis XIV, il annonce l'esprit encyclopédique; il s'est attaqué à tout, au dogme, à l'autorité, à l'esprit totalitaire des systèmes rationalistes, et sa pensée reste une philosophie de la tolérance.
BAYLE Pierre
1647-1706 Philosophe, né dans le comté de Foix. De famille protestante, il se convertit au catholicisme à l’âge de vingt-deux ans, abjure l’année suivante ; il va revenir au calvinisme bientôt, ce qui l’oblige à fuir à Genève où il découvre l’œuvre de Descartes. Il est à plusieurs reprises professeur de philosophie et d’histoire ; d’abord, à l’Académie protestante de Sedan, puis, surtout, à Rotterdam. En 1682, dans ses Pensées diverses sur la comète de 1680, il pose que les comètes ne sont le présage d’aucun malheur. De 1684 à 1687, il rédige seul un périodique, Nouvelles de la république des lettres, et plusieurs avis, lettres et commentaires, où il s’en prend tour à tour au fanatisme catholique et au fanatisme protestant : s’il existe, dit-il, une vérité absolue, il ne peut en exister deux. Admirable astuce dialectique, car en laissant suspecter que l’une au moins de ces deux vérités absolues qui s’affrontent est dans l’erreur, il insinue la méfiance vis-à-vis de toute vérité qui se dira absolue. L’homme, dit-il (et notons qu’il le dit au lendemain de la révocation de l’édit de Nantes), a le droit de se tromper, c’est-à-dire que son erreur ne mérite pas la mort ; telle est la signification de la formule de Bayle la plus souvent citée : les droits de la conscience errante. Le célèbre Dictionnaire historique et critique (1697) va faire appel à la même méthode : comparaison de textes, c’est-à-dire en fait confrontation d’idées contraires. Mais si son but est de ruiner l’esprit d’intolérance, soulignons pourtant qu’une telle méthode dite critique n’est en aucune façon négative. Ce sage ne songe qu’à limiter le génocide, ou plutôt (car « toutes les guerres sont civiles », comme l’affirme, au même moment, Fénelon) l’auto-génocide de ces communautés religieuses rivales qui dans l’Europe de son temps continuent à s’entre-détruire au nom de leurs croyances.
BAYLE Pierre. Célèbre critique et philosophe français né au Carlat (dans le comté de Foix; actuellement : Ariège) le 18 novembre 1647, mort à Rotterdam le 28 décembre 1706. On peut dire qu’il vécut toute sa vie pour découvrir la vérité. Enfant précoce et assez maladif, il n’eut d’abord d’autre maître que son père, lequel était ministre de l’Eglise protestante. Ayant appris de bonne heure le grec et le latin, il fut placé à neuf ans au collège de Puylaurens et, plus tard, chez les Jésuites de Toulouse où il fit sa philosophie. Là, son inquiétude religieuse le poussa à se convertir au catholicisme, mais son zèle se refroidit, et il retourna à la foi protestante. Il se rendit alors à Genève, où u fut chargé de l’instruction des fils d’un syndic de la République. Rentré en France, il trouva à Rouen une place de précepteur, séjourna quelque temps à Paris et se fixa enfin à Sedan : il venait, en effet, d’obtenir la chaire de philosophie à l’Académie protestante. Là, il se lia avec le célèbre Jurieu. En 1681, l’Académie fut supprimée : Bayle se vit aussitôt appelé à Rotterdam, pour y occuper une chaire de philosophie. L’année suivante (1682), il publia son premier ouvrage important : Pensées sur la comète. Sans crier gare, Bayle s’élève contre les préjugés qui attribuent aux comètes quelque influence sur les événements de la terre. Passant en revue tous les excès commis par la superstition, il en conclut que l’athéisme, dans ses effets, se montre souvent moins funeste que l’idolâtrie. Un tollé général s’éleva contre Bayle. Les esprits s’échauffèrent plus encore quand, peu après, il fit paraître sa Critique de l’histoire du Calvinisme du P. Mainbourg, où les adversaires de la Réforme étaient durement malmenés. Il s’ensuivit que les Jésuites obtinrent du roi un ordre pour faire brûler le livre de la main du bourreau. Bayle répliqua en publiant la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand (1685). Outre ces ouvrages inspirés par les événements, Bayle rêvait depuis longtemps de fonder une revue pour faire concurrence au Journal des Savants dont le patron était Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris. Il l’intitula les Nouvelles de la République des Lettres; le premier numéro parut en mars 1684 et le dernier en février 1687. Bayle y analysait les ouvrages scientifiques, y donnait la biographie des grands écrivains disparus, le tout mêlé de curieuses digressions. Ayant, d’autre part, la passion de la tolérance, il était souvent blessé de la conduite qu’il voyait tenir aux protestants, au milieu desquels il vivait. Grand liseur, habitué à confronter toutes les opinions, il considère qu’il est absurde de prétendre posséder toute la vérité et de l’imposer aux autres par la violence. C’est pourquoi il entreprit de formuler les principes généraux de la tolérance, dans un ouvrage qui s’élèverait au-dessus des querelles de secte et de doctrine, ouvrage en quatre volumes, que Bayle donnait comme traduit de l’anglais et imprimé à Cantorbéry : Commentaire philosophique sur les paroles de Jésus-Christ : « Contrain-les (sic) d’entrer » (1686-1688). Il demande que chacun soit libre de professer la religion qu’il croit vraie. Si naturelle que cette idée nous paraisse aujourd’hui, elle suscita les pires colères chez les protestants eux-mêmes. Bayle dut essuyer les coups de son vieil ami Jurieu. Par les magistrats d’Amsterdam il se vit, en fin de compte, privé de sa chaire de philosophie. Mais il ne s’émut pas trop de cette mesure. Ayant toujours vécu de peu, il crut pouvoir se suffire avec le travail de sa plume. C’est alors qu’il commença l’oeuvre que le temps avait mûrie : son Dictionnaire historique et critique (1695-1697), oeuvre qui fut vraiment le couronnement de sa carrière. Elle obtint, comme on sait, un énorme succès (au moins dix éditions avant 1760). Elle avait été entreprise avant tout pour combler les lacunes des dictionnaires antérieurs. Bayle, en effet, se donne mission de tout remettre en question. Sa prodigieuse érudition lui permet de passer en revue tous les problèmes de morale, de théologie et d’exégèse; de canaliser, en quelque sorte, toute la libre pensée des siècles précédents. A cet égard, son Dictionnaire est un trésor de renseignements. En outre, Bayle y fait œuvre de critique littéraire à la manière de Sainte-Beuve : nul dogmatisme, rien que le jeu de la curiosité la plus avide. N’acceptant que ce qui est fondé sur un fait indubitable, il applique à toute chose l’esprit historique. C’est à juste titre qu’on le considère comme un précurseur de la critique moderne. Mais son style diffus, sa passion du détail et, parfois, son goût pour l’inconvenance, semblent appartenir bien plus à la Renaissance qu’à son propre siècle. Travailleur infatigable malgré sa mauvaise santé, Bayle mourut la plume à la main. On peut dire qu’il fut toute sa vie un apôtre de la tolérance et de la liberté de pensée.
♦ C’est par son excellente manière de raisonner qu’il est surtout recommandable, non par sa manière d’écrire, trop souvent diffuse, lâche, incorrecte, et d’une familiarité qui tombe quelquefois dans la bassesse. » Voltaire. ♦ « Bayle possédait l’instinct, la vocation critique dans le sens où nous la définissons. Ce génie, dans son idéal complet (et Bayle réalise cet idéal plus qu’aucun autre écrivain), est au revers du génie créateur et poétique, du génie philosophique avec système, il prend tout en considération, fait tout valoir, et se laisse d’abord aller, sauf à revenir bientôt. » Sainte-Beuve. ♦ Bayle aimait-il Dieu ? Aimait-il le diable ? Peut-être les a-t-il aimés tous les deux, l’un par rapport à l’autre, l’un par opposition à l’autre, il recherche les contradictions et la lutte. Son goût le porte à la grande farce. Il aime à voir les choses s’embrouiller. Il n’est parfaitement chez lui que dans l’absurde. C’est sa demeure. D’ailleurs il y est bien à l’abri, sachant toujours, quoi qu’il arrive, voir les choses en avant,.. Bayle est un Faust sans âme ou un Faust dont l’âme tout au moins ne se trouve pas engagée dans le pacte qu’il conclura avec le diable. » Bernard Grœthuysen.
Bayle, Pierre (Le Caria, comté de Foix, 1647-Rotterdam 1706); publiciste français de la fin du xviie siècle.
B. appartient à une famille protestante. Il fait ses études au collège de Puylaurens, puis à Toulouse. En 1669, il abjure le protestantisme et tente de convertir les siens au catholicisme. Mais dix-huit mois plus tard, il revient au calvinisme et doit s’enfuir à Genève pour éviter les sanctions très sévères prévues dans le royaume contre les relaps. Pendant plusieurs années (1670-1675), il est précepteur dans des maisons de notables, à Genève d’abord, à Rouen ensuite, enfin à Paris. Après un concours, il est nommé à la chaire de philosophie de l'Académie protestante de Sedan (1675). Il entre, en 1677, dans la polémique suscitée par le procès de sorcellerie intenté au duc de Luxembourg, et livre ses réflexions critiques lors de l’émoi provoqué par l’apparition d’une comète en 1680. Louis XIV supprime cette année-là T Académie protestante de Sedan et B. s’installe à Rotterdam. Le père Maimbourg ayant publié une Histoire du calvinisme, B. en fait une Critique générale (1682) qui est condamnée en France. Il édite pendant plusieurs années (1684-1687) un périodique à l’usage du monde intellectuel, Les Nouvelles de la République des Lettres. Pendant la guerre dite de la ligue d’Augsbourg, B. écrit un pamphlet, l'Avis important aux réfugiés, qui suscite la colère de Jurieu. Celui-ci l’accuse d’être secrètement attaché à Louis XIV et de détester l’Angleterre et la Hollande. Malgré ses tentatives de défense, B. est déchu de sa chaire (1693). Il s’attaque alors à son oeuvre principale, le Dictionnaire historique et critique, dont la première édition paraît à Rotterdam en 1695 et qui est remanié en 1702. Attaqué par Jurieu et les théologiens calvinistes, B. meurt à Rotterdam en décembre 1706. Bibliographie : E. Labrousse, Pierre Bayle, La Haye, 1963, 2e éd. 1985, 2 vol.
Bayle (Pierre, 1647-1706.) Philosophe français. Fils d'un pasteur protestant, il se convertit au catholicisme en 1668, mais revient au calvinisme deux ans plus tard. Professeur de philosophie et d'histoire, il mène de 1684 à 1687 une activité de publiciste avec ses nouvelles de la république des lettres. ♦ Pessimiste sur le plan politique par méfiance à l'égard de tout contrat (qui ne peut produire selon lui qu'un équilibre trop fragile), Bayle affirme la nécessité d'un pouvoir puissant, qui ne soit que contrainte, la qualité de son exercice important moins que sa définition - mais dans le seul domaine qui est le sien, celui de la vie sociale. Le pouvoir du monarque n'a pas à se mêler de la conscience individuelle, et doit tenir compte de la conviction intime des sujets. Ainsi partisan de la liberté civile, Bayle apparaît comme un défenseur inconditionnel de la tolérance, notamment en matière de religion. Son œuvre la plus importante est sans doute son gigantesque Dictionnaire historique et critique (1695-1697, édition complétée en 1702) où il a rencontré au point une technique de commentaire qui exercera une certaine influence sur l'Encyclopédie: Bayle y adopte une conception rationaliste de la religion et y définitivement définitivement la libre pensée en critiquant toute autorité. Ces textes marquent une étape importante dans la critique historique. AUTRES œuvres : Pensées diverses sur la Comète de 1680 (1682).