BASTIDE François-Régis
BASTIDE François-Régis Romancier, né à Biarritz. L’essayiste étourdissant de Saint-Simon par lui-même (1953, Grand Prix de la Critique) entame le premier paragraphe de son livre en nous révélant point par point l’horoscope du duc ; et, aussitôt, redoute que cela ne fasse pas « sérieux ». De même, après avoir mis le point final à La Vie rêvée (1962), il nous promet (sur la « quatrième de couverture »), en guise de pendant : La Vie réelle. Aucun de ses pairs ne l’a cru sur parole : si la vie « rêvée » déroule à tout coup son tapis volant aux pieds de François-Régis Bastide, la réalité, elle, serait bien incapable de le mettre en un semblable état d’« exaltation » (au sens du latin chrétien; ou, en termes plus modernes, de l’arracher à notre planète ; de le faire décoller). Aussi bien le romancier n’est-il pas, dans son art, aussi heureux lorsque ses personnages traversent l’Histoire (contemporaine, en particulier). Là où, en revanche, il est à son affaire, et comme chez lui, c’est sur toutes les terres étrangères ; ou aux prises avec un héros « étrange à son pays lui-même », à son univers ; à son temps : dans Les Adieux (1956), où passent, seuls l’un et l’autre, dans un Paris qui les ignore, le prince Alexis Vassilievitch Stellovski et la bouleversante Choralita Brichs ; dans La Palmeraie aussi (1967), où un Français, nostalgique du Maroc, s’acharne à ressusciter l’esprit de ce décor (de ce « paradis perdu ») en Corse... Mais la clé du personnage E-R. Bastide, c’est dans la musique qu’on la trouvera, sans aucun doute. Chez les romantiques, surtout. Chez Robert Schumann, son dieu : comme lui, il a vécu (il a voyagé) « sur les ailes du chant ». Ses livres, d’ailleurs, bien souvent, rendent hommage - et dans leur titre même - à un compositeur qui l’a fasciné ; enchanté, dit-il : La Fantaisie du voyageur (1976, et, titre schubertien aussi, ce roman de jeunesse, La Jeune Fille et la Mort, 1950) ; de même dans ses ouvrages dramatiques : Le Troisième Concerto (Ravel, cette fois ; 1968), et (Schumann encore, la même année, sur le thème de la folie), La Forêt-Noire. Après tout, Les Adieux, même, n’étaient-ils pas un souvenir, transposé sur le mode dramatique, de la symphonie du même nom de Haydn, où tous les participants, l’un après l’autre, quittent l’orchestre, ne laissant, seuls, qu’un couple de violonistes?