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BAROQUE

BAROQUE : le portugais barroco désigne une perle de forme irrégulière. Ce substantif a été très utilisé de manière métaphorique (formant image) pour s'appliquer à un style architectural qui s'est développé du XVIe au XVIIIe siècle. Le baroque, en rivalité avec le style classique et régulier hérité des modèles dominants de l'Anti-quité, est un style fait d'inattendu, de rupture. Il préfère le courbe au rectiligne, le brisé au continu; il cultive l'exagération. De la classe des substantifs, le mot a gagné tout naturellement celle des adjectifs. On a dit «style baroque» comme on dit encore «style Renaissance», puis le_ mot a été senti comme adjectif et accordé : « des expressions baroques ». De l'architecture, le mot est passé dans d'autres champs sémantiques : celui des beaux-arts en général, de la musique en particulier, et aussi dans celui de la littérature. Sur le mot, on a créé le substantif baroquisme (école du baroque) à côté du nom baroque, toujours en usage.
BAROQUE nom. masc. et adj. - 1. Sens historique. Mouvement artistique et littéraire né dans l’Italie de la Contre-Réforme (1580) et dont le style orné, éclatant et sensuel s’est répandu dans l’ensemble de l’Europe au cours du XVIIe siècle, se heurtant à la rigueur du classicisme français.
2. Sens général. Par extension, d’une façon abusive et impropre, on a pris l’habitude d’appeler « baroque » toute œuvre ressentie comme bizarre, artificielle, se situant hors des normes et portant la marque d’une imagination débridée, au mépris de la ressemblance et du goût.
ETYM. : le mot baroque vient du portugais barroco qui désigne une « perle irrégulière ». Le mot a d’abord contenu l’idée d’« extravagance », de « bizarrerie » avant de désigner - seulement au début de ce siècle — une catégorie esthétique. On remarque que, comme pour « Renaissance » ou « Classicisme », le mot n’était pas employé par les contemporains du mouvement.
L’esthétique baroque a été la traduction artistique des directives du concile de Trente (1563) qui voulait garder à l’Église catholique son influence et son prestige par les manifestations extérieures du culte et la fascination des images. C’est pourquoi le baroque apparaîtra d’abord dans l’architecture et la sculpture italiennes avec les œuvres du Bernin (1598-1680) et de Borromini (1599-1667). La peinture baroque aura essentiellement une fonction ornementale et traitera les sujets religieux avec une sensualité et une séduction toutes mondaines. Par analogie avec les arts plastiques, les spécialistes se sont efforcés, sans vraiment y parvenir, de cerner le concept de « musique baroque ». D’une manière générale, la notion d’« irrégularité », présente dans l’étymologie, s’associe toujours à celle d’une expressivité extrême due à la prédominance de la sensibilité sur les critères rationnels et à la liberté de l’invention créatrice individuelle aux dépens des règles académiques. C’est en cela que le baroque s’oppose au classicisme. Les jésuites, principaux artisans de la Contre-Réforme, ayant été à l’origine de nombreuses constructions d’édifices religieux dans ce style - en Europe, mais aussi en Amérique du Sud -, on parle parfois à ce propos d’une architecture jésuite. Dans cette acception, le mot se réfère plus précisément à l’église du Gesù à Rome. Dans la littérature française, le baroque constitue une transition entre la fin de la Renaissance et les débuts de la doctrine classique. En poésie, ce passage s’incarne dans les œuvres d’Agrippa d’Aubigné, de Malherbe - d’abord poète baroque dans les Larmes de saint Pierre avant de proclamer la nécessité des règles. Au théâtre, c’est Corneille qui exprime le mieux le conflit entre les deux tendances antagonistes. L’Illusion comique (1636) réunit tous les caractères et tous les thèmes de l’esthétique baroque, mais la querelle du Cid (1637) s’achèvera sur le triomphe de l’esprit classique. On ne peut parler ni d’une école ni d’une doctrine baroque. Le baroque recouvre plutôt, au XVIIe siècle, d’une manière assez vague, une sensibilité et un climat. On aura parfois tendance à l’associer à différents courants qui manifesteront une résistance à l’hégémonie du classicisme : la préciosité, le maniérisme, le burlesque. Certains spécialistes ont vu dans le baroque l’expression historique d’une tendance permanente de la littérature et de l’art qui s’incarnera plus tard dans le romantisme. —> Classicisme - Contre-Réforme - Réforme — Jésuite

BAROQUE (Art). Nom donné à un style artistique né en Italie au début du XVIIe siècle à la faveur de la Contre-Réforme, et qui s’imposa en Europe et en Amérique latine aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’épithète de « baroque » (du mot portugais barroco) qui désignait à l’origine une perle de forme irrégulière, servit à qualifier à la fin du XVIIIe siècle, mais dans un sens péjoratif, le style, considéré comme bizarre et extravagant, qui succéda à celui de la Renaissance classique, modèle de l’équilibre et de l’harmonie. L’art baroque fut avant tout l’expression artistique de la Réforme catholique et chercha à éblouir et à frapper la sensibilité des croyants par des effets de mise en scène, de mouvement et de contraste lumineux. L’art baroque qui trouva sa première expression à Rome s’amenuisa au cours du XVIIIe siècle, disparaissant au profit du néo-classicisme. Il trouva ses dernières expressions dans les arts décoratifs de style rocaille (en France) et rococo. Les plus célèbres représentants de l’art baroque furent le Bernin, Borromini, le Caravage, Rubens, Vermeer, Poussin, Rembrandt et Vélasquez.



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