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BANDUNG (conférence de)

BANDUNG (conférence de) La conférence de Bandung (1955) fut convoquée à l’invitation de cinq pays strictement asiatiques : Inde, Indonésie, Pakistan, Ceylan (actuel Sri Lanka) et Birmanie. Parmi les vingt-quatre autres participants, on dénombrait dix autres pays de l’Asie de l’Est et du Sud : Afghanistan, Népal, Siam - actuelle Thaïlande -, Laos, Cambodge, les deux Vietnam, Chine, Japon, Philippines ; quatorze pays appartenant à l’aire arabo-musulmane : outre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Indonésie déjà cités, l’Égypte, le Soudan, l’Iran, la Turquie, l’Irak, la Syrie, la Jordanie, le Liban, la Libye, l’Arabie saoudite et le Yémen ; et, classés comme africains : outre l’Égypte et le Soudan déjà cités, l’Éthiopie qui ne fut jamais colonisée hormis l’occupation mussolinienne, le Libéria (république fondée par des Noirs américains affranchis, indépendante depuis 1847) et la Côte de l’Or (Gold Coast, actuel Ghana, qui sera indépendant en 1957 et où le leader Kwame Nkrumah jouait déjà un rôle considérable). Si les prémices des mouvements régionaux qui ont permis à la conférence de Bandung de se tenir remontent à plusieurs décennies et s’ancrent politiquement dans une revendication d’altérité culturelle, cette conférence n’en marque pas moins une étape majeure. Elle est généralement considérée comme le symbole de l’« émergence des peuples du tiers monde sur la scène internationale ». À vrai dire, l’histoire qui va suivre sera bien plutôt une affaire d’États. Intervenant en pleine Guerre froide, peu après la fin de la guerre de Corée (1953) et la défaite de l’armée française à Dien Bien Phu au Vietnam, la conférence de Bandung vise notamment à affirmer des principes de coexistence pacifique. L’heure est au débat sur le « non-engagement » et le neutralisme. Des contradictions opposent les pays qui, à l’instar de l’Inde, défendent le choix d’une indépendance - notamment militaire - à l’égard des blocs à ceux qui, comme le Pakistan, la Turquie ou l’Irak, justifient les alliances militaires qu’ils ont récemment passées (pacte de Bagdad, OTASE - Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est) dans le cadre de la politique de sécurité alors déployée par les États-Unis. Un compromis ambigu est finalement trouvé qui permet la rédaction d’une Charte de la coexistence pacifique, laquelle n’exclut pas totalement la possibilité pour les pays signataires de nouer des alliances militaires. D'autres contradictions se manifestent qui expriment la difficulté pour les participants de se « positionner » vis-à-vis des deux « grands ». Ainsi, certains d’entre eux (Ceylan, Pakistan) souhaitent ne pas limiter leur dénonciation du colonialisme aux seuls empires occidentaux, mais également mettre l’empire soviétique sur la sellette pour ce qui concerne « ses » républiques asiatiques. La conférence de Bandung adopte aussi une série de grands principes qui apparaissent rétrospectivement comme autant d’anticipations sur ce que seront dans le futur les préoccupations du mouvement, notamment en ce qui concerne la stabilisation du prix des matières premières, la nécessité d’assurer le développement économique, la condamnation des ségrégations raciales et du colonialisme « dans toutes ses manifestations » (y compris le néocolonialisme), le droit des peuples à l’autodétermination, le désarmement, etc.

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