badinage/marivaudage
badinage/marivaudage
Badinage : action de plaisanter avec enjouement et esprit.
Marivaudage : propos spirituels, raffinés et galants, propres au théâtre de Marivaux.
Commentaire
Le badinage s’applique à divers objets : il peut être jeu sur l’esprit lui-même, critique légère de la société, de la politique, ou encore développement d’un langage amoureux. En ce dernier sens, il se rapproche du marivaudage. De grands auteurs en ont expérimenté les délices : Marot, bien sûr, mais aussi Voltaire et Musset.
Citations
Imiter de Marot l’élégant badinage,
Et laissons le burlesque aux plaisants du Pont-Neuf.
(Boileau, Art poétique, I, 96.)
Il est classique, depuis Boileau, de définir Marot par son « élégant badinage ». Le mot est extrêmement juste. Tourner un compliment ou une épigramme, quémander ou remercier, causer ou conter, voilà son domaine : dans tout cela, Marot n’a pas son pareil. Cette âme légère, indifférente à la nature, à la mort, à l’amour même qui n’est pour elle qu’un joli passe-temps, a fait sa poésie avec ses idées et ses impressions, légères comme elle. (G. Lanson et P. Tuffrau, Manuel illustré d'histoire de la littérature française.)
Exemple
Lisette. — Mais que me demandez-vous ?
Arlequin. — Dites-moi un petit brin que vous m'aimez : tenez, je vous aime, moi ; faites l’écho ; répétez, princesse.
Lisette. — Quel insatiable ! Eh bien, Monsieur, je vous aime.
Arlequin. — Eh bien, Madame, je me meurs ; mon bonheur me confond, j'ai peur d'en courir les champs. Vous m’aimez, cela est admirable !
Lisette. — J’aurais lieu à mon tour d’être étonnée de la promptitude de votre hommage. Peut-être m’aimerez-vous moins quand nous nous connaîtrons mieux.
(Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, acte II, sc. 5.)
MARIVAUDAGE nom masc. - 1. Préciosité propre au théâtre de Marivaux.
2. Badinage amoureux dans le ton des pièces de Marivaux.
ÉTYM. : de Marivaux.
Le raffinement du langage dans le théâtre de Marivaux - le marivaudage au premier sens - se justifie par la volonté de peindre les nuances les plus subtiles de l’âme, et de rendre les mouvements les plus fins de la sensibilité. Il s’agit notamment de saisir le moment où l’amour naît sans oser encore s’avouer. D’où une hésitation que le style se doit de rendre en se calquant sur la complexité du sentiment décrit.
Au second sens, le mot désigne le jeu amoureux et galant auquel peuvent se livrer deux individus qui, avec raffinement, cherchent à se séduire.