AUTOCRATIE
AUTOCRATIE
Pouvoir (cratos en grec) d’un seul (auto en grec). L’autocratie doit être distinguée des monarchies (le terme étant linguistiquement identique par son sens) qui, tout en étant elles aussi liées à l’autorité d’un individu, sont en Europe occidentale insérées dans un cadre juridique. Au terme de leur histoire, les monarchies sont en effet devenues constitutionnelles au xviiie et au xixe siècle, puis au xxe siècle, les monarques vont apparaître comme des garants et des symboles de l’unité politique (comme dans l’Espagne d’après Franco). L’autocrate prétend, lui, que toute la souveraineté réside en sa personne. Le terme « autocrate » peut s’appliquer à tous les souverains qui ont la fois une certaine légitimité dans la tradition (contrairement au tyran) et qui refusent toute limitation de droit à leur pouvoir. La figure la plus typique en fut celle des tsars russes. Même ébranlé par la défaite face au Japon dans la guerre russo-japonaise de 1904-1905 (face à ce qui était encore une petite puissance), et par la mobilisation politique démocratique de la révolution de 1905, le tsar Nicolas II ne concède l’existence qu’à une assemblée (la Douma) dont le pouvoir de voter la loi et de contrôler l’exécutif est très limité. De plus, l’autocrate russe est aussi investi d’une autorité religieuse puisqu’il préside le Saint-Synode. En refusant de remettre en cause son caractère autocratique, le tsarisme se condamnait, mais il prédisposait la Russie à voir naître une forme de pouvoir, la dictature de parti unique, qui déniait elle aussi toute souveraineté au peuple. Celle-ci ne sera reconnue au peuple russe qu’avec la Constitution de 1993.