AUGUSTIN : UNE RÉALITÉ FAMILIÈRE ET MYSTÉRIEUSE
AUGUSTIN : UNE RÉALITÉ FAMILIÈRE ET MYSTÉRIEUSE
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Le temps est une réalité que nous connaissons bien parce que nous la vivons quotidiennement. Sa notion nous semble donc parfaitement claire. Pourtant, observe saint Augustin, cette clarté n'est qu'apparente, car dès que nous tentons de dire ce qu'est le temps, celui-ci devient aussitôt pour nous une énigme.
« Qu’est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l’expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l’idée qu’il s’en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons ; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler. Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé ; que si rien n’arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir ; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent. Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l’avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s’il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c’est qu'il tend à ne plus être. »
Saint Augustin, Confessions, XI, 14 (Amérique du Nord, 86)
ordre des idées
1) Un constat : nous savons et ne savons pas ce qu'est le temps. En effet :
— Nous “savons” spontanément ce qu’est le temps (c'est pour nous une chose familière). — Mais ce savoir recouvre une ignorance de la nature du temps (nous ne pouvons l'expliquer).
2) Les raisons de notre ignorance : les paradoxes du temps.
a) Le passé et le futur “sont” tout en n'étant plus (pour le passé) ou en n'étant pas encore (pour le futur). b) Le présent c'est ce qui est ; or si ce qui est est toujours il n'y a plus temps, mais éternité . c) Le temps en général pour être doit toujours « tendre à n'être plus ».
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