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atome / atomisme

atome (du grec a, privatif, et tem-nein, couper), le plus petit élément d'un corps, et, comme son nom l'indique, indivisible (du moins l'a-t-on cru jusqu'au début de ce siècle).

atomisme, doctrine philosophique selon laquelle la matière est formée d'atomes. — On attribue généralement la paternité de l'atomisme à Démocrite, pour qui le monde était formé d'atomes identiques; l'analyse des choses devait conduire, au-delà des formes artificielles, à la seule réalité véritable, qui est l'atome. Ensuite vinrent Epicure, puis Lucrèce, qui se firent une image biologique de l'atome comme "germe des choses" (semina rerum). Ces deux conceptions générales de l'atome (l'une mécaniste, l'autre vitaliste ou « dynamiste ») se retrouvent dans toutes les querelles de l'atomisme aux XVII'’ et XVIII" siècles : notamment dans celle qui opposa la théorie mécaniste de Descartes à celle de l'atome-force de Leibniz. Aujourd'hui, le problème de l'atomisme n'est plus du ressort de la philosophie, mais de la science (de la microphysique) : le problème de savoir si la matière est continue ou discontinue s'est trouvé dépassé avec l'apparition de la mécanique ondulatoire (Louis de Broglie), qui considère les atomes comme des points de concentration d'une énergie partout diffuse.

ATOME (n m., étymologie : insécable, indivisible, ; cf. individu). 1. — (Tradit.) Elément de matière indivisible (Démocrite, Epicure) et constituant toute réalité : les atomes de même forme sont indiscernables ; Syn. principes ou germes des choses. 2. — Constituant dernier et simple de la réalité, la monade. 3. — Par ext., tout être indivisible ou qui peut être considéré comme tel sous un certain aspect : l’atome pour la chimie est un élément inaltérable et invariant au cours des réactions chimiques. 4. — (Phys.) D’après le modèle de Bohr, un atome est un système composé d’un noyau, constitué par des protons et des neutrons, autour duquel gravitent des électrons ; un atome, au sens de la phys. atomique, n’est donc pas indivisible ; ce n’est pas la forme élémentaire de la réalité mais une certaine forme d’existence de la matière, spécifiée par des propriétés qu’on peut définir. 5. — Atomisme : (tradit.) doctrine qui soutient que le monde est constitué atomes au sens 1 (atomisme Ant.) ; (par extension) toute doctrine qui soutient l’existence atomes en un sens quelconque : toutefois, le mot est rarement employé sans une portée ontologique ; # phys. atomique ou atomistique. 6. — Atomisme psycho. : doctrine qui soutient que la pensée est constituée par des données élémentaires et indivisibles et par des associations de ces éléments ; en ce sens, l’atomisme est un associationnisme (Locke). 7. —Atomisme logique : doctrine qui soutient le principe d’atomicité (Wittgenstein). 8. —Atomicité (principe d’ —) : pour la logique moderne, une proposition atomique est composée soit d’un terme individuel et d’un prédicat, soit d’une relation et de termes individuels ; sous sa forme technique, le principe d’atomicité affirme que « toutes les propositions sont soit atomiques, soit moléculaires, soit des généralisations de propositions moléculaires ; ou du moins [...] un langage pour lequel ceci est vrai et dans lequel n'importe quel énoncé possède sa traduction, peut être construit » (Russell) ; Wittgenstein en soutient une forme plus ontologique, impliquant qu’existe un langage dans lequel chaque mot tient lieu de quelque réalité dépourvue de complexité.




ATOME, ATOMISME ♦ Les philosophes antiques (Démocrite, Epicure, Lucrèce) prennent le terme atome dans son sens originel pour désigner des particules insécables de matière qui, par combinaison, produisent l’ensemble des corps. Ces atomes sont invisibles en raison de leur petitesse. Cet atomisme primitif, qui rend compte dans l’épicurisme de tout ce qui peut exister, y compris l’âme et les dieux, a permis l’affirmation du premier système intégralement matérialiste. ♦ La physique moderne a progressivement élaboré une théorie atomique subtile : conçu à partir du XIXe siècle comme un noyau autour duquel gravitent des particules - dont Niels Bohr proposera en 1913 un modèle graphique -, l’atome devient de plus en plus abstrait, de moins en moins représentable, pour n’être plus, après les bouleversements introduits par la théorie de la relativité et les expériences de fission nucléaire, qu’un système d’équations. ♦ Par extension des sens précédents, on a utilisé le terme atome pour désigner des éléments invisibles et répétés en grand nombre (« atomes d’électricité » : électrons, « atomes d’énergie » : quanta, etc.). On peut de même nommer métaphoriquement « théorie atomique de la société » celle qui admet que les individus y prédominent sur l’ensemble. C’est en outre de façon polémique que les adversaires (Boutroux, Bergson) de l’associationnisme ont évoqué son « atomisme psychologique ».

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