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ATHÈNES, ATLANTIDE, ATLAS, ATRIDES, AUTOLYCOS

Athènes (gr. Athenai, lat. Athenae). Principale cité de l’Attique en Grèce.

1. Topographie. À l’époque classique la cité s’étendait sur environ cinq kilomètres de la mer à son point le plus proche, dans la plaine centrale de l’Attique, entourée de toutes parts de montagnes, sauf au sud. Au nord-ouest, elle est fermée par le mont Parnés, au nord-est par le mont Pentélique, au sud-est par le mont Hymette et (moins important) à l’ouest, par le mont Aegialée. La citadelle d’Athènes, l’Acropole, que l’on appelait parfois simplement polis et qui fut la cité d’origine, est un rocher de forme à peu près carrée s’élevant en pente abrupte de la plaine. Immédiatement à l’ouest se trouve une seconde colline, l’Aréopage, et au sud-ouest une troisième, la Pnyx. Au nord-est et à l’extérieur du mur de la cité de Thémistocle (construit peu après l’expulsion des Perses en 479 av. J.-C.) se dresse la montagne à pic de Lycabette. À l’est et à l’ouest de la cité coulent l’Ilissos (rejoint par l’Éridan) et la Céphise. Le mur de la cité de Thémistocle était percé par une douzaine de portes dont la plus utilisée était celle de Dipylon au nord-ouest. À quelque 75 mètres au sud, se trouvait la Porte sacrée, d’où la Voie sacrée menait à Éleusis. C’est près de cette porte que l’armée du général romain Sylla perça le mur en 86 av. J.-C., massacrant tant d’Athéniens dans les rues étroites, que leur sang coula par la porte jusque dans les faubourgs. Les communications entre Athènes et son port, le Pirée, étaient protégées par les Longs Murs. Le centre social, politique et commercial de la cité était l'agora «la place du marché». L’ancienne agora, la première d’Athènes, fut, suppose-t-on, bâtie par Thésée et était probablement située sur la partie inférieure de la pente nord de l’Acropole. Elle contenait l’Éleusinion et le Prytanée. Vers le viie siècle av. J.-C., la cité qui se développait eut besoin d’une agora plus importante, qui fut installée au nord de l’Acropole et de l’Aréopage et forma une partie du Céramique (quartier des potiers), dans un périmètre où l’on trouve les plus anciens cimetières remontant à l’époque mycénienne et géométrique. Des fouilles archéologiques ont révélé que cette zone commença à être exploitée du temps de Solon, au début du ve siècle. Ici, l’agora devint celle de l’Athènes classique; elle fut finalement détruite lors des invasions des Hérules (une tribu germanique de la région de la mer Noire) en 267 apr. J.-C. À l’époque classique, certains des bâtiments dataient du temps des Pisistratides (seconde moitié du VIe siècle av. J.-C.) notamment la Fontaine aux neufs bouches (Callirhoé) ou maison à la fontaine, qui a probablement été identifiée au sud-est de l’agora; le temple d’Apollon Patrôos (gardien); l’autel des Douze Dieux ; l’olympieion; le vieux bouleutérion construit au début du VIe siècle pour la boulé qui venait d’être créée, et l’autel de Thésée. Il est possible que l'orchestra original, «la piste de danse», ait été située là, où l’effondrement des galeries destinées aux spectateurs semble avoir eu pour conséquence la construction du théâtre de Dionysos et de l’odéon, à l’époque de Périclès. A la fin du Ve siècle, l’agora incluait, parmi d’autres édifices, le nouveau bouleutérion récemment construit à l’ouest de l’ancien, le tholos, le temple d’Héphaistos (généralement appelé le Théséion car il fut identifié à l’autel où Cimon enterra les os de Thésée), la stoa de Zeus Éleutherios, et la stoa Basiléios.

2. Grandes lignes historiques. 1. L’Acropole ne cessa jamais d’être habitée depuis l’époque néolithique (v. 5000 av. J.-C.). À l’époque mycéniénne, on y construisit un palais qui fut fortifié par un mur au cours de la seconde moitié du xiiie siècle av. J.-C. (cela se produisit, selon la légende, pendant la vie de Thésée, le héros national de la Grèce ; pour les autres mythes ayant trait à cette ancienne période, voir ÉRECHTHÉE, ÉRICHTONIOS, et Cécrops). Certains savants voient dans cette fortification une indication du synoikismos, synœcisme (c.-à-d. l’amalgame) des diverses communautés athéniennes d’Attique, en un seul État, avec Athènes comme capitale (voir Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, 15). Cet événement traditionnellement attribué à Thésée est certainement historique et fut célébré tous les ans à Athènes, mais ce fut probablement un processus progressif, et nous ne savons quand il fut terminé. En tout cas, au XIIe siècle, Athènes était assez forte pour résister à l’invasion dorienne, et pour servir de tremplin aux migrations du XIe siècle, à partir de la terre ferme, en direction de l’Ionie. Les Athéniens de la période classique se flattaient d’être autochtones, «jaillis du sol», c’est-à-dire qu’ils formaient un peuple indigène, à la différence des Doriens qui étaient des envahisseurs. Les témoignages archéologiques confortent leur notion d’une continuité avec le monde mycénien : ils indiquent que la cité n’a jamais cessé d’être occupée pendant les siècles obscurs en Grèce, et qu’après 900 av. J.-C. elle constituait peut-être la communauté la plus prospère de la Grèce, donnant le jour au style géométrique en poterie. Les rares vestiges de la période archaïque qui a suivi montrent qu’à la fin du VIIe siècle il y avait là d’importants bâtiments. À cette époque, le mur mycénien cessa d’avoir de l’importance. Les Pisistratides utilisèrent l’Acropole comme lieu de refuge, mais, après l'expulsion des tyrans en 510 av. J.-C., elle cessa d’être un fort. Dans les temps anciens, Athènes, comme les autres États grecs, était gouvernée par des rois. Selon la tradition, le dernier roi fut Codros, à qui succédèrent des archontes élus, et Athènes devint une aristocratie. Bien que la fonction d’archonte fût un office auquel on était élu, les aristocrates, riches et puissants, la monopolisèrent. La tentative de Cylon de les renverser et de devenir tyran (v. 632) échoua. Malgré la législation de Dracon (621 ), leur position fut affaiblie jusqu’aux réformes de Solon en 594 av. J.-C. Ils furent néanmoins incapables d’empêcher la tyrannie de s’installer à Athènes, et le chef populaire Pisistrate s’empara du pouvoir vers le milieu du vie siècle. La période des tyrans pisistratides, qui s’étend jusqu’à 510 av. J.-C., fut témoin d’une augmentation considérable de la prospérité matérielle et du niveau culturel de la cité. Après l’expulsion d’Hippias, les réformes de Clisthène instaurèrent une véritable démocratie (voir aussi ekklêsia, boulé et aréopage).

II. Au début du Ve siècle av. J.-C., Athènes était un État puissant. Mais son intervention dans la révolte ionienne échoua et l’exposa à la menace de la Perse, où le tyran exilé Hippias cherchait des appuis pour restaurer son pouvoir à Athènes. La première invasion perse fut arrêtée à Marathon (490). Quand se produisit la deuxième invasion, dix ans plus tard, Athènes, sous l’influence de Thémistocle, avait construit une marine solide; sa cité était en ruines et son territoire ravagé à l’issue du conflit, mais sa flotte était intacte, son prestige renforcé et sa position de chef de tous les Grecs ioniens reconnue. C’est la victoire de Cimon sur le fleuve Eurymédon vers 466 qui mit un terme effectif à la guerre avec la Perse. Seule Athènes possédait une flotte capable de protéger la Grèce et les îles Egées contre les attaques des Perses. Les cités grecques ioniennes qui s’étaient rebellées contre la Perse acceptèrent sa suprématie : ainsi se forma la ligue de Délos (477). À sa tête et avec l’appui de ses colonies sur les côtes de la mer Égée et de la mer Noire, sous la tutelle de Cimon et de Périclès, Athènes devint une puissance impériale. Grâce aux réformes constitutionnelles d’Éphialtes et de Périclès en 462, la démocratie atteignit son développement le plus parfait en 462 : les citoyens se gouvernaient entièrement eux-mêmes, les fonctions politiques étaient ouvertes à tous, et les citoyens étaient rémunérés lorsqu’ils occupaient les fonctions publiques, si bien que les plus pauvres pouvaient se permettre d’exercer leurs droits. La rebuffade essuyée par Cimon, du fait des Spartiates vers 462, fut en fin de compte un facteur qui contribua au développement des hostilités entre Athènes et Sparte. La guerre éclata entre Athènes et le Péloponnèse, conduit par Sparte, en 460 (on l’appelle parfois la première guerre du Péloponnèse) et elle dura jusqu’en 446. Égine tomba aux mains d’Athènes après un long siège (457-456) et le général athénien Tolmidès entama un voyage triomphal en bateau autour du Péloponnèse. La ligue de Délos était en train de se transformer en un empire, sur terre comme sur mer; c’est à cette époque que furent établis les premiers clérouquies. Une victoire quelque peu indécise des Spartiates sur les Athéniens, en Béotie, en 457, fut renversée d’une manière décisive à Œnophyta deux mois plus tard. Celle-ci donna aux Athéniens le contrôle de la Béotie, qu’ils conservèrent jusqu’en 446, date à laquelle ils furent battus à Coronée lors d’un soulèvement des Béotiens. Dans l’intervalle, Athènes subit un revers quand sa force expéditionnaire en Égypte fut battue en 454. La paix de Callias vers 450 amena enfin une conclusion solennelle à la guerre avec la Perse et, en 446, la paix de Trente Ans fut signée avec Sparte; bien que celle-ci mît un terme aux espoirs éventuels d’empire terrestre, elle reconnut à Athènes le droit de consacrer son empire maritime.

III. La paix avec Sparte ne dura que quinze ans. En 431, Sparte n’était pas seule à s’alarmer de l’expansion athénienne et, quand cette année-là Sparte entra en guerre, une grande partie de la Grèce la considéra comme une puissance libératrice. Pour les événements de cette guerre, qui dura jusqu’en 404. L’échec de l’expédition de Sicile (413) fut le signal de la révolte de nombreux su-jets-alliés d’Athènes qui se livra à des efforts vigoureux et partiellement réussis pour l’étouffer. La dernière partie de la guerre fut également marquée par la coopération contre Athènes, de Sparte et de la Perse, qui fut aidée par les complots de l’aristocrate athénien Alcibiade alors en exil. Dans la ville elle-même, la démocratie fut temporairement renversée par la révolution oligarchique. Un conseil des Quatre-Cents fut mis en place en 411, complété nominalement par une assemblée de cinq mille personnes. À cette époque, la révolte de l’Eubée alarma profondément Athènes, mais, au cours de cette année, l’oligarchie fut déposée, et en 410, une fois qu’Athènes eut gagné une importante bataille navale à Cyzique, les Spartiates demandèrent la paix. Le démagogue Cléophon eut une grande influence sur la démocratie nouvellement restaurée qui dura jusqu’à la reddition des Athéniens en 404. Athènes en sortit soumise à Sparte, appauvrie, sa population sévèrement réduite, les Longs Murs détruits, toutes ses possessions outre-mer perdues, y compris les clérouquies, et sa flotte réduite à douze navires. Sparte imposa une oligarchie à la cité et, pendant huit mois, en 404-403, Athènes fut gouvernée par les Trente Tyrans. Mais elle recouvrit rapidement sa démocratie et sa liberté ; Sparte, profondément impliquée dans ses affaires avec la Perse (voir sparte 3), reconnut l’indépendance d’Athènes et lui permit de reconstituer sa flotte et de restaurer les Longs Murs. En 395, Athènes avait rejoint Thèbes, Argos et Corinthe dans leur tentative de rejeter la suprématie Spartiate, tentative qui échoua dans ses objectifs et se termina lorsque des relations amicales entre Sparte et la Perse furent rétablies et quand le roi de Perse imposa en faveur de Sparte la paix d’Antalcidas, ou paix du roi (387/386). Le roi récupéra la possession des cités ioniennes d’Asie Mineure et demeura le maître de la mer d’Égée. Eschyle, Sophocle, Euripide, Hérodote, Thucydide, Aristote et Antiphon, dont les œuvres étaient destinées à survivre, figurent parmi les écrivains les plus célèbres de cette époque.

iv. Au début du IVe siècle, l’intérêt politique est centré sur la rivalité entre Sparte et Thèbes, où Athènes ne joua qu’un rôle secondaire. En 377, Athènes se mit à conclure des alliances afin de se protéger contre Sparte, formant la seconde ligue athénienne (ou Confédération) [la première est connue sous le nom de ligue de Délos, composée des diverses îles et cités de l’Égée, Corcyre et d’autres États. Athènes conserva sa suprématie commerciale, et, en 376, Chabrias (un soldat de métier) regagna la suprématie d’Athènes sur mer grâce à une victoire navale décisive sur Sparte près de Naxos. L’homme d’État athénien le plus remarquable de cette période fut Callistrate dont la politique d’ensemble reposait sur l’harmonie avec Sparte et un équilibre du pouvoir entre celle-ci et Thèbes. Cette dernière, gouvernée par Épaminondas, aspirait maintenant à la suprématie sur la Grèce, et Athènes, qui avait aidé les Thébains jusqu’à leur victoire sur les Spartiates à Leuctres en 371, fut plus influencée par sa jalousie vis-à-vis de Thèbes qui était sa voisine, que par sa vieille rivalité avec Sparte. Lors du combat qui s’ensuivit entre ces deux cités, Athènes fut l’alliée de Sparte en 369 et un contingent athénien se battit du côté des Spartiates à Mantinée en 362. Athènes ressuscitait les alliances de l’ancienne ligue délienne dans l’Égée et était responsable du mécontentement et de la suspicion de ses alliés. Ceux-ci se révoltèrent au cours de la guerre Sociale (375-355) à la fin de laquelle l’indépendance des principaux membres de la Ligue fut reconnue. La puissance maritime d’Athènes était encore assez forte pour contrôler le passage par l’Hellespont de l’essentiel de ses approvisionnements en nourriture, mais à cette époque la Macédoine prenait de l’importance et menaçait la position des Athéniens dans le nord de l’Égée. v. Pour la croissance de la puissance macédonienne. Confrontée à la menace de la Macédoine, Athènes dut choisir entre deux politiques : tenter de regagner la direction de la Grèce, ou s’entendre avec Philippe au prix d’une certaine perte d’indépendance. Le parti de la «paix» incluait l’homme d’État Eubule, l’orateur Eschine; le général Phocion, et l’homme d’Etat Philocrate (voir aussi isocrate); le parti de la « guerre » était conduit par les orateurs Démosthène, Lycurgue, et Hypéride. C’est l’éloquence de Démosthène qui l’emporta, et en 338 eut lieu à Chéronée une bataille finale entre Athènes et Thèbes d’un côté, et Philippe de l’autre. Athènes fut battue, et obligée d’accepter les conditions modérées de Philippe (la perte de l’Hellespont) et de se joindre à la confédération hellénique qu’il mit sur pied. On ne peut savoir jusqu’à quel point Philippe aurait permis à Athènes de demeurer indépendante si le parti de la paix l’avait emporté; il se peut que la politique de Démosthène ait été la seule qui lui laissât une chance de liberté. Après les soulèvements qui suivirent l’accession au trône du fils de Philippe en 336, Athènes bénéficia d’une période de tranquillité. La mort d’Alexandre en 323 sembla fournir aux Grecs une occasion de recouvrer leur liberté, mais au cours de la guerre dite lamiaque (323-322) Athènes et les autres États grecs furent battus à Crannon par Antipater. Démosthène s’empoisonna pour éviter d’être fait prisonnier. Les démocrates furent remis au pouvoir à Athènes sous le bref gouvernement de Polyperchon (le successeur immédiat d’Antipater comme régent de Macédoine), mais Cassandre, fils d’Antipater, restaura dans ses grandes lignes la Constitution de son père et nomma comme gouverneur d’Athènes, en 317, un éminent citoyen athénien, Démétrios de Phalère, ami du philosophe Aristote. Ses dix années de gouvernement constituèrent une période de paix et de prospérité pour la cité. Pourtant, lorsque Démétrios Poliorcète, fils d’Antigone s’empara de la cité tenue par Cassandre, en 307, il fut considéré par les Athéniens comme un libérateur et on lui rendit les honneurs divins. Le ive siècle est la dernière phase de la prééminence intellectuelle et culturelle d’Athènes. Son activité intellectuelle avait pris un tour moins créatif et plus analytique et critique. Ce fut la période de Platon et d’Aristote, de grands orateurs, et de la Nouvelle Comédie. L’art devint plus réaliste, moins baigné par les anciennes idées religieuses, et il ne fut plus centré sur les intérêts de la cité-Ètat.

vi. Le IIIe siècle av. J.-C. vit la fin de l’importance politique d’Athènes. La guerre chrémonidienne (266-262) constitua notamment la dernière occasion pour Athènes de prendre la direction des opérations contre la Macédoine. Avec le soutien de Sparte et du roi Ptolémée II Philadelphe d’Égypte, elle se révolta contre Antigone Gonatas (voir macédoine 3) ; assiégée et affamée, elle fut forcée de se rendre. La guerre tira son nom de l’homme d’État athénien (élève du philosophe stoïque Zénon) qui lança l’idée de l’alliance. En 229, à la mort de Démétrios II, fils de Gonatas, Athènes recouvra sa liberté et, hormis une attaque de Philippe V, petit-fils de Gonatas, mena une existence paisible jusqu’en 88 av. J.-C. Après la défaite de la Ligue achéenne infligée par le consul romain Mimmius en 146 av. J.-C., la Grèce devint un protectorat romain (elle ne devint une province que sous Auguste), mais Athènes et Sparte n’eurent pas à payer d’impôts à Rome. Il y eut une renaissance de la prospérité matérielle, et on rétablit la grande fête quadriennale d’Athènes à Délos. Cette période prospère s’acheva avec la guerre contre Mithridate en 89-85, lorsque Athènes, qui se rangea aux côtés de Mithridate, fut mise à sac et en partie détruite par le général romain Sylla. La Grèce souffrit beaucoup, d’une part du fait de Sylla, d’autre part des alliés barbares de Mithridate qui mirent Delphes à sac. Les guerres civiles romaines du Ier siècle av. J.-C. entraînèrent des destructions plus considérables encore jusqu’à ce que l’empereur Auguste transformât la Grèce en province romaine en 27 av. J.-C. En dépit de son déclin politique, Athènes conserva une grande partie de son prestige intellectuel et de sa prééminence dans l’étude de la philosophie. Au IIe siècle av. J.-C. elle fut patronnée par les Attalides de Pergame, qui décorèrent la cité de colonnades (voir stoa) et de sculptures. Il était alors à la mode, pour les Romains, de suivre des cours dans les écoles philosophiques d’Athènes comme dans une université. Atticus y passa de nombreuses années ; Cicéron et son fils Horace furent parmi ceux qui étudièrent dans cette cité, et plus tard Lucien apprécia le charme paisible d’Athènes, comparé au tumulte de Rome. Athènes bénéficia d’une certaine renaissance de ses anciennes gloires au IIe siècle apr. J.-C., sous l’empereur Hadrien et les Antonins, et au IVe siècle Julien l’Apostat figure parmi les amoureux de la cité. Cette période d’influence intellectuelle devait s’achever en 529 de notre ère, quand l’empereur chrétien Justinien ordonna la fermeture de ses écoles de philosophie. 3. Administration aux Ve et IVe siècles av. J.-C. Pour le fonctionnement du gouvernement démocratique, voir démocratie. Les principaux fonctionnaires de l’administration étaient les archontes (dont les fonctions étaient en grande partie cérémoniales et judiciaires), et les strategoi. Venaient ensuite, par ordre d’importance, les fonctionnaires financiers, dont les chefs étaient les dix tamiai (trésoriers) de la déesse Athéna, puis dix poletai qui vendaient les biens confisqués et les franchises, et établissaient les contrats pour les travaux publics, dix praktores qui collectaient les amendes imposées par les tribunaux, et dix logistai qui apuraient les comptes des magistrats sortants. L'ordre et le soin de la cité incombaient aux dix astynomoi (cinq pour Athènes et cinq pour Le Pirée), alors que l’entretien des rues était du ressort de cinq hodopoioi. Il y avait aussi les inspecteurs des marchés (agoranomoi) et les inspecteurs des poids et mesures, tous tirés au sort. Les hellenotamiai, les trésoriers de la ligue de Délos, qui avaient, quant à eux, la responsabilité de grosses sommes d’argent, étaient probablement élus, tout comme les fonctionnaires techniques tels que le surveillant de l’approvisionnement en eau, et les commissaires aux travaux publics. L’ordre de la cité était maintenu par un corps de trois cents archers scythes, esclaves appartenant à l’État; une commission, connue sous le nom des Onze, avait sous ses ordres les bourreaux, les gardiens de prison et les fonctionnaires qui arrêtaient les criminels: tous ces subordonnés étaient également des esclaves publics. Ces esclaves remplissaient également des tâches de secrétariat, dont certaines, comme le maintien des archives, étaient importantes. 4. Conditions économiques. Pour un reflet de la vie en Grèce avant le viiie siècle av. J.-C. (vu à travers la poésie épique et donc déformé) voir homérique, temps. La fin de cette période vit le déclin des domaines familiaux autosuffisants (oikos), l’émergence de la cité (polis), une complexité croissante de la vie politique et sociale, et une plus grande prospérité. Le fermage de la terre fut converti du mode animal au mode arable ; la population augmenta vertigineusement et la terre devint insuffisante pour subvenir à ses besoins. Ces changements furent sans doute liés les uns aux autres. La pratique consistant à diviser les domaines entre héritiers désavantagea les petits propriétaires terriens dont les enfants héritaient de domaines trop petits pour subvenir à leurs besoins. Une grande partie de la terre, restant entre les mains des riches et des puissants, était entretenue par des fermiers à bail. À partir du ixe siècle, le développement du commerce des métaux et des articles de luxe apporta des bénéfices aux artisans et aux marchands. Nous connaissons mal les proportions de la population d’Athènes au cours des Ve et IVe siècles av. J.-C. ; nous savons cependant que la terre de l’Attique fut toujours incapable de nourrir sa population, et Athènes importait de grandes quantités de blé, de poisson séché, de viande salée, et de bétail, de même que des matériaux bruts tels que cuivre, bois, ivoire, laine, lin, papyrus et quelques articles manufacturés comme du mobilier. Elle exportait du vin et de l’huile, de l’argent, du marbre, de la poterie, des armes et des livres. Ses navires sillonnaient toutes les parties de la Méditerranée et en particulier la mer Noire, qui était sa principale source d’approvisionnement en blé. Les échanges par voies de terre étaient, en revanche, difficiles et extrêmement coûteux. Les données suivantes peuvent fournir une idée du prix de la vie. À la fin du Ve siècle, un ouvrier dans la construction ou un rameur de trirème recevait une drachme par jour, mais gagnait difficilement plus de trois cents drachmes par an ; un juré recevait une demi-drachme (trois oboles). La ration de blé d’une journée pour un homme (sa principale nourriture) coûtait un choenix, le quarante-huitième d’un medimnus. Le prix d’un medimnus de blé varia au cours du Ve siècle, mais ne semble pas avoir dépassé quatre drachmes. Si on ajoute au prix du blé autant pour les opsonion (suppléments), c’est-à-dire la viande, le poisson, les légumes ou les fruits, on peut alors estimer qu’un célibataire pouvait se nourrir pour un peu plus d’une drachme par semaine. Au IVe siècle, le salaire quotidien de la main-d’œuvre spécialisée augmenta jusqu’à deux drachmes ou deux drachmes et demie, celui de la main-d’œuvre non spécialisée demeurant une drachme ou s’élevant peu au-dessus. Les fonds du théorique fournissaient aux pauvres une aide pour payer leurs distractions, telles que l’admission au théâtre. Pour procurer de la terre aux pauvres, des milliers d’entre eux furent installés comme clérouques dans les territoires outremer. Les maisons privées, contrairement aux édifices publics, à Athènes, étaient manifestement modestes, construites à partir d’une charpente de bois, ou de briques séchées au soleil. Leur coût était en conséquence faible : les chiffres mentionnés par les orateurs vont de trois à cent vingt mines (trois cents à douze mille drachmes) et cinquante mines (cinq mille drachmes) semblent avoir constitué un prix élevé pour acheter une maison (à titre de comparaison, la construction d’une trirème pouvait coûter un talent, soit soixante mines). Le loyer annuel d’une maison était généralement fixé à huit pour cent de sa valeur en capital. À la fin du Ve siècle, le système bancaire était hautement organisé ; les banques prêtaient de l’argent sur hypothèque, sur des cargaisons, ou sur des garanties personnelles, et émettaient des lettres de crédit auprès de correspondants à l’étranger. La banque fondée par Antisthène et Archestratos à la fin du Ve siècle av. J.-C., et dont les activités furent poursuivies au IVe siècle par le célèbre Pasion se livrait à d’importantes transactions avec l’étranger, en particulier avec Byzance; quand Pasion prit sa retraite, il possédait un capital de cinquante talents. Les industries urbaines avaient, comparativement, moins d’envergure. La plus grande usine dont nous ayons connaissance appartenait au métèque Céphale, père de l’orateur Lysias, qui employait 120 esclaves à la fabrication de boucliers. Les deux usines du père de l’orateur Démosthène employaient respectivement 33 esclaves pour la fabrication d’armes, et 20 pour la fabrication de lits. Le cordonnier qui apparaît dans un mime d’Hérondas avait 13 assistants. Même la construction des bateaux semble avoir été effectuée dans un grand nombre de petits chantiers navals. Beaucoup d’industries n’étaient que des affaires de famille, entre les mains d’un artisan et de sa femme. On trouve des mentions occasionnelles de grandes fortunes à Athènes, mais elles ne paraissent pas avoir été nombreuses. Callias avait la réputation d’être l’homme le plus riche de Grèce, et on dit qu’il possédait deux cents talents; Nicias en possédait cent. Ces deux fortunes provenaient d’entreprises minières.

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