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ARNAULD

ARNAULD (Antoine), surnommé le Grand Arnauld, philosophe et théologien (Paris 1612 - Bruxelles 1694). Il fut le chef et le défenseur des jansénistes, et l'adversaire acharné des jésuites. Il est, avec Nicole, l'auteur de la célèbre Logique de Port-Royal (1662). Une polémique l'opposa à Malebranche sur la doctrine de la grâce et de la vision en Dieu. Il reste un modèle de philosophe raisonneur, auquel ne manqua que le génie philosophique.

Arnauld

(Antoine, dit le grand Arnauld, 16121694.) Théologien, chef du parti janséniste, exclu de la Sorbonne en 1656, il se retirera à Port-Royal, puis, à la reprise des persécutions antijansénistes, s'exilera en Flandre et aux Pays-Bas. Outre ses textes théologiques, on lui doit surtout la Grammaire générale et raisonnée, dite de Port-Royal (rédigée avec Lancelot, 1660), et la Logique de Port Royal (avec Nicole, 1662), qui constituent des moments importants de la philosophie du langage : à la suite de Descartes, on y admet que la syntaxe d'une langue naturelle est la transposition d’une analyse rationnelle qu'opère la pensée. Chomsky reconnaîtra ce que doit la linguistique transformationnelle à de telles hypothèses.

Arnauld ; famille de robins qui fut profondément mêlée au mouvement de la Réforme catholique et à l’histoire de Port-Royal. Originaire d’Auvergne, fils d’un procureur général de Catherine de Médicis, Antoine Arnauld (1560-1619) s’est rendu célèbre comme avocat au Parlement de Paris en plaidant la cause de l’université de Paris contre les jésuites. Il eut vingt enfants, dont dix survécurent. Tous, sauf un fils, lient leur vie à Port-Royal. Parmi ses six filles, une seule, Catherine Arnauld (1590-1651), se marie. Elle a d’Isaac Le Maître plusieurs fils, dont Antoine Le Maître (1608-1658) qui abandonne en 1638 une carrière brillante pour se retirer à Port-Royal des Champs, bientôt suivi par ses frères, Simon Le Maître de Sénicourt (1611-1650) et Isaac Le Maître de Sacy (1613-1684). Après la mort de son mari, Catherine Arnauld entre en religion à Port-Royal (1644). Elle y retrouve ses soeurs, notamment la mère Angélique et la mère Agnès. Jacqueline-Marie Arnauld (1591-1661) a été nommée à dix ans coadjutrice de l’abbesse de Port-Royal. Elle a pris le voile à Maubuisson et reçu le nom d’Angélique. En 1609, à la suite du sermon prononcé par un capucin, elle résout de réformer les moeurs de son couvent et rétablit strictement la clôture, interdisant même à son père d’entrer à l’intérieur du monastère (Journée du Guichet, 25 sept. 1609). En 1625 elle décide d’abandonner le monastère des Champs et d’installer Port-Royal à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques à Paris. Dans les années 1636-1638 elle confie la direction spirituelle du monastère à Saint-Cyran. Elle meurt en 1661 après avoir traversé dans les souffrances les premières persécutions contre les « jansénistes ». Sa soeur Jeanne-Agnès, en religion mère Agnès de Saint-Paul (1593-1672), a été abbesse de Saint-Cyr à l’âge de six ans, puis a pris le voile à Port-Royal en 1612. Coadjutrice d’Angélique, elle démissionne en 1630 et part réformer plusieurs monastères, dont celui du Tard (près de Dijon). Pendant son absence de Port-Royal une controverse s’élève à propos du Chapelet secret du Saint-Sacrement qu’elle a composé en 1627, et qui est condamné par plusieurs docteurs de la Sorbonne. Rentrée à Port-Royal en 1635, elle en est l’abbesse de 1658 à 1661, et après la mort d’Angélique, demeure la plus haute autorité du monastère. Ayant refusé de souscrire au formulaire condamnant les cinq propositions de Jansénius, elle est arrachée à Port-Royal et détenue au couvent de la Visitation (1664-1665). Elle est transférée en juillet 1665 à Port-Royal des Champs où elle meurt en février 1672. Le fils aîné d’Antoine Amauld, Robert Arnauld d’Andilly (1589-1674) commence une carrière brillante de haut serviteur de la monarchie. Intendant des Finances, puis conseiller d’Etat, il est attiré à Port-Royal par Saint-Cyran, qu’il connaît depuis 1620, en 1646. Il y traduit des ouvrages des Pères de l’Église et écrit des Mémoires sur lui et les siens. Il eut plusieurs enfants dont Simon Arnauld de Pomponne (1618-1699) qui est secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ministre d’État de Louis XIV, et Angélique Arnauld (1624-1684) plus connue sous le nom de mère Angélique de Saint-Jean. Élevée à Port-Royal, elle est d’une intelligence précoce et résiste avec fermeté aux persécutions. Enfermée au couvent des Annonciades à Paris en 1664-1665, elle rentre à Port-Royal des Champs dont elle sera prieure puis abbesse. Frère d’Arnauld d’Andilly, Henri Arnauld (1597-1692) abandonne la fonction publique pour entrer dans l’Église. Évêque d’Angers en 1649, il soutient les «jansénistes» de sa vigilante sympathie. Mais l’homme le plus connu de la famille est le dernier des fils d’Antoine Ier Arnauld : Antoine II (1612-1694) dit le Grand Arnauld. Après avoir étudié le droit en vue de devenir avocat, il s’oriente vers la théologie et la Sorbonne le reçoit docteur en 1641. Sous l’influence de Saint-Cyran et poussé par sa mère, Arnauld consacre toute sa vie à la défense de Port-Royal. En 1643 il écrit son traité De la fréquente communion, où il attaque les jésuites, et qui l’oblige à se cacher momentanément. Exclu de la Sorbonne en 1655 pour avoir écrit une Lettre à une personne de condition, il donne ainsi à Pascal l’occasion d’écrire les Provinciales. La « paix de l’Église » en 1669 lui permet de rentrer dans la légalité, mais la reprise de la persécution en 1679 le contraint à quitter la France. Son oeuvre est considérable. Bibliographie : L. Cognet, La Mère Angélique et son temps, 1950 ; L. Cognet, Le Jansénisme, 1961.

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