Armand Lanoux
Né à Paris en 1913 dans une famille modeste. Après le brevet élémentaire il est employé de banque puis instituteur. Il fait la guerre de 1939-1940 comme lieutenant et publie son premier roman, d’inspiration policière en 1943. La Nef aux fous lui vaut le Prix Populiste, premier d’une longue série de prix (Appollinaire, Grand Prix de la Société des Gens de Lettres, Interallié, Concourt — avec Quand la mer se retire? qu’il collectionne, comme il collectionnera ensuite les sièges dans les jurys, sociétés littéraires et académies, le plus brillant étant celui de 1’Académie Concourt où il a succédé en 1969 à Aragon, démissionnaire. Prix populiste à ses débuts, écrivain populaire, Armand Lanoux, malgré les souvenirs d’Apollinaire qui passent dans ses poèmes et leur donnent charme, malgré une certaine fantaisie, une fraîcheur inventive qui couraient dans La Classe du matin, a pris délibérément le parti du réalisme. Les thèses de Robbe-Grillet sur « l’illusion réaliste » ne l’ont pas touché et il ne pense pas non plus que le roman soit le lieu où développer une parabole, où illustrer une philosophie. Il croit que les mots peuvent représenter les choses. Il se veut, comme les cinéastes des années trente le peintre de la vie populaire, le témoin des travaux et des jours, de la peine - ou de la gloire — des hommes pris dans les engrenages de l’histoire. Il aime que les personnages aient de l’épaisseur et du caractère, que les actions soient fortes et bien menées comme les décors bien plantés, avec ce qu’il faut de pittoresque. Le roman doit faire vrai : qu’importe si c’est par artifice et convention littéraires qu’on capte l’attention et qu’on emporte la conviction du lecteur. Au reste Lanoux lutte avec raison pour les bonnes causes : contre l’absurdité de la guerre, pour la fraternité humaine dans Le Commandant Watrin et Quand la mer se retire, contre l’injustice et les violences de la bourgeoisie dans son histoire vivante et chaleureuse de La Commune de Paris : seulement, il abuse des bons sentiments comme des tranches de vie. A trop vouloir rester fidèle à Zola — à qui il a consacré une solide biographie, peut-être son meilleur livre — il oublie que celui-ci dans Le Roman expérimental invitait l’écrivain à se détourner des modèles littéraires. Ainsi, il est le dernier des naturalistes.
► Principaux titres
Romans :
La Canadienne assassinée, 1943, Colbert ; Le Pont de la folie, 1946, Colbert ; La Nef des fous, 1948, Deux sirènes ; La Classe du matin, 1949, Fayard ; Cet âge trop tendre, 1951, Julliard ; Les Lézards dans l'horloge, 1952, Julliard ; Le Commandant Watrin, 1956, Julliard ; Le Rendez-vous de Bruges, 1958, Julliard ; A quoi jouent les enfants du bourreau, 1959, Julliard ; Quand la mer se retire, 1963, Julliard ; Le violon dans le feu, 1967, Julliard ; Adieu la vie adieu l'amour, 1977, Albin Michel ;
Poèmes :
Colporteur, Seghers, 1952 ; La Tulipe orageuse, 1959, Seghers ; Les images d'Épinai, 1969, Grasset ; Essais Bonjour Monsieur Zola, 1954, Amiot-Dumont ; Maupassant, le Bel Ami, 1967, Fayard ; Une histoire de la Commune de Paris, I. La Polka des canons, 1971 ; II. Le Coq rouge, 1972, Grasset.
Écrivain « populaire », né à Paris. Poète, autant que romancier; et populaire en effet, dans le meilleur sens du terme, en particulier dans son recueil de vers, Les Images d’Épinal (1969), dont la partie la plus réussie constitue une sorte d’épopée sur le thème du troupier éternel : ingénieux - croit-il -, ingénu en fait ; toujours bafoué et toujours réjoui. Lanoux est plus connu par ses romans, savoureux et chaleureux, en particulier la série de Margot l’enragée (1956-1963) : Le Commandant Watrin, Le Rendez-vous de Bruges et Quand la mer se retire, magistral triptyque (dominé, peut-être, par le panneau central; c’est, entre autres, l’hommage enthousiaste à Ensor de l’écrivain Lanoux qui avait voulu d’abord être peintre, mais c’est aussi une bien curieuse méditation sur la folie).