Databac

Aristote: L'origine du savoir

Cet ouvrage est le plus célèbre d'Aristote. Son titre n'est pas d'Aristote mais d'Andronicos de Rhodes qui, au IIe siècle ap. J.-C., se consacrant à classer le corpus des oeuvres philosophiques d'Aristote, se trouva devant un texte qui ne portait pas de titre. Comme les ouvrages précédents traitaient de questions relevant de la connaissance de la nature, (sciences naturelles, physique), et que l'ouvrage concerné ne portait sur aucun objet clairement défini, Andronicos proposa de l'intituler Métaphysique, littéralement ce qui vient après la physique, après la nature.

Problématique

Aristote pose le problème de l'origine de la connaissance et aussi de son utilité. La connaissance, nous dit-il, commence par les sensations ; elles sont le degré élémentaire de notre perception des choses. Toutefois, le savoir que procurent les sensations n'est pas un authentique savoir, mais c'est par lui que commence l'existence humaine.

Enjeux

Pour Aristote, il n'y a de science que du général et en aucun cas du particulier. La science se place sur le plan du général et non du particulier parce que pour qu'il y ait science, il faut une démarche faisant appel à la raison et au concept. Mais il ne faudrait pas croire que sur le plan de la pratique, la connaissance par les causes soit supérieure à l'expérience. Si l'art du médecin mésestime l'individuel au seul profit de l'universel, il commettra des erreurs parce qu'il ignorera la spécificité de l'individu.

L'origine du savoir

Tous les hommes désirent naturellement savoir ; ce qui le montre, c'est le plaisir causé par les sensations, car, en dehors même de leur utilité, elles nous plaisent par elles-mêmes, et, plus que toutes les autres, les sensations visuelles. En effet, non seulement pour agir, mais même lorsque nous ne nous proposons aucune action, nous préférons, pour ainsi dire, la vue à tout le reste. La cause en est que la vue est, de tous nos sens, celui qui nous fait acquérir le plus de connaissances et nous découvre une foule de différences. Par nature, les animaux sont doués de sensation, mais chez les uns, la sensation n'engendre pas la mémoire, tandis qu'elle l'engendre chez les autres. Et c'est pourquoi ces derniers sont à la fois plus intelligents et plus aptes à apprendre que ceux qui sont incapables de se souvenir ; sont seulement intelligents, sans posséder la faculté d'apprendre, les êtres incapables d'entendre les sons, tels que l'abeille et tout autre genre d'animaux pouvant se trouver dans le même cas ; au contraire, la faculté d'apprendre appartient à l'être qui, en plus de la mémoire, est pourvu du sens de l'ouïe. Quoi qu'il en soit, les animaux autres que l'homme vivent réduits aux images et aux souvenirs ; ils ne participent que faiblement à la connaissance empirique, tandis que le genre humain s'élève jusqu'à l'art et aux raisonnements. C'est de la mémoire que provient l'expérience pour les hommes : en effet, une multiplicité de souvenirs de la même chose arrive à constituer finalement une seule expérience ; et l'expérience paraît bien être à peu près de même nature que la science et l'art, avec cette différence toutefois que la science et l'art adviennent aux hommes par l'intermédiaire de l'expérience, car l'expérience a créé l'art, comme le dit Polos avec raison, et le manque d'expérience, la chance. L'art naît lorsque d'une multitude de notions expérimentales se dégage un seul jugement universel, applicable à tous les cas semblables. En effet, former le jugement que tel remède a soulagé Callias, atteint de telle maladie, puis Socrate, puis plusieurs autres pris individuellement, c'est le fait de l'expérience ; mais juger que tel remède a soulagé tous les individus de telle constitution, rentrant dans les limites d'une classe déterminée, [...] cela relève de l'art.

mémoire : Aristote distingue parmi les animaux ceux qui disposent d'une mémoire de leurs sensations, et de ce fait possèdent une certaine intelligence parce qu'ils sont capables d'apprendre. La mémoire est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour produire un savoir. art : se ramène à produire quelque chose de nouveau. L'homme de l'art est capable de transmettre son savoir alors que le manoeuvre ne le peut pas. Ceci pour deux raisons : 1° parce qu'il ne connaît pas les causes ; 2° parce qu'il agit par habitude. On ne peut enseigner ce qui concerne le particulier, mais seulement ce qui concerne le général.


Aristote, philosophe (Stagire, Macédoine, 384-Chalcis, Eubée, 322 av. J.-C.). Son père Nicomaque était médecin du roi de Macédoine. À dix-sept ans il vint à Athènes et devint l’élève d’Isocrate puis de Platon. En 347, à la mort de son maître, il quitta Athènes pour Atarnée en Asie Mineure, dont le souverain, Hermias, lui donna en mariage sa fille Pythias. En 342, il fut chargé par Philippe II de Macédoine de l’éducation de son fils Alexandre (le Grand). Il resta sept ans en Macédoine et, en 335, il revint s'établir à Athènes où il fonda une nouvelle école philosophique, le Lycée. Il resta à Athènes jusqu’à la mort d’Alexandre (323) puis, accusé d’impiété par le parti anti-macédonien, il se retira à Chalcis. À côté de son œuvre philosophique, où il pose les fondements d’une métaphysique rationnelle et réaliste, par opposition à l’idéalisme platonicien, son activité embrasse tous les domaines. Alexandre le Grand n’oublia pas son maître, et de ses lointaines campagnes, il lui envoyait des spécimens de plantes nouvelles et d’animaux inconnus. Aristote fonda la zoologie (Histoire des animaux, Parties des animaux) et sans doute la botanique, bien que les travaux du Lycée en ce domaine nous soit parvenus par son disciple Théophraste. L’influence d’Aristote, à partir du Ie s. av. J.-C., sera considérable sur le développement de la pensée occidentale et se fait encore sentir à notre époque.

Liens utiles