ARISTOTE (vie et oeuvre)
Philosophe grec, qui rompit avec Platon, son maître, en contestant fortement la séparation induite par la théorie des idées entre l'intelligible et le sensible. Sa métaphysique, qui articule une ontologie à une théologie, influencera toute la philosophie médiévale.
Principaux écrits : "Organon", "Physique", "Métaphysique", "Histoire des animaux", "Éthique à Nicomaque", "Politique".
Aristote rompt définitivement avec la représentation du monde donnée par la mythologie. Il rompt aussi avec l'idéalisme de Platon, qu'il remplace par une observation scrupuleuse du réel. Il est ainsi l'un des deux grands fondateurs de la philosophie occidentale.
VIE
Athènes, vers 350 av. J.-C., est le théâtre d'un extraordinaire bouillonnement intellectuel. La confrontation des idées fait naître l'aristotélisme et annonce le néoplatonisme.
Élève de l'Académie
En 384 av. J.-C., Aristote naît à Stagire, petite ville de Macédoine. Son père tait le médecin du roi, ce qui explique en partie les relations privilégiées qu'Aristote aura avec la cour de Macédoine.
- A dix-huit ans, il va faire ses études à Athènes. Il entre dans l'école de Platon (l'Académie). Brillant disciple du maître, il en deviendra l'assistant.
- 347, Platon meurt et son neveu Speusippe lui succède à la tête de l'Académie. Aristote quitte Athènes pour Assos, où il ouvre une école.
Le fondateur du Lycée
- En 343, le roi Philippe de Macédoine l'appelle à faire l'éducation de son fils Alexandre.
- En 323, la mort d'Alexandre va compromettre pour un temps le Lycée, car le parti anti-macédonien relève la tête. On intente à Aristote un procès d'«impiété» analogue à celui qui avait fait mourir Socrate. Aristote se hâte de fuir et se réfugie à Chalcis, où il meurt un an plus tard.
OEUVRES
La très grande variété des sujets traités semble inviter à lire Aristote comme une belle encyclopédie. Mais il faut un ordre d'étude pour pénétrer sa pensée et comprendre les termes qu'il utilise pour décrire le réel.
Organon
Titre donné à l'ensemble des ouvrages de logique d'Aristote, dans lesquels il s'applique d'abord à définir des «lieux», c'est-à-dire les points de vue les plus généraux sous lesquels un sujet peut être abordé. Le but est de trouver une méthode qui nous permette d'analyser tout problème posé.
Éthique à Nicomaque
Le but de l'homme est le bonheur, et le bonheur est dans le perfectionnement de l'individu, en équilibre idéal d'appétit, de plaisir et de raison. Cette synthèse accorde la place qui est due aux trois genres de vie possibles: la vie de jouissance, la vie active et la vie contemplative.
Politique
L'homme est naturellement fait pour vivre en communauté: parce qu'il est doué de parole, il est un «animal politique» et ne peut se réaliser complètement que dans le cadre d'une communauté. La cité est la forme la plus haute de la vie sociale. Trois types de gouvernement peuvent régir l'État: la monarchie, l'aristocratie et la république.
Physique
«Philosophie seconde», elle est théorie du mouvement qu'Aristote définit comme un passage de la puissance à l'acte. Elle est aussi cosmologie: la Terre est le centre d'un univers clos composé de plusieurs «sphères». Elle est enfin biologie: tout être vivant possède une âme: «végétative» pour les plantes, «végétative et sensitive» pour les animaux, «végétative, sensitive et intellective» pour l'homme
Métaphysique
«Philosophie première» elle est la science des premiers principes et des premières causes, la science du moteur divin de l'Univers (elle est donc une théologie). Elle étudie aussi «l'Être en tant qu'être», c'est-à-dire la réalité fondamentale (ce qui est, ce qui existe), la substance première.
EPOQUE
Athènes et les démagogues
Socrate a été condamné à mort en 399. Cette injustice est le type même de l'acte auquel tout philosophe doit s'opposer. Platon s'y emploie et condamne sans réserve la démocratie athénienne, qui est la cause de tout le mal parce qu'elle a permis aux démagogues de surgir. C'est pour cela, sans doute, qu'il cherche le monarque idéal qui s'érigerait en champion de sa "République". Il ne le trouvera pas, mais certains Athéniens vont voir en Philippe de Macédoine l'homme capable de prendre la direction de la Grèce entière. Ainsi naît, souhaité et attendu, le système politique qui va prévaloir dans tout le monde hellénistique avant de se propager au monde romain.
L'hégémonie macédonienne
En 356, Philippe de Macédoine fait de son royaume l'arbitre du monde grec. Il conquiert les cités du littoral de l'Égée, puis s'oriente vers Athènes. En 338, il est le maître de la Grèce. En 336, son fils Alexandre lui succède et affermit la prépondérance macédonienne. L'élève d'Aristote est devenu Alexandre le Grand, qui constitue un empire allant de la Grèce à l'Inde, mais dont l'unité ne survivra pas à sa mort en 323.
APPORTS
Avec Platon, Aristote est l'un des deux grands fondateurs de la philosophie occidentale. Il a systématisé tous les savoirs de son temps, et c'est avec lui que débuta la séparation de la philosophie et de la science.
L'esprit scientifique. A la représentation mythologique, Aristote oppose l'idée de la nature conçue comme une réalité qui «porte en soi le principe du mouvement». Aujourd'hui encore, la science, renonçant aux «hypothèses métaphysiques», se borne à étudier ce mouvement.
Le syllogisme. Il n'y a de science que du général et de l'universel. L'instrument qui permet d'en rendre compte est le syllogisme, raisonnement qui, à partir de prémisses, rend la conclusion nécessaire. En inventant le syllogisme, Aristote a inventé la logique formelle.
La morale. Aristote a construit une morale sans aucune ouverture sur un autre monde quel qu'il soit. Soucieux de réalisme, il a affirmé que le problème du bien, c'est d'abord le problème du bien vivre. Il a refusé de condamner les plaisirs, en précisant que s'il est vrai que l'essence du bonheur réside dans l'activité de la pensée, cette activité n'en demande pas moins les autres biens à titre d'instruments. «Dire que, dans les pires malheurs, on est heureux pourvu qu'on soit vertueux, c'est, exprès ou non, parler pour ne rien dire.» Il ne suffit donc pas d'être vertueux pour être heureux.
Postérité-actualité. Il a été dit, à juste titre, que tout philosophe est, à la fois, platonicien et aristotélicien, puisque toute pensée digne de ce nom procède de ces deux philosophes. Mais Aristote a été et sera toujours le maître incontesté de cette pensée critique et systématique qui est le fondement même de la science.
CITATION A RETENIR
« Tous les hommes, par nature, aspirent au savoir. »
Avec Aristote, on a affaire à un autre style philosophique. Contrairement à Platon, dont il fut l’élève à l’Académie, il ne nous est resté de son oeuvre que des notes de cours, dont la rédaction souvent assez austère rend la lecture difficile. Il est l’auteur de nombreux traités qui tiennent à la fois de la science et de la philosophie, même s’il est vrai qu’à l’époque la distinction entre science et philosophie était bien moins nettement marquée qu’aujourd'hui. Aristote est, néanmoins, un des premiers penseurs à essayer de proposer un exposé systématique et encyclopédique du savoir de son temps. Soucieuse de ne pas contraindre les faits en les faisant de force entrer dans des cadres théoriques inadéquats (les idées de Platon, par exemple), la pensée d’Aristote se veut d'abord pensée du réel.
Aristote, tout en en étant l'héritier, est aussi l’un des critiques les plus fermes du platonisme. Pour lui, les idées platoniciennes n’existent pas et ne sauraient servir de principes explicatifs suffisants de l’univers. C’est pourquoi la tradition a opposé le réalisme d’Aristote, qui n’a pas besoin d’un monde de formes intelligibles pour expliquer le réel, à l'idéalisme de Platon.
Aux idées-formes de Platon, Aristote oppose la théorie de l’unité de la forme et de la matière. Celle-ci s’inscrit dans la doctrine plus générale des quatre causes : cause matérielle, cause formelle, cause finale et cause efficiente. Par exemple, pour rendre raison de la présence de telle statue dans tel temple ou sur telle place publique, il faut bien que cette statue ait été taillée dans une matière (bronze, marbre ou bois) appropriée. Ce en quoi est sculptée la statue, Aristote le nomme la cause matérielle. La cause formelle désigne la forme ou la figure que le sculpteur donne à la matière (le buste de Périclès, la figure d’Athèna, etc.). Comme il s’agit d’honorer la mémoire d’un grand homme ou de s’attirer les faveurs d’une déesse, c’est bien en vue d’un certain usage ou d’une certaine fin que l’on a commandé au sculpteur de se mettre au travail : cette fin, c’est la cause finale. Enfin, la statue ne peut seule et d’elle-même venir à l’existence, il faut bien que l’activité du sculpteur se soit exercée pour qu’il y ait une statue. C’est la cause efficiente. Pour Aristote, tout ce qui est peut être expliqué à partir de ces quatre causes, car connaître une chose c’est pouvoir en dire les causes.
Cette théorie est aussi valable pour les productions de la nature (choses inanimées, êtres vivants ; plantes et animaux, etc.) que pour celles de l’art humain. Il y a, d’ailleurs, pour Aristote, une convergence essentielle entre l’art et la nature. L’art (technè) ou bien mène à son accomplissement ce que la nature est par elle-même incapable de mener à son terme, ou bien imite la nature. Cette fonction d’imitation de la nature, qu’Aristote confère à l’art en général, sera d’une grande importance pour toutes les doctrines esthétiques ultérieures.
Aristote est, entre autres l’auteur d’un ensemble de traités que la tradition éditoriale, à partir du premier siècle av. J.-C., a intitulé "La Métaphysique". Il y est, en gros, question de la possibilité et du contenu d’une science antérieure et supérieure à la physique. En effet, cette dernière n’épuise pas tout le domaine du connaissable, en se cantonnant à étudier les réalités naturelles, c’est-à-dire pour lui les réalités considérées en tant qu’elles sont en mouvement et soumises au devenir. Il y a, pour Aristote, une réalité séparée du monde sensible, dont on a besoin de postuler l'existence pour rendre raison du mouvement éternel du monde : c’est la fonction du (ou des) premiers) moteur(s) immobile(s), réalité(s) que la tradition plus ou moins teintée de religiosité et de mythologie a désignée(s) du nom de dieu(x). Toutefois, en plus de cette dimension théologique, la métaphysique ou philosophie première se veut aussi étude de ce qu’est la réalité en général, de ce que toute chose requiert pour être ce qu’elle est, c’est là sa dimension ontologique.
Dans le domaine éthique ou de l’action pratique, Aristote souligne l’impossibilité d’exiger la même rigueur ou la même exactitude que dans les sciences théoriques comme les mathématiques. Les règles de l’action ne sont pas des règles absolues et universelles valables partout et en tout lieu. Lorsqu’on prescrit une conduite à suivre, il faut, à chaque fois, tenir compte de la situation concrète, des circonstances particulières et des qualités de caractère et de pensée de celui qui agit. La qualité de l'homme d’action sera donc la "prudence", c’est-à-dire la capacité de déterminer ce qui est bon à tel moment pour la réussite d’une entreprise et plus généralement de sa vie. Le bonheur ou la vie bonne ne consiste pas en autre chose que la conduite d’une vie raisonnable conforme aux capacités de chacun.
Textes importants d'Aristote
- L’art imite la nature, Physique (livre II, chap. 2).
- Sur les vertus, Éthique à Nicomaque (livre II, chap. 7).
- Sur le bonheur, Éthique à Nicomaque (livre I, chap. 13), (livre X, chap. 4,5).
- Sur la justice, Éthique à Nicomaque (livre V).
- Sur la définition de l’homme comme animal politique, La Politique (livre I).
Aristote est né en 384 av. J.-C. à Stagire, cité du nord de la Grèce, ce qui lui vaudra parfois le surnom de " Stagirite ". La présence de nombreux médecins dans sa famille est l'une des sources de son intérêt pour la physique et la biologie. À 18 ans, il entre à l'Académie, l'école de Platon, où, pendant 19 ans, il s'imprègne de la philosophie platonicienne. Il manifeste déjà un goût pour les sciences concrètes, indice de son originalité et de son opposition future à celui dont il n'est encore qu'un disciple particulièrement doué. À la mort du maître, vers 348 av. J.-C., il quitte l'Académie pour voyager et se livrer à des observations biologiques, en Mysie puis à Mytilène. Mais un philosophe grec de cette époque ne saurait demeurer longtemps en marge de la vie politique. De 343 à 342 av. J.-C., il devient le précepteur du fils de Philippe de Macédoine, le futur Alexandre le Grand. Il rentre à Athènes vers 334 av. J.-C. et fonde une école : le Lycée. Il y donne des cours les plus divers à un public savant, tantôt sur des sujets comme la physique, la logique ou la mathématique, tantôt s'entretenant avec tous de rhétorique, de politique et d'éthique. De tout cet enseignement oral, complété par la constitution d'une grande bibliothèque et d'un musée d'histoire naturelle, ne nous restent que des bribes ou de simples notes préparatoires rassemblées par ses élèves. Elles nous laissent imaginer la prolixité et la richesse de ses cours. Mais Alexandre le Grand meurt en 323 av. J.-C., et Athènes devient hostile aux anciens amis de la Macédoine. Aussi Aristote doit-il s'exiler pour éviter à ses concitoyens de " commettre un nouveau crime contre la philosophie ". Il se réfugie à Chalcis, dans l'île d'Eubée, où il meurt en 322 av. J.-C.. La philosophie aristotélicienne est fondatrice de la culture occidentale. Père de la logique, qui formalise le discours, Aristote en a fait l'instrument d'une pensée systématique et maîtresse d'elle-même, capable de dominer tous les aspects de la réalité. En cela, il est le premier penseur encyclopédique. Il approfondit les diverses branches du savoir tout en montrant l'unité du discours qu'elles mettent en ouvre par l'énoncé des catégories qui sont les genres les plus généraux de l'Être. La mise en relation des catégories permet le jugement qui, lorsqu'il est à son tour mis en relation avec d'autres jugements, permet d'établir des propositions. Ainsi, la logique d'Aristote consiste à mettre de l'ordre dans le discours afin d'aboutir à des démonstrations déductives allant de l'universel au particulier. Le " syllogisme " est le modèle déductif dont la forme " classique " est la suivante : Tous les hommes sont mortels. Or Socrate est un homme. Donc, Socrate est mortel. Ce système, ensuite figé par la tradition médiévale, est, chez Aristote, un travail inachevé et vivant. Ainsi, dans le domaine de la philosophie première qu'Aristote définit comme la science de l'Être en tant qu'Être, l'Être peut se dire selon la substance (Socrate est un homme), selon la qualité (Socrate est laid), selon le lieu (Socrate est sur l'agora), bref selon toutes les catégories dont une liste exhaustive ne nous est jamais donnée. Ce sont de ces catégories que doit traiter cette science universelle, qui sera nommée " métaphysique " par l'éditeur d'Aristote. L'étude de la première catégorie, qu'est la substance, fonde une deuxième orientation de la métaphysique, non plus comme science de l'Être en tant qu'Être, mais comme science de l'Être suprême, science du divin, bref théologie. Alors que la Physique définit une conception finaliste de la Nature où le changement est conçu comme l'acte de ce qui est en puissance en tout être, le Dieu dont il est question dans la Métaphysique est le Premier moteur, c'est-à-dire l'être qui meut tous les autres sans lui-même être mû. Non qu'il exerce une poussée mécanique sur le monde, mais parce qu'il est la fin que désire tout existant. Ce Dieu est le pôle qui unifie toutes les activités et qui pousse les êtres à exister et à se développer en leur inspirant spontanément le désir de l'imiter. C'est pourquoi Aristote définit ce Dieu comme étant un acte pur. La doctrine d'Aristote ne se limite pas à la métaphysique, à la physique, et à la logique, elle comprend également un versant pratique que l'on retrouve dans une ouvre comme l'Éthique à Nicomaque. Toute activité tend vers un bien qui est sa fin, mais, compte tenu de la diversité des activités, les fins diffèrent. Aristote conçoit ainsi le bonheur comme étant l'unité des fins humaines. Il distingue les vertus " dianoétiques ", qui résultent de l'exercice de la raison, des vertus "éthiques", qui sont transmises par l'ordre de la société. L'attitude éthique résulte de la combinaison de ces deux vertus, et atteint ainsi une dimension aussi bien individuelle que politique. Enfin, la philosophie d'Aristote se complète par la physique, la biologie, la cosmologie, la psychologie, bref, par l'examen de tous les registres de la vie, des crustacés jusqu'aux astres. Ainsi se forme la totalité du savoir humain, systématique et concret. Toute la modernité d'Aristote tient dans cet effort pour joindre savoir exhaustif et analyse expérimentale.
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[…] (Ve siècle av. J.-C.), rapporte Aristote, « prétend que c’est parce qu’il a des mains que l’homme est le plus intelligent des […]
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[…] Chez Aristote, partie de la logique traitant de la démonstration. Les Analytiques expose sa théorie de la […]
[…] Aristote considérait le travail comme une activité par nature asservissante, n’étant pas une fin en elle-même mais le moyen de la subsistance. Activité vile qui déforme l’âme et le corps, elle est réservée aux esclaves qui s’abîment dans ce qu’ils font. Le travail, en effet, implique une spécialisation déshumanisante, car l’homme n’est pas fait pour un métier comme un marteau est fait pour planter un clou. Si la main est le symbole de l’homme, c’est précisément qu’elle n’est pas un outil, mais un organe polyvalent. Ainsi, les activités nobles développent en l’homme simultanément toutes ses facultés, tandis que l’activité laborieuse détruit cette harmonie en instrumentalisant l’une d’elles. Nous dirions aujourd’hui que, asservi aux impératifs de l’efficacité, celui qui travaille perd sa vie à la gagner : Aristote le définit simplement comme un « outil vivant » dont on pourrait bien se passer si les navettes pouvaient se déplacer toutes seules sur les métiers à tisser. Comment le travail, que les Grecs tenaient pour indigne de l’homme, a-t-il pu devenir une valeur ? Si la Bible décrit le travail comme un châtiment divin, il est aussi le moyen d’un rachat pour l’humanité qui, par ses efforts, contribue au perfectionnement du monde. Il est alors moins un mal qu’un moindre mal. Dans l’éthique protestante, il devient même un devoir si bien qu’on a pu lier cette valorisation morale du travail à l’essor du capitalisme. A partir du xixe siècle, au moment même où l’Occident achève son industrialisation, le travail s’impose en philosophie comme une notion centrale, en particulier avec Hegel qui en saisit le caractère anthropogène. L’homme n’est homme que par le travail qui le rend maître de la nature, mais aussi de lui-même (en disciplinant son désir par ex.). Cependant, l’écart existant entre l’essence du travail, producteur de l’humanité , et les formes historiques du travail (aliénation et exploitation économique de la force de travail) sera dénoncé par Marx comme une dénaturation induite par le système capitaliste. Quant à la glorification du travail, elle sera analysée par Nietzsche à la fin du siècle, comme l’instrument le plus efficace, conçu par la morale chrétienne, de domestication des instincts vitaux. […]
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