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Aristophane

Aristophane, poète comique (Athènes v. 445-v. 386 av. J.-C.). On ne sait rien de sa vie sinon qu’il eut trois fils et que son père Philippe avait des propriétés dans l’île d’Égine. Il composa une quarantaine de comédies dont onze ont été conservées. Critique de son temps, il parodia et attaqua des hommes célèbres (Cléon, Socrate), des dieux (Dionysos, Héraclès). Conservateur, il lutta contre les idées nouvelles (l’éducation sophistique représentée par Socrate, les conceptions de la tragédie d'un Euripide). Il ridiculisa la passion des Athéniens pour les procès et s’attaqua même à la démocratie, sujet sur lequel les Athéniens étaient très ombrageux. Écrivant au milieu de l'interminable guerre du Péloponnèse, il consacra la plus grande partie de son vaste talent à la cause de la paix et à la réforme des mœurs et des institutions d’Athènes.

Aristophane de Byzance, grammairien (milieu du IIIe s. av. J.-C.). Disciple d’Ératosthène et de Zénodote d’Éphèse, grammairien et conservateur de la bibliothèque d’Alexandrie sous Ptolémée II Philadelphe, il devint à son tour conservateur de la célèbre bibliothèque et fut le maître d’Aristarque de Samothrace. Il travailla sur les textes homériques et écrivit un ouvrage sur les Courtisanes de l'Attique. On lui attribue l’introduction de l’usage des accents dans l’écriture grecque.

ARISTOPHANE. Le dernier grand poète de la Grèce classique du Ve siècle naquit entre 450 et 444 av. J.-C. de Philippos d’Athènes : il appartenait au dème de Kydathénée, de la tribu de Pandionis. Il existait de nombreuses divergences de vues parmi les anciens quant au lieu de naissance d’Aristophane : on le fit tantôt citoyen de Lindos ou de Camiros dans l’île de Rhodes, tantôt de Naucratis en Égypte, ou même d’Egine. Les deux premières attributions peuvent trouver leur justification dans la fausse information selon laquelle Cléon aurait intenté au poète un procès pour usurpation du titre de citoyen; la dernière est certainement venue d’une allusion fantaisiste des Archaniens (vers 654) de laquelle on peut déduire qu'Aristophane se considérait en un certain sens comme un habitant d’Egine où il possédait des biens. Rien donc ne permet d’avancer qu'Aristophane n’était pas citoyen athénien. Il écrivit ses premières comédies très jeune, et les fit représenter sous des prête-noms : il nous en avertit lui-même dans les Nuées (vers 530) quand il dit « et moi (j’étais encore vierge et ne pouvais enfanter) j’exposai mon enfant et une autre jeune femme le prit et l’adopta ». C’est ainsi que furent représentés les Convives d’Héraclès , comédie où il tournait en dérision les méthodes et l’esprit de l’éducation à la mode, et les Babyloniens [426], pièce qui dénonce la faiblesse du gouvernement d’Athènes dans les pays confédérés de la ligue de Délos, sans beaucoup d’égards pour Cléon qui riposta aussitôt en accusant l’auteur d’injustice envers les citoyens; les Archaniens, (425), la première en date des onze comédies qui nous sont parvenues parmi les quarante-quatre que les anciens attribuent au poète, aurait également été représentée dans les conditions précitées — Les Archaniens, Les Cavaliers, Les Nuées, Les Guêpes, La Paix, Les Oiseaux, Les Thesmophories, Lysistrata, Les Grenouilles, l’Assemblée des Femmes, Ploutos. Même si plus tard Aristophane continua à se servir de prête-noms, pour des raisons que nous ignorons, en 424, c’est sous son nom qu’il porta lui-même à la scène Les Cavaliers, violente et amère attaque contre Cléon : très audacieuse, de plus, car le démagogue était alors au comble de sa puissance et de sa fortune. Les Nuées sont de 423 : Socrate, naturellement un Socrate de fantaisie, même en admettant que le poète ait tiré quelques détails de la réalité, y est raillé et tourné en ridicule dans un amusant débat qui oppose la nouvelle et l’ancienne éducation. La pièce ne plut pas au public athénien et n’obtint que le troisième prix : l’auteur qui la considérait comme son chef-d’œuvre (cf. Nuées vers 522; Les Guêpes vers 1047) la retoucha plus tard et c’est dans cette seconde version qu’elle nous est parvenue (composée entre 422 et 417), version qui ne fut jamais représentée. En 422 il donne Les Guêpes, caricature immortelle de la manie des procès qui sévissait dans l’Athènes de la fin du Ve siècle, une  farce brillante qui plut beaucoup à Racine : cet auteur tragique raffiné n’hésita pas à s’en inspirer pour ses Plaideurs. Un comique débridé caractérise la Paix (421) qui reprend le thème des Acharniens — ce thème servait également de base aux comédies, de nos jours perdues. Aristophane se fait le chantre mélancolique de la paix : la suspension des hostilités était dans l’air après la mort, à Amphipolis, de Cléon l'Athénien et de Brasidas le Spartiate, les deux « pilons » de la guerre, et après le début des négociations de Nicias. Les Oiseaux (414) sont le triomphe de la fantaisie, de l’esprit, du caprice. Véritablement, dans cette comédie aux thèmes multiples et variés : l’exaltation du pays de cocagne, la représentation féerique de ce pays imaginaire fondé par deux Athéniens entre ciel et terre avec l’aide des oiseaux, l’ironique moquerie des sottises et des ridicules humains, l’abandon de l’âme à la nature sereine, vue comme un refuge, Aristophane joint « les plus grandes qualités de Rabelais aux dons sublimes de Shelley ». Le poète à la gaieté franche et sensuelle, le poète rude et amer, dans son amour pour la nature et les animaux, exalte les plus joyeuses créatures du monde avec une légèreté aérienne : l’aspiration à une vie différente de la vie humaine, insouciante et gaie, lui inspire ses chants les plus beaux. Par la suite, il n’atteignit plus jamais à cette légèreté rêveuse des Oiseaux; il faut reconnaître, d’ailleurs, que les événements (la catastrophe de Sicile est de 413, ainsi que l’occupation par les Spartiates de Décélie; de 411 date le coup d’État oligarchique d’Athènes) se chargèrent d’inculquer plus de sévérité à sa Muse. Ce n’est pas pour rien que Lysistrata est de 411, protestation impartiale contre la guerre où le soin de conclure la paix est confié à Lysistrata qui, à la tête des femmes, emploie des moyens de persuasion très originaux, ainsi que les Thesmophories qui, sous le couvert de la misogynie, sont une charge éblouissante d’Euripide et de ses tragédies. Un an avant la défaite finale d’Athènes, Aristophane porta sur la scène (405) les Grenouilles, qui touchent à un argument cher à son cœur : la signification de la poésie. Dionysos descend chez Hadès pour ramener Euripide sur la terre désormais privée d’auteurs tragiques, et finit par remonter en compagnie d’Eschyle, le vrai, le maître unique. Quelques années auparavant, le poète avait repris ses polémiques littéraires dans le Géritas, comédie dont on ne connaît que des fragments; il proclamait alors avec clarté et noblesse la portée pédagogique de l’art. Ce fut peut-être l’unique circonstance où Aristophane, parlant de politique, adressa des paroles sérieuses à ses concitoyens, recommandant dans sa parabase l’égalité des droits, la réconciliation, l’amnistie : ce fut aussi l’une des rares fois où le public athénien décréta les honneurs d’une seconde représentation pour une comédie. Les deux dernières pièces d’Aristophane qui nous sont parvenues, l'Assemblée des femmes (392) et Ploutos (388), remaniement d’un Ploutos déjà joué en 408, ont été dénommées comédies sociales, à tort, du reste. Elles ont, en effet, en commun, le fait d’être des polémiques contre l’injuste distribution des richesses, mais le communisme de l'Assemblée des femmes n’est qu’un prétexte pour faire rire tandis que, dans le Ploutos — il ne faut pas l’oublier lorsqu’on en met en relief les aspects moralisants, — la pauvreté, maître de tous les arts et amie du genre humain, est honteusement chassée. Aristophane composa encore deux pièces, le Côcalos et l'Aiolosicon, dont nous ne savons rien, sinon qu’il les fit représenter sous le nom de son fils, Ârarôs, auteur comique, voulant ainsi lui ménager les faveurs du public. Et effectivement, Ararôs fut vainqueur aux Dionysies de 387. L’année de la mort d’Aristophane n’est pas attestée : on doit pouvoir la situer vers 385 sans risque d’erreur (il était certainement mort dans les années 375-372), mais il est curieux de constater que l’on sait bien peu de chose de cet auteur dramatique qui fit du peuple athénien le protagoniste de ses pièces et, seul parmi les poètes comiques de l’Antiquité, assuma une fonction politique (il figure sur la liste des prytanes au début du IVe siècle) ; les biographies anciennes ne fournissent que de rares et incertaines informations, incertaines aussi les dates des comédies venues jusqu’à nous, les noms et les dates de celles qui ont disparu. La personnalité d’Aristophane est complexe et variée, elle attire par la diversité de ses aspects. Le moraliste qui semble parfois mettre son art au service d’un idéal élevé, parle ensuite du vice et des vicieux avec une joyeuse indifférence; le politique qui semble réellement vouloir diriger de la scène l’opinion publique ne se propose souvent que de rire de tout et de tous; le champion de l’éducation traditionnelle, en lutte contre Socrate et Euripide, n’est pas moins sophiste que les sophistes, ni moins enclin au lyrisme qu’Euripide. Défenseur de la religion, toujours contre Socrate et Euripide, il se moque plus d’une fois des dieux qu’il représente au théâtre comme des êtres peureux, avides, brutaux. Dans ses pièces, aux plaisanteries grossières, aux farces triviales succèdent les chants les plus graves et les plus légers, aux scènes grotesques, aux maladresses énormes, des discussions subtiles et élevées, aux attaques les plus violentes et aux railleries les plus cruelles, des louanges sincères et orgueilleuses pour Athènes et ses habitants. Il est, à lui seul, un monde mouvant et multicolore, passionné pour les contrastes, qui se nourrit d’une force élémentaire et cependant très rare : la joie, la « joie de vivre », comme l’a écrit récemment un critique, « qui jaillit du fond du cœur, sans raison, mais qui naît d’elle-même et se suffit à elle-même, et ne saurait devenir un objet de réflexion, parce que la réflexion la détruirait. » Railleur et fantaisiste, bizarre et sublime tout ensemble, Aristophane fut vraiment le dernier grand poète de la jeunesse de la Grèce. Platon l’avait bien compris et, bien des siècles plus tard, Heine également lorsqu’il compare la poésie d’Aristophane à un arbre merveilleux où grimpent les singes et chantent les rossignols. Pour la biographie d’Aristophane (en dehors des informations que le poète nous fournit lui-même dans ses comédies, notamment dans les parabases), des indications nous viennent de deux sources dans le Cod. Vénitien Marciano 474, le Schol. à Plat. Ap. 19 c, d’une brève note dans Suidas, d’un autre de Thomas Magister dans le Cod. Laurent. XXXI, IV.




ARISTOPHANE (Athènes, v. 445-v. 386 av. J.-C.). Grand auteur comique grec. Fidèles à la tradition de la comédie grecque, les pièces d’Aristophane comportent des allusions à l’actualité, des attaques personnelles, mais aussi des moqueries à l’égard des dieux et font figure de satire des nouveaux courants intellectuels, philosophiques et politiques de son temps. Ses tableaux vivants, ses plaisanteries souvent grossières ont déchaîné des rires irrésistibles. Des 44 comédies qu’on lui a attribuées, 11 seulement nous sont parvenues. Les plus célèbres sont La Paix (contre la guerre du Péloponnèse), Les Nuées (contre les sophistes), et Les Guêpes (contre les juges de l’Héliée). Elles lui valurent souvent d’être primé lors des concours théâtraux organisés dans le cadre des Dio-nysies et des Lénéennes.



♦ « Les Muses, en cherchant un temple qui ne disparût Jamais, trouvèrent l’âme d’Aristophane. » Platon. ♦ « Son art est égal à son génie : il le sert sans le dominer. Ensemble, ils donnent l’impression d ’une des imaginations les plus fécondes, les plus libres et les plus gracieuses que l’on puisse citer, associée à l’esprit le plus vif, le plus clairvoyant, et à l’instinct le plus prompt du ridicule. » M. Croiset. « Il est, avant tout, un comique. Il l’est à tel point, qu’il ne se soucie pas d ’éviter les contradictions. Partisan des vieilles croyances, il met les dieux en posture ridicule; ennemi des nouveautés, il les adopte avec empressement quand elles se prêtent à ses desseins. » C. Glotz. Il fait entendre au peuple qu’un changement complet de sa mentalité s’impose, que le retour aux mœurs anciennes et aux travaux des champs peut seul sauver l’Etat et rendre le peuple heureux. » H. van Daele. ♦ « Ce qui le rend admirable dans [ses] moments de haute inspiration, c’est une grande simplicité, l’absence de toute enflure et, dans la familiarité et l’émotion, une retenue qui confère à ses propos une allure mâle. » Marcel Aymé.

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