ARCHITECTURE
ARCHITECTURE Le Moyen Âge nous a légué de nombreuses réalisations monumentales ; dans le domaine militaire, la construction la plus spectaculaire est le château fort. Mais le génie architectural éclate surtout dans le domaine religieux : églises, cathédrales -romanes ou gothiques -et abbayes, en sont les plus remarquables témoignages. Formulée dans son idéal dès l’époque carolingienne (plan de Saint-Gall), l’architecture abbatiale, qui ordonnance autour de l’église et du cloître les divers bâtiments nécessaires à la vie conventuelle - scriptorium, salle capitulaire (ou salle du chapitre, lieu de réunion), armarium (bibliothèque), carminata (chauffoir), réfectoire, dortoir, etc. -, connaîtra son plein épanouissement dans les abbayes et les prieurés clunisiens, cisterciens, puis des ordres mendiants ou prêcheurs. L’architecture domestique, en revanche, reste en retrait. Si les façades des hautes maisons urbaines à colombage s’ornent parfois de sculptures, l’habitat paysan, lui, évolue peu.
architecture.
1. Grecque. Les formes les plus anciennes que nous connaissions se trouvent dans les vestiges de l’époque mycénienne, dont la date s’échelonne entre le XVIe et le XIIe siècle av. J.-C. L’élément le plus caractéristique en est la construction de palais entourés de murs en appareil dit cyclopéen, assemblage de gros blocs de pierre polygonaux. Le noyau du complexe palatial est le mégaron, « la salle », dont les origines remontent au néolithique. Dans les palais mycéniens, il est constitué d’un portique, d’un vestibule et d’une grande salle avec un foyer circulaire en son centre, entouré de quatre colonnes qui soutiennent le toit. Toutes les pièces secondaires et les couloirs donnent sur le mégaron. Les colonnes sont en bois, et fuselées. Pour les ouvertures, on utilisait surtout la technique du montant et du linteau, mais les tombes en forme de ruche furent construites avec des rangées horizontales de pierres qui se rapprochaient progressivement pour former une voûte, et les galeries étaient couvertes d’une arche en V inversé. Avec le déclin de la civilisation mycénienne, l’architecture grecque se réduisit à des formes et à des matériaux très simples. Lorsqu’elle réapparut, elle se fonda sur le temple, plutôt que sur la grande demeure ou le palais. Les premiers temples grecs, constructions de bois et de brique, semblent dater de la fin du IXe siècle av. J.-C. L’architecture religieuse se développa pendant les trois siècles qui suivirent, non seulement en Grèce proprement dite (surtout à Delphes et à Olympie), mais aussi en Asie Mineure (en particulier avec les temples d’Artémis à Éphèse et d’Héra à Samos), ainsi qu’en Grande-Grèce et en Sicile (notamment Agrigente et Sélinonte). Dans les temples du VIe siècle av. J.-C., l’architecture monumentale atteint un haut niveau. Elle connut son apogée au Ve siècle, avec des temples comme ceux d’Aphaia à Égine, de Bassae dans le Péloponnèse, et surtout avec l’ensemble de temples érigés à Athènes sur l’Acropole dans la seconde moitié du Ve siècle : le Parthénon, l’Érechthéion et le temple d’Athéna Niké. Les grands architectes de cette époque furent Callicrate et Ictinos, architectes du Parthénon, et Mnésiclès, architecte des Propylées. Les temples étaient construits sur des soubassements à degrés. Leur largeur était en général égale à environ la moitié de la longueur, mais il y avait une grande diversité dans les proportions, la disposition des colonnes et des détails de plan. On peut distinguer les types de temple par le nombre de colonnes sur le devant et l’arrière : hexastyle lorsqu’il y a six colonnes, décastyle, lorsqu’il y en a dix; un temple entièrement entouré d’un péristyle, c’est-à-dire d’une colonnade couverte à une seule rangée de colonnes, est appelé périptère. C’est à partir du traitement de ces colonnades extérieures que les fameux ordres architecturaux se développèrent. L’architecture grecque connaissait trois ordres, définissant des styles qui étaient fondés essentiellement sur le dessin des colonnes.
I. L’ordre dorique est le plus ancien, élaboré au VIIe siècle av. J.-C. ; il apparut pour la première fois à Corinthe, et c’est le style normal en Grèce continentale, en Sicile et en Grande-Grèce.
La colonne dorique n’a pas de base, mais elle monte directement du sol; elle présente un léger renflement au quart de sa hauteur, et le rapport entre la hauteur et le diamètre maximal est environ de cinq ou six. Elle a de larges cannelures peu profondes (au nombre de vingt, habituellement), et elle est surmontée d’un chapiteau constitué d’une moulure arrondie, l’échine, et d’une dalle plate sans ornement, le tailloir. L’entablement repose sur le chapiteau, et sa partie inférieure, l’architrave, est une poutre rectangulaire en pierre qui va d’une colonne à l’autre. Au-dessus se trouve la frise, où alternent les triglyphes, surfaces divisées par des rainures verticales, et les métopes, panneaux carrés en retrait des triglyphes et décorés de sculptures. Au-dessus de la frise, il y a une corniche en surplomb; il y a encore deux corniches obliques, qui entourent avec la première le tympan, pour former le fronton.
II. L’ordre ionique se développa en Ionie et dans les îles de la mer Égée, à la fin du VIe siècle av. J.-C. La colonne est plus mince, avec un rapport hauteur-diamètre de 8 ou 9, et des cannelures plus profondes (normalement au nombre de vingt-quatre). Elle repose sur une base et le chapiteau est décoré de volutes. La frise dorique à triglyphes et à métopes est remplacée par une rangée de denticules, ou parfois par une frise décorée continue.
III. L’ordre corinthien était essentiellement un développement de l’ordre ionique. Il apparut dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C.; la colonne et l’entablement restent identiques à l’ordre ionique, mais le chapiteau est en forme de cloche renversée, et il est décoré de feuilles d’acanthe. Importé à Rome, l’ordre corinthien deviendra l’ordre impérial par excellence. Dans les temples les plus beaux, certains raffinements pour l’œil furent introduits : les lignes horizontales reçurent une légère courbure; les colonnes étaient légèrement inclinées vers l’intérieur, avec un renflement ou entasis, et celles des extrémités présentaient de légères variations de diamètre et d’espacement. Beaucoup d’autres constructions grecques restèrent toutefois rudimentaires jusqu’à une époque tardive. Au Ve siècle av. J.-C., le théâtre à ciel ouvert, le stade et le gymnase conservaient une forme simple, et les maisons étaient modestes, sur le plan du dessin et de la construction. Le matériau de construction le plus employé était les briques crues posées sur des fondations en pierre, même pour les fortifications. Certaines d’entre elles et les temples importants étaient entièrement en pierre, et au Ve siècle av. J.-C. on utilisa de plus en plus, lorsque c’était possible, des blocs de marbre polis et assemblés avec précision. Un élément important de l’architecture publique grecque tardive était la stoa.
2. Romaine. Les Romains empruntèrent aux Grecs les formes architecturales traditionnelles du temple et de la stoa (qui conduisirent à la basilique), ainsi que des éléments décoratifs. Ils les transformèrent en constructions majestueuses par leurs propres innovations architecturales : l’arc et le béton. Le béton apparut à la fin du IIIe siècle av. J.-C., et comme il était plus léger et moins cher, il remplaça la pierre de taille. Ses propriétés permettaient une architecture où l’on pouvait recouvrir d’un toit des surfaces plus grandes que si elles avaient été construites en pierre, et qui mettait aussi à profit sa résistance au feu et à l’humidité (comme pour les thermes, par exemple). Le béton permit aux Romains de construire des amphithéâtres qui ne nécessitaient pas un site naturel, ou des fondations en terre, mais qui reposaient sur un substrat constitué d’un réseau de galeries. Il leur permit aussi d’utiliser le principe de l’arc pour élaborer, à l’époque d’Auguste, la voûte et le dôme ; un des plus anciens exemples de dôme conservés se trouve à Baïes, mais le plus remarquable est celui du Panthéon de Rome. Les briques servaient de parement pour le béton; le marbre, les mosaïques murales et le stuc moulé avaient la même fonction, si bien que la décoration d’une construction dissimulait de plus en plus sa fonction; c’était particulièrement vrai des intérieurs. En revanche, les parties extérieures étaient nues, par comparaison. Les nouvelles tendances architecturales du début de l’Empire apparaissent dans des constructions telles que la Maison dorée de Néron, le palais de Domitien sur le Palatin et la villa d’Hadrien à Tivoli, caractérisés par la lumière intérieure et le sens de l’espace. Parmi les autres éléments caractéristiques de l’époque, on trouvé l’arc de triomphe, conçu comme monument isolé, et qui devint le symbole de la conquête romaine. À Rome, les premiers arcs commémoratifs furent érigés par L. Stertinius en 196 av. J.-C., mais c’est seulement sous l'Empire qu’ils se généralisèrent. Aux trois ordres de l’architecture grecque, les Romains ajoutèrent, au début de l’Empire, l’ordre composite, combinaison des ordres ionique et corinthien.