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apologue

Un apologue est une figure macrostructurale de second niveau, c’est-à-dire un lieu. On l’appelle aussi fable, et on n’a aucune raison rhétorique de le distinguer de l’exemple. L’apologue est donc un récit qui, en général, raconte une anecdote à la troisième personne, de telle manière que le petit drame rapporté ait une valeur d’expression universelle de portée générale, à titre d’illustration d’une question morale. L’apologue peut ainsi être considéré comme bâti sur un système fondamentalement allégorique. Selon Aristote, on distingue, pour les récits relevant du type et ayant la visée que l’on vient d’indiquer, ceux qui sont faits « quand on raconte des choses advenues autrefois» - ce serait proprement l’exemple; et ceux qui sont faits « quand on les feint et récite comme advenues» - ce serait proprement la fable ou l’apologue. Mais la mythification générale et la portée symbolique essentielle semblent bien confondre, dans une même pratique codifiée, les histoires apparemment authentiques, et les fictions soit vraisemblables soit fondées sur l’animation et l’humanisation d’inanimés, d’animaux ou de déités.

Prenez en gré mes vœux ardents Et le récit en vers qu 'ici je vous dédie. [...] Dans Athéné autrefois, peuple vain et léger, Un Orateur, voyant sa patrie en danger, Courut à la tribune; et d'un art tyrannique, Voulant forcer les cœurs dans une république, Il parla fortement sur le commun salut. On ne l'écoutait pas. L'Orateur recourut À ces figures violentes Qui savent exciter les âmes les plus lentes : Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu’il put. Le vent emporta tout, personne ne s’émut

[...]

Que fit le harangueur? Il prit un autre tour. « Cérès, commença-t-il, faisait voyage un jour Avec l’Anguille et l’Hirondelle; Un fleuve les arrête; et l’Anguille en nageant, Comme l’Hirondelle en volant, Le traversa bientôt. » L’assemblée à l’instant Cria tout d’une voix : «Et Cérès, que fit-elle? - Ce qu’elle fit? Un prompt courroux L’anima d’abord contre vous. Quoi ? de contes d’enfants son peuple s’embarrasse ! Et du péril qui le menace Lui seul entre les Grecs il néglige l’effet! Que ne demandez-vous ce que Philippe fait?» À ce reproche l’assemblée, Par l’apologue réveillée, Se donne entière à l’Orateur : Un trait de fable en eut l’honneur. Nous sommes tous d’Athène en ce point; et moi-même, Au moment que je fais cette moralité, Si Peau d’âne m’était conté, J'y prendrais un plaisir extrême.

La Fontaine donne ici («Le Pouvoir des fables») un double exemple d’apologue ou de fable, glosant même sur l’équivalence des termes, en présentant la mise en scène d’un apologue fabuleux à l’intérieur de son propre récit qui est un apologue pseudohistorique ou exemplaire de la vanité de l’esprit humain.

=> Figure, macrostructurale; niveau, lieu; allégorie, symbole, parabole.

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