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aphorisme

aphorisme

Phrase concise qui résume l’essentiel d’une pensée ou tire la leçon d’une expérience.

Commentaire

La concision nécessaire des aphorismes leur donne une autorité et une valeur proverbiales. Ils se rapprochent ainsi de la maxime et de l’adage. Cependant, si les aphorismes développent le plus fréquemment une vérité d’expérience, ils n’en sont pas pour autant tournés vers la seule morale : on connaît les Aphorismes d’Hippocrate, qui contiennent des vérités scientifiques et médicales, les Aphorismes de Nietzsche, qui véhiculent une pensée philosophique. Contradictoires, paradoxaux, les aphorismes sont souvent des exercices de style où l’esprit brille par la surprise, la concision et la pertinence.

Exemples

Ceux qui sont pris de tétanos meurent en quatre jours ; s’ils passent ce terme, ils guérissent. (Hippocrate, Aphorismes, section V, 6, trad. de Daremberg.) L’homme est une corde suspendue entre la bête et le Surhumain, une corde sur l’abîme. (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.} Ceux qui déclarent aimer infiniment sont ceux qui aiment infiniment peu. (Nathalie Clifford Barney, Souvenirs indiscrets, « Sur l’amour ».)

APHORISME nom masc. - Phrase formulée de manière à condenser l’idée exprimée avec le maximum de force et de concision.

ÉTYM. : du bas-latin aphorismus lui-même venu du grec aphorismos = « définition » employé d’abord à propos des aphorismes d’Hippocrate (médecin grec). L’aphorisme a été le mode d’expression préféré des moralistes du XVIIe et du XVIIIe siècle. Il convenait, en effet, idéalement aux principes édictés par le classicisme : l’économie de moyens et la clarté autant que la densité de la pensée. Les Maximes de La Rochefoucauld, les Pensées de Pascal, les Caractères de La Bruyère sont une mine de réflexions, d’observations, toujours pertinentes sur les mœurs, la nature humaine, les problèmes moraux. Ces recueils d’aphorismes, ou ces ouvrages contenant des aphorismes, constituent, auprès des tragédies de Racine et de Corneille et des comédies de Molière, le meilleur témoignage de l’universalité de l’art classique. A leur suite, Vauvenargues, Chamfort, Rivarol au XVIIIe siècle, Joubert au XIXe siècle, ont écrit des aphorismes percutants et profonds. En Allemagne, Lichtenberg (1742-1799) utilisera aussi le genre en le marquant au coin de l’humour. Avec le philosophe et poète allemand Friedrich Nietzsche, l’aphorisme fera le lien entre le classicisme et notre modernité. Prenant modèle sur les moralistes français, Nietzsche prendra à contre-pied toute la tradition philosophique. Il ne se contentera pas d’utiliser l’aphorisme comme procédé d’expression, mais en fera un nouveau mode de pensée. De nos jours, Cioran a trouvé dans l’aphorisme un moyen parfaitement adéquat pour formuler ses réflexions amères et désenchantées sur la condition humaine. Exemples empruntés à Cioran {Syllogismes de l’amertume, 1952) : « Quand nous sommes à mille lieues de la poésie, nous y participons encore par ce besoin subit de hurler, dernier stade du lyrisme. » « Rien ne dessèche tant un esprit que sa répugnance à avoir des idées obscures. » « Une vogue philosophique s’impose comme une vogue gastronomique : on ne réfute pas plus une idée qu’une sauce. »

—► Maximes - Pensées — Sentences

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