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ANTONESCU Ion (1882-1946)

ANTONESCU Ion (1882-1946)

Maréchal roumain, Premier ministre et dictateur de 1940 à 1944.

Officier de cavalerie, Ion Antonescu est chef d’état-major durant la Première Guerre mondiale, puis attaché militaire à Paris (1922-1923) et à Londres (1923-1926), chef d’État-Major général (1933), ministre de la Guerre (1937-1938). Il devient Premier ministre du roi Carol II (1930-1940) qu’il oblige à abdiquer en faveur de son fils Michel (1940-1947). Investi des pleins pouvoirs, I. Antonescu proclame la révolution nationaliste, déclare la Roumanie « État national-légionnaire » et gouverne avec la Garde de fer (Légion de l’archange Michel), organisation terroriste d’extrême droite. Il abroge la Constitution de 1938 et les corps législatifs, restructure l’armée et organise l’élimination des Juifs et des francs-maçons de la vie économique et politique par la politique de « roumanisation » qui aspire à créer une bourgeoisie « nationale ». En conflit avec la Garde de fer, qui multiplie assassinats et pillages et fait régner la terreur, il l’écarte du pouvoir (23 janvier 1941) et gouverne avec des militaires et des spécialistes civils.

Sur le plan extérieur, il propose la récupération des territoires perdus en 1940 à l’est (Bessarabie, Bucovine du Nord) et à l’ouest (Transylvanie du Nord), fait adhérer la Roumanie à l’Axe (23 novembre 1940) et participe à la guerre contre l’URSS à partir du 22 juin 1941. Après la libération des territoires roumains, il continue la « croisade contre le bolchevisme » jusqu’à Stalingrad et au Caucase et organise la déportation des Juifs et des Tsiganes en Transnistrie (1941-1943). La déportation a touché environ 250 000 personnes, dont la moitié a péri sur place.

Destitué et arrêté à la suite du coup d’État qui donne le pouvoir au roi Michel (23 août 1944), il est livré aux Soviétiques. Jugé à Bucarest et condamné à mort dans le « procès de la trahison nationale », il est exécuté avec trois de ses ministres le 1er juin 1946.

Il sera partiellement « réhabilité » à partir de 1985-1986 par des cercles d’extrême droite en tant que « sauveur de la nation » et « combattant antisoviétique ».

Antonescu, Ion (Piteshi, Valochie, 1882-Bucarest 1946) ; maréchal et homme politique roumain. Né le 15 juin 1882, cet officier de carrière est issu d’une vieille famille de militaires et marque de son empreinte l’histoire de la Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale. Gravissant rapidement les échelons de l’armée, il dirige durant la Première Guerre mondiale la section des opérations à l’état-major roumain. En 1933, A. est nommé chef d’état-major général mais démissionne en 1934 lorsque ses plans de rénovation de l’armée sont rejetés. Le 27 décembre 1937, il détient le portefeuille de la Défense dans le cabinet national-chrétien de Goga, qu’il conserve dans le premier cabinet Christea jusqu’au 30 mars 1938, même après l’instauration de la dictature par le roi Charles II ; mais il doit se retirer en raison de la défaveur du roi. Il est arrêté le 9 juillet 1940, remis en liberté dès le 11 juillet mais assigné à résidence ; sa libération n’est pas due, comme on l’a dit, à une intervention de l’ambassadeur d’Allemagne auprès du gouvernement roumain. A la suite du pacte germano-soviétique et du diktat de Vienne du 30 août 1940 imposé par Mussolini et Hitler, la Roumanie neutre doit céder la Bessarabie et la Bucovine à l’Union soviétique, le nord de la Transylvanie à la Hongrie et une partie de la Dobroudja à la Bulgarie ; il en résulte une grave crise intérieure. Il faut alors trouver un homme capable d’empêcher l’armée de prendre des mesures belliqueuses contre la Hongrie, mais également habile pour collaborer avec la Garde de Fer, créée en 1931 par Comeliu Codreanu, aux opinions extrémistes de droite qui tente un putsch le 3 septembre. A. est alors nommé par le roi le 4 septembre 1940 Premier ministre doté des pleins pouvoirs. Sous la pression de la Garde de Fer, le roi Charles II abdique le 6 septembre en faveur de son fils Michel Ier. Le 14 septembre, A. est nommé chef de l’État en liaison avec la Garde de Fer jusqu’à ce que celle-ci fomente un autre putsch les 21 et 23 janvier 1941, qu’A. réprime dans le sang. À partir de ce moment, A. exerce une véritable dictature sous le nom de Conducàtor. Il se fait nommer maréchal de Roumanie le 23 août 1941 et s’appuie étroitement sur l’Allemagne, qui le soutient car, bien qu’il ne professe pas une idéologie fasciste, il représente pour les nazis une garantie de docilité et d’ordre. C’est d’ailleurs sous son gouvernement que pénètrent en Roumanie le 12 octobre 1940 les premières troupes allemandes d’instruction et que son pays entre dans le pacte des Trois Puissances les 22 et 23 novembre 1940. Le 22 juin 1941, A. proclame la « Guerre sainte », c’est-à-dire la croisade contre le bolchevisme, et jette la Roumanie aux côtés de l' Axe dans la guerre contre l’URSS. Les combats entraînent d’énormes sacrifices en hommes, surtout en décembre 1942 lorsque les divisions roumaines sont écrasées par les Soviétiques au nord-ouest et au sud de Stalingrad. A cette date, la dégradation des rapports entre le roi et A. est de plus en plus évidente et une forte tension naît entre Berlin et Bucarest. A. vise à sauvegarder l’indépendance de la Roumanie, et dans ce but il tolère depuis l’hiver 1942-1943 les efforts entrepris par des hommes politiques roumains afin d’obtenir un armistice avec les puissances occidentales. Comme ces démarches n’aboutissent pas, on tente d’ouvrir en 1944 des négociations avec l'Union soviétique. Le 20 août 1944 commence la grande contre-offensive russe qui balaie le front germano-roumain sur la Moldau (Vltava). Cela amène le roi Michel à limoger A. le 23 août sous la pression de l’insurrection nationale dirigée par l’opposition Maniu-Bratianu. Il est arrêté dans le palais présidentiel par les troupes spéciales de l’agent soviétique Bodnara. En septembre, il est livré à la Russie soviétique par les Roumains et ramené dans son pays en avril 1946 pour comparaître devant la justice. Son procès se déroule du 6 au 17 mai et le jugement rendu le condamne à mort ; il est exécuté le 1er juin 1946 à Jilava.

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