antithèse

L’antithèse est une figure macrostructurale. Elle consiste en l’expression d’une opposition conceptuelle forte dans un discours, opposition demeurant même si les termes qui l’expriment en étaient changés, le sens global résidant aussi plus entre les pôles de la contradiction que dans la valeur de chacun des deux - tous traits caractérisant parfaitement une figure de type macrostructural. Voici un extrait des Mémoires d’outre-tombe :

M. Thiers fait-il état de ses principes ? pas le moins du monde : il a préconisé le massacre, et il prêcherait l’humanité d’une manière tout aussi édifiante; il se donnait pour fanatique des libertés, et il a opprimé Lyon, fusillé dans la rue Transnonain, et soutenu envers et contre tout les lois de septembre : s’il lit jamais ceci, il le prendra pour un éloge.

Opposition entre des principes et les actions, entre des massacres et la bonté, entre le goût des libertés et le comportement dictatorial, entre la critique acerbe et l’éloge, entre le jugement de l’auteur et celui du personnage. On a à dessein utilisé, dans ce relevé, des termes concrètement employés dans le texte, et d’autres qui n’y sont pas : on aurait pu mélanger autrement, ou même ne point citer textuellement du tout. La multiple série des contradictions mutuelles n’en eût point été pour autant altérée. On ajoutera que l’information centrale véhiculée ici par Chateaubriand ne réside pas essentiellement dans chacun des termes de la charge, mais bien dans le choc de ces oppositions : le choix de l’antithèse relève donc bien d’une démarche figurée de l’efficacité et de la force. Il n’en reste pas moins que, occurremment, certains passages antithétiques peuvent être éventuellement soutenus par des figures microstructurales comme l’oxymore.