ANTIFASCISME (Italie)
ANTIFASCISME (Italie)
Dans les années 1920, en dehors des communistes qui considèrent comme fasciste tout ce qui n’est pas leur parti, l’Italie est le seul pays où l’antifascisme a revêtu un sens concret. Il s’oppose à la violence du premier fascisme, à la Marche sur Rome et à l’installation de la dictature. Le combat commun et l’exil, surtout en France, rapprochent quelques catholiques et libéraux, des anarchistes, les républicains, les socialistes réformistes ou maximalistes. Groupés dans la Ligue italienne des droits de l’homme et un cartel, la Concentration antifasciste, ils veulent, non pas agir vers l’Italie, du fait d’échecs douloureux, mais alerter une Europe indifférente. Leur expérience les conduit à réévaluer la démocratie formelle et à insister sur ses bases économiques. En 1934, le danger nazi et l’émeute du 6 février en France font converger communistes et non-communistes. Si l’antifascisme camoufle les divergences, longtemps les socialistes, voire certains libertaires, condamnent les procès de Moscou ou la répression menée à Barcelone, en mai 1937, par les communistes staliniens contre des courants révolutionnaires, sans renier cependant une alliance jugée nécessaire. Malgré l’enthousiasme pour l’Espagne républicaine et la mobilisation de 5 000 volontaires dans les Brigades internationales qui combattent dans la guerre civile, les espoirs déçus, la durée de l’exil et l’intégration au pays d’accueil usent l’antifascisme. Il forme pourtant des cadres pour l’après-fascisme, dont les présidents de la République Giuseppe Saragat (1964-1971) et Sandro Pertini (1978-1985). Un pendant antifasciste existe bien dans le pays. Il est incarné par des groupes épars et pourchassés, une opposition « dormante », réduite au cadre familial, qui se réveille en 1943 dans la Résistance.