André Frénaud
Poète né à Montceau-les-Mines le 26 juillet 1907. Etudes secondaires à Dijon, philosophie et droit à Paris. Fait prisonnier pendant la guerre, il rejoint la Résistance. Fonctionnaire dans l’Administration publique de 1937 à 1967. L’œuvre d’André Frénaud a été illustrée par les plus grands noms de la peinture contemporaine (Léger, Miro, Villon, Masson, Dubuffet, etc.). Dès l’Enorme Figure de la raison (1943-44), poèmes dédiés à André Malraux, qui chantent la révolte («Je proclame les droits de l’homme d’être un dieu »), —poèmes que l’on pourrait dire « engagés »— la poésie d’André Frénaud se révèle comme une dynamique, un mouvement irrésistible porté en avant vers la résolution dialectique des contradictions. « Je veux remonter à la source» écrit-il dans Source totale en 1948, à la source d’une « vraie patrie » qui se dérobe sans cesse sous les mots. Car « il n’y a pas de paradis » : « Je ne peux entendre la musique de l’être. Je n ’ai reçu le pouvoir de l’imaginer. Mon amour s'alimente à un non-amour. Je n 'avance qu 'attisé par son refus. Tout le parcours, tous les poèmes de Frénaud, sont jalonnés par des haltes plus ou moins heureuses, lieux d’approches du « passage de la visitation » où le poète « construit (enfin) ce qui est » ? Tout en sachant, — dérision toujours en éveil —, que le poème n’est qu’une « pauvre fête », « une machine à faire entendre quelque chose de l’événement », Frénaud à su user de tons, de rythmes, de vocabulaire et de thèmes aussi divers qu'apparemment opposés, afin de saisir dans un mouvement devenu totalité la fusion de l’Unité et de la Réalité. Ayant exprimé ce qui le dépasse, le poète peut alors {doit) reprendre sa quête, car il n’y a point de salut, même si la tentation de l’expérience religieuse existe. Dans ses poèmes de la Sainte Face qu’il présente comme des «avatars christiques », Frénaud poursuit son exploration des grands mythes de notre société, en réinterprétant à sa façon (ironique et solennelle à la fois) les Mystères et Passions du Moyen Age. Le poète pour être « visité » doit constamment se défier de ses pouvoirs et le langage se dépasser lui-même,: — paradoxe fondamental de l’acte poétique dont l’œuvre d’André Frénaud témoigne avec générosité. ► Bibliographie
La plupart des poèmes d'André Frénaud ont été regroupés dans deux éditions collectives : Il n'y a pas de paradis et la Sainte Face, Gallimard, 1962 et 1966. Il n'y a pas de paradis a été réédité dans la collection de poche Poésie/ Gallimard, en 1967, avec une préface de Bernard Pingaud . La Sorcière de Rome, Gallimard, 1973; les Rois mages, Gallimard, rééd. 1977; Étude : André Frénaud, par G.-E. Clancier, Poètes d'aujourd'hui, Seghers.