anaphore
Une anaphore est une figure de type microstructural, variété de répétition; on peut même dire que l’anaphore est la variété la plus élémentaire de répétition. C’est donc une figure qui joue matériellement et uniquement sur le son des termes. Il y a anaphore lorsque, dans un segment de discours, un mot ou un groupe de mots est repris au moins une fois, tel quel, à quelque place du texte que ce soit. Ex. :
Mais te voir, cher esclave, obéir à la moindre Des ombres dans mon cœur se fuyant à regret, Voir sur mon front l’orage et les feux d’un secret, Voir, ô merveille, voir! ma bouche nuancée
(Valéry, «Fragments du Narcisse», Charmes)
Quatre apparitions du même mot voir. Mais, malgré l’apparente symétrie syntaxique, la distribution de ce mot répété n’est pas rigoureusement identique : d’abord, le complément d’objet en est placé devant ; ensuite, voir est suivi sans interruption d’un complément non essentiel ; puis vient juste après la troisième occurrence une segmentation par une exclamation ; enfin, la quatrième occurrence est encore plus spécialement marquée par l’indication d’une étonnante modalité exclamative qui oblige à séparer ce verbe de son complément d’objet. On a donc bien une simple (si l’on ose dire) anaphore, et non pas une épanaphore. L’anaphore cependant, comme on le voit, n’est pas une répétition si simpliste qu’on pourrait le croire : elle donne beaucoup d’allure, de souffle, au texte qu’elle soutient.
=> Figure, microstructurale; élocution, répétition, épanaphore.