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Alliance de mots

Alliance de mots Figure de style dans laquelle deux mots de sens opposé sont juxtaposés. (une « boucherie héroïque », Voltaire, Candide, à propos de la guerre ; une « obscure clarté », Corneille, Le Cid ; une « jolie laide » ; un « honnête coquin » ; « un bourgeois gentilhomme » ; « une ignorance encyclopédique ».)

ALLIANCE DE MOTS - Figure de style appelée également oxymoron ou oxymore qui vise à créer un effet expressif en « alliant », c’est-à-dire en juxtaposant des termes dont les sens sont contradictoires. L’alliance de mots est une sorte d’antithèse outrée déjà utilisée par les auteurs grecs et latins. Elle peut servir à faire ressortir une contradiction, dans un sens négatif ou positif. Ainsi l’ironie de Toinette est évidente quand, dans Le Malade imaginaire de Molière, elle s’extasie sur « un beau jeune vieillard de quatre-vingt-dix ans ». Mais c’est pour exalter les vertus du christianisme que Bossuet en célèbre les « glorieuses bassesses ». De même, une prière du XVIIe siècle désigne l’enfant Jésus par l’expression « cet immense tout-petit», ce qui dit beaucoup en peu de mots. Pourtant, le plus souvent, l’alliance de mots permet de fondre des valeurs opposées dans un dessein d’expressivité poétique : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. » La célèbre image de Corneille, dans sa description d’une bataille qui figure dans Le Cid (1637), fait penser à un procédé familier à la peinture depuis le XVIIe siècle, le clair-obscur. L’un des emplois les plus fréquents de l’alliance de mots consiste à fondre l’ombre et la lumière. Dans la poésie du XIXe siècle, cette fusion des contraires cessera d’être un pur ornement du style pour devenir l’expression d’une véritable vision du monde. Par exemple, chez Nerval dans « El Desdichado » : « Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le soleil noir de la mélancolie. » Baudelaire associera, quant à lui, l’eau et le feu : « J’ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux. » (« La vie antérieure ») « Les soleils mouillés De ces ciels brouillés » (« L’invitation au voyage ») Il a aussi recours, de façon plus subtile, au procédé pour exprimer l’union de l’esprit et des sens ou plutôt la maîtrise des sens par l’esprit (dans « La vie antérieure ») : « C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes. » —> Antithèse - Oxymore

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