Alexis PHILONENKO: Qu’est-ce que la philosophie ?
Alexis PHILONENKO: Qu’est-ce que la philosophie ?
La philosophie est toujours le résultat d’un choix, d’un engagement. Ce qui distingue le philosophe de l’historien de la philosophie, c’est essentiellement l’intuition de la totalité. La vérité n’est pas seulement une affaire d’esprit, c’est aussi une leçon de vie. C’est pour cela que la philosophie est pour Philonenko inséparable de l’humanité de l’homme et qu’on ne peut en envisager la disparition sans que l’homme perde son statut de sujet capable de penser le sens de son existence. Mais la philosophie est autre chose que l’art de poser des questions auxquelles chaque philosophe répondrait à sa manière. En fait, l’auteur conteste un point de vue fréquent au sujet de la philosophie. Les questions philosophiques ne peuvent recevoir une infinité de réponses parce qu’il y est d’abord question de la vie humaine et que celle-ci dans sa diversité recherche une cohérence. Dès lors, la tâche du philosophe est d’être conséquent avec lui-même, c’est-à-dire fidèle à la fois à un idéal de pensée et de vie.
La philosophie nécessaire à l'homme
- humanité: ce n'est pas seulement l'ensemble des êtres humains ni l'espèce humaine mais c'est l'idée que la philosophie se fait de l'homme : être capable de penser par lui-même.
- s'orienter : la philosophie est la recherche d'une orientation, c'est-à-dire d'un commencement qui soit aussi un fondement.
Le philosophe sait que l’univers humain est une totalité et que la totalité est universelle. Souvent passe ici la coupure qui sépare le philosophe et l’historien de la philosophie. Incapable de pénétrer la totalité universelle avec autant de puissance que le philosophe, l’historien se contentera, par exemple, d’exposer la philosophie religieuse d’un Leibniz ou d’un Hegel. C’est faire œuvre pieuse et cela n’est nullement contraire à l’honneur, ni à la fidélité. Et cette piété, qui n’attend aucune récompense, est en quelque sorte l’armure dont sera revêtu le gardien de la pensée. Peut-être l’histoire de la philosophie n’est-elle qu’un culte sans nécessité. On ne saurait le dire odieux. Cette tradition ne saurait s’éteindre. C’est une idée bien fausse que de penser qu’une nuit mourra le dernier philosophe. Tant que les hommes songeront aux Cieux, pour y trouver la vérité dont doit être entourée la Terre, la philosophie demeurera vivante. Et les hommes, qui ne seront jamais des animaux, regarderont toujours par delà les étoiles lointaines, en sorte que Humanité et Philosophie seront toujours indissociables et s’il n’est pas philosophe, le dernier des hommes ne sera qu’un animal. Mais, considérant cette tradition, ne croyons pas non plus, idée funeste, que les philosophes n’ont fait que se transmettre des problèmes auxquels ils ne trouvaient pas de réponses, si bien que la philosophie ne serait éternelle que dans ses questions vertigineuses. Platon a donné des réponses fondamentalement cohérentes, Kant aussi. Et, souvent, ce sont les mêmes, car il n’existe pas un nombre infini de manières de s’orienter dans la pensée. Il n’y a même qu’une seule manière de s’orienter dans la pensée et on peut, avec Kant, l’exprimer en peu de mots : “Le premier devoir d’un philosophe, c’est d’être conséquent”.
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