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ALBIGEOIS

ALBIGEOIS Autre nom des cathares (du grec katharos, «pur»), tenants d’une hérésie qui, venue de l’empire d’Orient par la Bulgarie puis l’Italie, fleurit en Provence et en Languedoc notamment dans le comté de Toulouse, aux xiie et xiiie siècles. Ne pouvant pas imputer le mal à Dieu, les cathares croyaient à l’existence de deux règnes, l’un invisible qui excluait le mal, l’autre visible, matériel, fait de souillures et de perversité, qui ignorait le bien. Très vite, l’hérésie cathare avait su cristalliser les mécontentements politiques et sociaux : elle avait séduit une bonne part de l’aristocratie laïque qui détestait l’Église, beaucoup de clercs que le comportement du haut clergé scandalisait, des bourgeois et des artisans. À côté des sympathisants, nombreux, se trouvaient les vrais adeptes de l’Église cathare, dont les plus résolus sollicitaient le consolamentum. Ce «baptême de l’Esprit» constituait le seul sacrement : pour le simple croyant à l’article de la mort, c’était l’assurance d’accéder au royaume de l’Être Éternel ; pour celui qui se destinait à l’assemblée des Parfaits, c’était le début d’une vie rigoriste, de jeûne et de travail. Parmi les Parfaits étaient choisis les diacres, les assistants, les évêques qui, ordonnés selon le rite du consolamentum, étaient à la tête du diocèse. L’Église, en combattant cette hérésie avec des moyens traditionnels (prédication), n’avait connu que des échecs. Alors le pape Innocent III, à bout de ressources, appela à la croisade en déclarant «l’exposition en proie » du comté de Toulouse. Cela signifiait que les croisés pourraient s’approprier les terres et les richesses conquises. En ce printemps de 1209, une horde de croisés déferla sur le Midi, encadrée par Simon de Montfort, un petit seigneur d’Île-de-France qui se fera vite remarquer par son talent militaire et par sa cruauté. Après la prise de Béziers (22 juillet 1209) et le massacre de 7 000 à 8 000 de ses habitants - brûlés vifs dans la cathédrale-, après la prise de Carcassonne (août 1209) et la défaite à Muret ( 12 septembre 1213) de Pierre II d’Aragon, qui s’était porté au secours de ses voisins, voici le comte de Toulouse, Raymond VI, qui n’a plus à lui que sa ville et Montauban. Pourtant quand, sous les murs de Toulouse, Montfort est tué par une pierre (25 juin 1218), le combat change d’âme. Et le comte reconquiert ses États. C’est alors que le roi de France, Louis VIII, qui jusque-là n’était pas intervenu, s’en mêle. Il s’empare des terres des Trencavel et du Languedoc, qu’il rattache au domaine royal. À sa mort, il reviendra à Blanche de Castille la tâche de mettre un terme à la lutte contre Raymond VII (fils du précédent comte de Toulouse), qui cessera toute résistance au début de 1229 (voir Traité de Meaux-Paris). La question politique réglée, restera à extirper l’hérésie, ce dont la Sainte Inquisition se chargera. Le dernier épisode de la lutte contre les Albigeois est resté tristement célèbre. Environ 500 purs (ou Parfaits), comme ils se nomment eux-mêmes, sont réfugiés dans le château de Montségur. Ils tiendront presque un an. Le 16 mars 1244, pourtant, 200 hommes et femmes seront contraints de se rendre ; refusant d’abjurer leur culte, ils seront brûlés vifs le surlendemain et le village de Montségur sera détruit.

ALBIGEOIS (CROISADE DES) Les albigeois - surnom donné aux hérétiques cathares - installés en Languedoc et autour de Toulouse avaient adopté des thèses manichéennes, venues de Lombardie, qui professaient le refus des fastes de l’Église et le rejet des sacrements (ils n’en reconnaissaient qu’un seul qui les regroupait tous, le consolamentum). Le pape Innocent III, sous l’influence des moines cisterciens, prêcha contre eux la croisade, et saint Dominique, pour lutter contre leur hérésie, partit en mission. La croisade, qui regroupait des barons du Nord avides de s’emparer de riches territoires, sous la direction de Simon de Mont-fort fut, pendant vingt ans, une suite de massacres des populations civiles, cathares ou non. Ainsi la population de Béziers fut-elle anéantie, les croisés ayant mis le feu à la cathédrale où elle avait cru trouver asile. Alors qu’on lui faisait observer qu’il y avait davantage de catholiques que de cathares parmi les suppliciés, le légat du pape eut cette réponse: « Dieu reconnaîtra les siens ! » Simon de Montfort s’empara de Béziers (1209), battit le roi d’Aragon à Muret (1213) et, après avoir conquis la majeure partie des États du comte de Toulouse, fut tué devant Toulouse par une pierre jetée du haut des remparts (1218). Son fils dut céder les États conquis au roi de France Louis VIII. Les derniers cathares qui avaient échappé à l’inquisition moururent dans la forteresse de Montségur, où ils étaient assiégés, préférant se jeter dans les flammes plutôt que de se rendre (1244).

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