ALAIN: Les animaux, autant que l'on peut deviner, n'ont point de passions
« Les animaux, autant que l'on peut deviner, n'ont point de passions. Un animal mord ou s'enfuit selon l'occasion; je ne dirai pas qu'il connaît la colère ou la peur, car rien ne laisse soupçonner qu'il veuille résister à l'une ou à l'autre, ni qu'il se sente vaincu par l'une ou par l'autre, Or c'est aussi pour la même raison que je suppose qu'il n'a point conscience. Remarquez que ce qui se fait par l'homme sans hésitation, sans doute de soi, sans blâme de soi, est aussi sans conscience. Conscience suppose arrêt, scrupule, division ou conflit entre soi et soi. Il arrive que, dans les terreurs paniques, l'homme est emporté comme une chose. Sans hésitation, sans délibération, sans égard d'aucune sorte. II ne sait plus alors ce qu'il fait. Mais observez les actions habituelles tant qu'elles ne rencontrent point d'obstacles, nous ne savons pas non plus ce que nous faisons. Le réveil vient toujours avec le doute; il ne s'en sépare point. De même celui qui suit la passion n'a point de passion. La colère, le désir, la peur, ne sont plus alors que des mouvements. »
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- Selon Alain, « il n'y a point de fatalité dans le roman : au contraire, le sentiment qui y domine est d'une vie où tout est voulu, même les passions et les crimes, même le malheur » (Système des Beaux-Arts, 1920). Partagez-vous cette opinion ?
- Commentez le point de vue du philosophe Alain : « Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait ».
- « Il n'y a point de fatalité dans le roman ; au contraire le sentiment qui y domine est d'une vie où tout est voulu, même les passions et les crimes, même les malheurs ». Partagez-vous ce point de vue ? Vous pouvez vous appuyer sur votre connaissance de l'Assommoir de Zola.
- Parlant du monde et de ses personnages, Albert Camus écrit dans l'Homme révolté : Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau, ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversant héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leurs passions. Vous expliciterez et illustrerez ce point de vue à partir de vos lectures romanesques et vous le discuterez si cela vous semble
- « Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie ».