ALAIN : LA CONSCIENCE, CE QUI S’OPPOSE AU CORPS
ALAIN : LA CONSCIENCE, CE QUI S’OPPOSE AU CORPS
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Si la tradition du dualisme de l'âme et du corps est ancienne (cf. Platon), cette opposition devient absolue avec Descartes pour qui « le moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps » (Discours de la Méthode, IV). C'est par la pratique du doute méthodique que l'âme découvre sa vraie nature : non l'âme mystérieuse, plus ou moins matérielle, de l'animisme, mais une âme qui est pure pensée, et par là radicalement étrangère au corps qui, lui, n'est qu'étendue. C'est cette analyse cartésienne que prolonge ici Alain. « L’âme c’est ce qui refuse le corps. Par exemple, ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapper quand le corps s’irrite, ce qui refuse de boire quand le corps à soif, ce qui refuse de prendre quand le corps désire, ce qui refuse d’abandonner quand le corps a horreur. Ces refus sont des faits de l’homme. Le total refus est la sainteté ; l’examen avant de suivre est la sagesse ; et cette force de refus, c’est l'âme. Le fou n'a aucune force de refus ; il n'a plus d'âme. On dit aussi qu'il n'a plus de conscience, et c'est vrai. Qui cède absolument à son corps, soit pour frapper, soit pour fuir, soit seulement pour parler, ne sait plus ce qu'il fait ni ce qu'il dit. On ne prend conscience que par opposition de soi à soi. Exemple : Alexandre àla traversée d'un désert reçoit un casque plein d'eau ; il remercie et le verse par terre devant toute l'armée. Magnanimité ; âme, c'est-à-dire grande âme. Ce beau mot ne désigne nullement un être, mais toujours une action. »
Alain, Définitions (Aix-Marseille, A, 84)
ordre des idées
1) Définition générale de l'âme : l'âme est le pouvoir que nous avons de résister aux impulsions de notre corps.
2) Exemples : notre âme a la force de ne pas céder : — aux émotions et sentiments qui naissent du corps : peur, colère, désir ; — aux besoins comme la soif (cf. la grève de la faim).
3) Qualité variable de l'âme selon sa force de résistance aux penchants du corps : résistance absolue chez le saint, raisonnée chez le sage, inexistante chez le fou.
4) Reprise de la définition initiale : l’âme, force de refus, est la conscience. Etre conscient, c'est réfléchir avant d'agir au lieu de céder aux premières impulsions. Ainsi l'âme n'est pas chose mais acte d'une pensée consciente, volonté qui exprime une pensée réfléchie.
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