AJAX, ALBUNÉA, ALCINOOS, ALCMÈNE, ALCMÉON
- AJAX (le Grand). Trop âgé pour prendre part à la guerre de Troie aux côtés des Grecs, Télamon, roi de Salamine, y envoya ses deux fils, Teucer et Ajax. Ce dernier, dans l'Iliade, passe pour le plus vaillant des guerriers après Achille : à lui seul, il repoussa une contre-attaque de Troyens qui menaçaient d’incendier les navires grecs. Il se signala au cours de combats singuliers et blessa même Hector. Mais comme il était écrit que ce dernier ne pourrait mourir que de la main d’Achille, Ajax accepta une trêve. Après la mort d’Achille, Ajax et Ulysse se disputèrent les armes du héros, et Ulysse l’emporta; pris d’un soudain accès de démence, Ajax sortit alors la nuit de sa tente et égorgea les troupeaux, pensant tuer des guerriers. Lorsqu’il reprit ses sens, il fut l’objet de la risée générale, et devant ce déshonneur il se jeta sur son épée et se tua. Toujours prompt à envelopper les récits mythiques de métamorphoses et de métaphores, Ovide raconte que le sang d’Ajax donna naissance à une fleur, l’hyacinthe,’ dont les premières lettres ai sont aussi les premières lettres d’Ajax (Aias en grec). Télamon vengea la mort de son fils en attirant les vaisseaux d’Ulysse contre les récifs de la côte de son royaume. Le tombeau d’Ajax fut élevé au cap Réthée. Un culte fut rendu au héros à Salamine et un temple lui fut spécialement affecté.
- AJAX (le Petit). Ajax, fils d’Oïlée, roi des Locriens, fut surnommé « Ajax le Petit », non seulement en raison de sa taille, mais aussi par comparaison avec le Grand Ajax, fils de Télamon. Il arma une quarantaine de vaisseaux et lutta vaillamment, quoique avec cruauté, contre les Troyens. Son histoire, rapportée par Homère et Virgile, le montre poursuivant Cassandre, fille de Priam, jusque dans le temple d’Athéna, d’où il l’aurait entraînée de force, quoiqu’elle étreignît la statue de la déesse. Outrés de ce sacrilège, les Achéens eux-mêmes voulurent lapider le héros trop audacieux. Mais il put s’enfuir par mer avec sa flotte. Athéna, courroucée, provoqua une tempête dont il réchappa en se réfugiant sur un récif. Là, il brava solennellement les dieux. Poséidon, qui, jusqu’alors, I’avait protégé, saisi de colère, ouvrit le récif d’un coup de son trident et engloutit Ajax, l’impie, dans les flots. Non contente de ce châtiment, Athéna, dépêcha sur la Locride une peste et une famine qui menacèrent d’anéantir tous les Locriens. On consulta l’oracle de Delphes. Celui-ci déclara que la déesse s’apaiserait si, chaque année, pendant mille ans, on envoyait à Troie deux jeunes filles grecques. Si celles-ci parvenaient à échapper aux Troyens et à gagner le temple d’Athéna, on leur laisserait la vie sauve, et elles deviendraient prêtresses du temple. Cette coutume fut, dit-on, respectée.
- ALBE-LA-LONGUE. Cette ville d’Italie, située non loin de Rome, fut fondée par Ascagne, le fils unique d’Énée. Ce roi eut plusieurs successeurs légendaires, parmi lesquels Tiberinus, qui se noya dans les eaux du fleuve Albula, appelé depuis « Tibre », et Silvius Procas, père de Numitor et d’Amulius, et grand-père de Romulus et Remus. Dans l’Antiquité, on considérait Albe comme l’une des cités fondatrices de Rome.
- ALBUNÉA. Grâce à ses dons de prophétie, cette nymphe, qui compte parmi les plus fameuses sibylles de l’Italie, rendait ses oracles dans un bois, près de Tibur, à l'endroit où le fleuve Anio (aujourd'hui Teverone) forme une belle chute d'eau et se précipite dans le Tibre avec un bruit semblable à celui du tonnerre, qui passait pour la voix même de Jupiter. Comme, d'autre part, on trouvait dans le voisinage des eaux sulfureuses et un lac d'où s'exhalaient des vapeurs empoisonnées, les Romains pensaient que ces lieux étaient directement inspirés par les dieux.
- ALCATHOOS. Fils de Pélops et d'Hippodamie, Alcathoos obtint la main d'Évaechmè, fille de Mégarée, en tuant sur le Cithéron un lion monstrueux qui semait la terreur; puis il s'installa en Béotie, sur le trône d'Onchestos. Son règne fut marqué surtout par la reconstruction des murailles de Mégare, abattues par les Crétois de Minos, et par l'édification d'une des deux citadelles de la ville. Dans cette gigantesque entreprise, Alcathoos reçut le concours d'Apollon; la pierre sur laquelle le dieu avait posé la lyre conserva longtemps la propriété d'émettre des sons lorsqu'on la frappait.
- ALCESTE. Cette fille du roi Pélias, belle entre les plus belles, ne comptait plus les prétendants qui se disputaient sa main. Son père avait décrété qu'il la donnerait en mariage à quiconque serait capable d'atteler des bêtes féroces au char royal. Le roi de Thessalie, Admète, y réussit et put épouser Alceste. Elle offrit sa vie en échange de celle de son époux, qui avait offensé Artémis. Elle prit du poison, et son âme descendit dans le Tartare. Selon une légende, Perséphone, touchée d'un aussi grand amour, la rendit à la lumière. D’après une autre tradition, Héraclès, hôte d’Admète, descendit aux Enfers, affronta Thanatos, la Mort, et lui ravit Alceste. Elle reste le modèle de la tendresse conjugale.
- ALCINOOS. Petit-fils de Poséidon, Alcinoos était le plus célèbre roi des Phéaciens, peuple mythique qui habitait l’île de Schéria, identifiée avec Corcyre. Avec sa femme Arétè et sa fille Nausicaa, il accordait sans cesse l’hospitalité aux étrangers, et tout particulièrement aux naufragés. Dans son palais, les Argonautes firent une halte, et le plus connu parmi ses hôtes, Ulysse, trouva refuge chez lui avec ses compagnons, après une tempête qui les avait jetés, démunis de tout, sur les rives de l’île. Alcinoos réconforta les héros et leur offrit ses jardins. magiques où mûrissaient toute l’année les fruits les plus rares. Il reconduisit Ulysse jusqu’aux rivages de sa patrie et le déposa endormi sur le sable. Poséidon, irrité des soins prodigués au héros, changea le navire d’Alcinoos en pierre et anéantit le port des Phéaciens.
- ALCITHOÉ. Cette fille de Minyas fut changée en chauve-souris, car elle avait refusé de se joindre au cortège du mystère dionysiaque. Ses deux sœurs, Leucippé et Arsippé, se virent frappées de folie pour avoir suivi son exemple. Leucippé dévora son propre fils, avant de s’enfuir avec Arsippé dans la montagne où Hermès changea l’une en hibou, l’autre en chouette.
- ALCMÈNE. Fille d’Électryon, roi de Mycènes, Alcmène consentit à épouser Amphitryon, pourtant meurtrier de son père, à condition qu’il vengeât la mort de ses frères. En son absence, elle fut séduite par Zeus, qui avait pris les traits de son époux. Lorsque celui-ci revint victorieux de ses combats, il apprit l’infidélité involontaire de sa femme et voulut la brûler sur un bûcher. Zeus sauva l’infortunée en éteignant les flammes par une averse soudaine. A la mort d’Amphitryon, Alcmène suivit ses deux fils, lphiclès, fils de son époux, et Héraclès, fils de Zeus, dans leurs exploits. Elle leur survécut et dut s’enfuir à Athènes, après la mort d’Héraclès, pour échapper à la haine d’Eurysthée. Lorsque ce dernier périt, Alcmène lui arracha les yeux. Elle retourna ensuite à Thèbes, où elle vécut jusqu’à un âge avancé. Quand elle mourut, Zeus la conduisit dans l’île des Bienheureux, où elle épousa Rhadamanthe, l’un des trois juges des Enfers.
- ALCMÉON. Frère d’Amphilocos et fils du devin argien Amphiaraos et d’Ériphyle, Alcméon fut choisi pour commander l’expédition des Épigones contre Thèbes. Êriphyle, après avoir reçu en présent le péplos d’Harmonie offert par Thersandros, poussa son fils à partir, tout comme elle avait ordonné à son époux de participer à la première guerre contre Thèbes, où il devait périr. Mais la destinée d’Alcméon, au cours de la guerre, devait être moins tragique. Victorieux, Alcméon tua de sa propre main Laodamas, le fils d’Étéocle, et revint dans sa patrie pour tuer sa mère, qui les avait poussés, lui et son père, à entreprendre des guerres dont, en secret, elle espérait qu’ils ne reviendraient pas. Ce matricide suscita la colère des Érinyes : Alcméon s’enfuit de sa patrie, trouva aide et purification chez le roi Phégée à Psophis et épousa Arsinoé, la fille de son protecteur, à laquelle il offrit le collier et le péplos d’Harmonie. Une effroyable sécheresse s’étant abattue sur le pays qui avait osé recevoir un meurtrier de sa mère, Alcméon reprit sa course errante jusqu’au fleuve Achéloos, qui le purifia à nouveau et lui donna sa fille Callirhoé en mariage. Celle-ci réclama à son tour les attributs d’Harmonie. Alcméon retourna donc à la cour de Phégée pour réclamer les précieux objets, arguant qu’il désirait en faire offrande au dieu Apollon. Mais Phégée apprit bientôt la vérité et le mensonge dont sa fille Arsinoé était la victime; il fit périr son hôte hypocrite. Il eut pour fris Acarnan.