Ailleurs d'Henri MICHAUX
Ailleurs
Henri MICHAUX, 1948, Poésie/Gallimard
• Sous ce titre, Henri Michaux a réuni trois ouvrages qui ont en commun de se présenter comme des relations de voyage dans des pays insolites, ailleurs. Mais, comme il l’avoue dans sa préface, il traduit aussi le Monde, celui qui voulait s'en échapper. Qui pourrait échapper? Le vase est clos.
• Voyage en Grande Garabagne (1936), déjà repris dans L’Espace du dedans, conduit chez une série de peuples, les Hacs, les Émenglons, les Omobuls, etc., dont les moeurs, dans leur étrangeté capricieuse, sont des répliques parodiques de celles de nos sociétés : combats, cruautés, violences, maladies, malheurs, châtiments dominent la vie de ces peuples, et le burlesque des récits accompagne un pessimisme obsédant.
• Dans Au pays de la Magie (1941), les faits saisis sont fragmentaires, le plus souvent inquiétants encore, fussent-ils du registre de la fantaisie, comme l’eau qui se retient de couler ou le fagot de serpents. Pour finir, le voyageur qui a voulu percer le secret des choses est menacé de mort et chassé.
• Ici, Poddema (1946) peint un pays effrayant où tout est organisé et contrôlé, en particulier les naissances : on y cultive les êtres humains en pots, et produit des sous-êtres, à l’existence diminuée, sous couleur d’adaptation.
• L’ailleurs de Michaux n’est pas le refuge d’une imagination optimiste mais l’invention d’un esprit hanté par l'absurde et qui se défend par l’humour et le jeu verbal.