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AGRICULTURE

AGRICULTURE Au début de la période, elle ressemble à ce qu’elle a été depuis l’Antiquité : labour à bras (avec une houe ou une bêche) de champs régulièrement mis en jachère. À partir du XIe siècle, le secteur va connaître une révolution qui, en l’espace de deux siècles, lui donnera l’aspect qu’à peu de choses près il conservera jusqu’au milieu du XIXe siècle. Plus qu’à des inventions, les progrès qu’il enregistre alors sont dus à la généralisation de l’emploi du fer (auparavant réservé à la confection d’armes), d’outils qui existaient mais demeuraient très rares (grande faux à deux mains, charrue à roue et à versoir, char à roue) ou de techniques (collier de trait à l’épaule pour les chevaux - qui sont ferrés -, joug frontal pour les bœufs). Ces éléments conjugués autorisent l’augmentation des surfaces cultivées et la mise en œuvre de modes d’exploitation plus performants (assolement triennal). On constate la prédominance dans le paysage des essarts (terres récupérées sur les forêts après défrichement) et de la forêt. Ainsi l’outillage en fer et la charrue permettent-ils d’accélérer le défrichement - ce qui, joint à la capacité de produire et de stocker du foin en plus grande quantité, autorise l’entretien d’un troupeau plus nombreux. En découle une plus grande production de fumure qui, avec des labours plus efficaces, rend possibles des semis plus serrés et donc une augmentation du rendement en céréales. La production, néanmoins, demeure essentiellement une production de subsistance. Il s’agit d’obtenir sur place tout ce dont on a besoin pour vivre ; les échanges autres que locaux ne portent guère que sur le vin et le blé. Aussi les potagers sont-ils présents partout, y compris dans les grandes villes ou dans leur voisinage. Autrement, le blé, qui prédomine depuis l’époque gauloise, conserve sa première place mais se voit concurrencé par des céréales dont le rendement est meilleur : seigle, avoine et, dans une moindre mesure, orge, épeautre et millet. Une place importante est aussi accordée aux légumineuses (fève, haricot, pois chiche et petit pois). Plusieurs espèces sont cultivées dans chaque ferme ; la culture de plantes ayant des périodes de semailles et de récolte différentes permet de se prémunir, dans une certaine mesure, contre les caprices du climat. Dès la fin du xiiie siècle, ce système agricole a atteint ses limites : employant les neuf dixièmes de la population environ, il occupe tout l’espace disponible et est au maximum de ses capacités de production. Il peut nourrir 20 millions de personnes ; dès que ce chiffre est dépassé commencent disettes ou famines, préludes à des troubles graves et à une baisse quasi automatique de la population.


agriculture. Pour les Anciens, l’agriculture est le plus sûr fondement de la richesse d’un État. Pendant toute l’histoire grecque, les agriculteurs formèrent la classe la plus importante dans les cités. À l’époque homérique, la puissance se mesurait aux champs qu’on possédait. On cultivait le froment, l’orge, l’épeautre, qui servait de fourrage, la vigne et l’olivier, le poirier, le pommier, le grenadier, les pois, les fèves et les oignons. Cette tradition se poursuivit, et à l’époque archaïque se constituèrent de vastes domaines fonciers entre les mains de quelques familles. Dans ce pays, pauvre en terres arables, on défricha la moindre parcelle de terrain, on pratiqua la culture en terrasses, pour utiliser les flancs des collines. L’agriculture resta prépondérante dans les régions de plaines fertiles : la Macédoine, la Thessalie, la Béotie, l'Argolide, l’Arcadie, la Messénie et la Laconie, les deux dernières provinces constituant le domaine de Sparte, et la Crète. Dans ces régions, les aristocraties terriennes tinrent longtemps le pouvoir sur le petit peuple, vivant des richesses dont ils étaient propriétaires. L’Attique possédait quatre petites plaines, qui ne pouvaient nourrir sa population croissante ; l’économie se tourne alors vers le commerce et l’industrie. Le petit peuple se libère ainsi de la domination des aristocraties foncières, et une bourgeoisie se forme parallèlement à toute une population vivant dans la pauvreté. La conséquence de cette révolution économique fut l’avènement de la démocratie, tandis que les régions agricoles conservèrent un régime oligarchique ou monarchique, celles qui se donnèrent un régime démocratique n’y étant parvenues que par suite de révolutions et longtemps après l’exemple athénien. Les colonies de l’époque archaïque des rives de la mer Noire, la Cyrénaïque ou la Grande-Grèce et la Sicile furent des colonies agricoles plus que des comptoirs commerciaux. Au ive s. av. J.-C., le perfectionnement de l’outillage et l’usage généralisé des engrais n’empêchent pas le déclin de l’agriculture, et Athènes dut toujours importer son blé de ses colonies de Thrace et de Tauride (Crimée). En Grèce continentale, aux IIIe et IIe s., les petits propriétaires émigrent et les terres restent en friche, tandis que la Crète continue de cultiver ce qui a fait sa richesse depuis le début de son histoire : figuier, palmier-dattier, cognassier, lin, safran, utilisé pour les teintures, pavot et sésame (pour les huiles), menthe, absinthe. Dans les nouveaux États hellénistiques, les meilleurs champs de Syrie, qui appartiennent au domaine royal, n’ont qu’un faible rendement, en revanche l’agriculture est la grande richesse de l’Égypte, où l’irrigation est perfectionnée par des ingénieurs grecs. Le blé est sa principale ressource, mais on cultive aussi le lin, la vigne et l'olivier; les jardins sont consacrés aux arbres fruitiers et aux cultures maraîchères. En principe, la terre est partagée entre le roi et les dieux; les domaines royaux et ceux des temples sont exploités par des paysans, qui jouissent du produit de la terre en payant des redevances ; par ailleurs, les Ptolémées louent la terre aux colons grecs, tandis que, sur les points stratégiques, vers les marches de ces royaumes, sont installés des colons militaires, qui cultivent des terres qui deviendront des tenures héréditaires.

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