Affect

Affect

Terme repris de la psychologie allemande (Wundt, etc.) et désignant toute émotion agréable ou non. Il est sur le plan qualitatif ce que sont les variations de quantité d’excitation sur le plan quantitatif. Cette émotion est corporelle ou psychique. Il est un des modes de manifestation de la pulsion. Dans la névrose, l’affect se sépare de la représentation de la pulsion ; il peut être converti, déplacé ou transformé.

affect, aspect inanalysable et élémentaire de l’affectivité, différent de l'émotion qui en est la traduction neurovégétative et des sentiments plus élaborés. Entre les états affectifs caractérisés, tels que la joie et l’angoisse, il existe d’autres sentiments intermédiaires, mal définis, qui sont susceptibles de se déplacer de l'un à l'autre, en subissant une série successive de transformations. Ces états psychiques primordiaux, difficilement analysables, peuvent être observés et étudiés par l'intermédiaire des comportements qu'ils. suscitent. Les réactions d’attente et d'exploration d'un sujet, par exemple, expriment son intérêt pour une certaine situation, tandis que les mouvements d’expansion ou de fuite sont provoqués par des sensations agréables (plaisir) ou désagréables (douleur). Ces sentiments élémentaires, variables dans leur tonalité affective, précèdent l'aperception de l’image et la représentation ; ils sont à l’origine des émotions et constituent ce qu’on appelle, généralement, l’humeur d’un individu.

Affect

Du latin affectus, « disposition », « état de l'âme ». En psychologie, état affectif élémentaire, accompagné de plaisir ou de déplaisir.

Affect : Etat psychique élémentaire, immédiat, saisi à la fois comme un vécu et une réaction. On distingue trois affects de base : plaisir-recherche, déplaisir-retrait, intérêt-exploration.

AFFECT. Dans la théorie freudienne, l’affect est généralement lié à la notion de quantité d’énergie pulsionnelle, ce qui nous renvoie au point de vue économique. Dès les Etudes sur l'hystérie (1895), Freud observe qu’un souvenir dénué de charge affective est presque totalement inefficace. Déjà, dans son article sur les « Psychonévroses de défense », il soulignait que dans les fonctions psychiques il y a lieu de différencier quelque chose (quantum d’affect, somme d’excitation) qui possède toutes les propriétés d’une quantité — même si nous ne sommes pas à même de la mesurer —, quelque chose qui peut être augmenté, diminué, déplacé, déchargé et s’étale sur les traces mnésiques des représentations un peu comme une charge à la surface des corps. Sommairement, on peut dire que Freud voit dans les affects la part la plus archaïque de l’homme : celle que le langage peut accompagner, mais qui suit son chemin indépendamment de lui. Sans la dimension de l’affect, note André Green dans Le Discours vivant (1972), l’analyse est une entreprise vaine et stérile. Le même auteur observe que dans l’œuvre de Lacan l’affect est explicitement interdit de séjour. « Si le langage est seul pris en considération, écrit-il, c’est l’affect qui est négativé ; et l’on ne comprend plus pourquoi Flaubert vomit en écrivant Bovary, Proust s’asphyxie au fur et à mesure que le texte progresse et Kafka s’angoisse jusqu’à la mort. »

Synonyme d’émotion pour Jung qui le décrit comme « une réaction instinctive involontaire qui perturbe l’ordre rationnel, de la conscience par des éruptions élémentaires. L’affect n’est pas fait par la volonté, il a lieu ». Il participe donc de l’autonomie de l’inconscient et trouve son origine dans l’énergie propre à l’archétype dont il exprime la numinosité. C’est un événement qui saisit le sujet dans sa totalité somato-psychique, ce qui le différencie du sentiment. Jung insiste sur l’importance de la participation du corps, facteur majeur d’engrammation dont le rôle est capital dans la constitution et l’économie des complexes. Par ailleurs, au cours de l’affect, le conscient perd sa suprématie, laissant émerger de nouveaux contenus. Selon la résultante de la force de l’affect et de la solidité du moi qui lui est confronté : ou bien le moi est submergé, possédé par une vague d’affects et de contenus incontrôlés ; ou bien l’affect vient renforcer un complexe déjà existant et alimenter sa tendance compulsive ; ou bien une prise de conscience et une intégration vont s’ensuivre permettant "une modification et un ajustement du sentiment" . Enfin, c’est dans la mesure où l’on est affecté que les événements synchronistiques se produisent. (Voir aussi : archétype, complexe, conscience, inconscient, numineux, sentiment, synchronicité.)

Les affects (« l’affectivité ») qualifient la gamme des sentiments, des émotions, de leur tonalité (« humeur »), ou le signal d’angoisse qui peut en résulter. Sous la forme du plaisir, de la joie, de la haine, de la colère, etc. et de leurs complications (culpabilité, dépression, etc.), les affects sont des « représentants psychiques » de pulsions (instincts) qui s’expriment dans les transformations corporelles (de type vasomoteur et sécrétoire) qui accompagnent les désirs. Ils sont liés à l'énergie instinctuelle (émoi) qui se fixe aux représentations, et modulent qualitativement et « quantitativement » cette énergie. La question se pose, au cours de la cure, du destin du « représentant affectif » par rapport à celui du « représentant représentatif ».

1. L’expérience psychanalytique montre que les affects, qui coexistent le plus souvent sur le mode de l’opposition ambivalente, peuvent se dissocier de leurs représentations originaires et se déplacer pour se lier à d’autres idées : leur cause est ainsi rendue inconsciente. Mais ils peuvent aussi s’épuiser dans une innervation (névrose d’organe, « conversion somatique » de l’hystérie) ou se transformer (ainsi de la haine laissant place à la culpabilité). Lorsque l’affect ne subsiste plus qu’à l’état de trace, d’ébauche, c’est l’indice d’un refoulement réussi : le but final de tout refoulement, c’est de supprimer l’affect. Au cours du processus psychanalytique, la prise de conscience et la décharge affective vont de pair. De petites quantités de décharges répétées d’émotions inhibées sont libérées par la « remémoration » progressive.

2. La place de l’affect en psychanalyse a d'abord été considérable, dans la suite de la méthode « cathartique » (« purgative ») de Breuer-Freud. Chaque maladie psychologique était alors considérée (sur le modèle de l’Hystérie traumatique) sous l’angle d’un excès d’affects « bloqués », « non liquidés ». Une quantité d’affect à évolution inhibée ou refoulée (haine ou colère rentrées, par exemple) devait pouvoir trouver sa résolution dans une « abréaction » (décharge) libératrice. Dès cette époque, il est vrai, l’abréaction, la « catharsis », ne concernaient pas un « passage à l’acte » direct de l’énergie affective, mais sa « liquidation » dans (et par) le « réflexe verbal » permettant la liaison et la régulation maîtrisée, consciente, de l’énergie.

3. Avec l’abandon des reliquats hypnotiques et suggestifs, ainsi que la création de la méthode proprement psychanalytique de libre association, la réactivation affective fut soumise à la nécessité de la « représentation ». L'actualisation de l’affect dans la répétition fut bientôt considérée comme faisant de fait obstacle à l’indispensable remémoration. Le passage de la théorie d’un blocage, par « choc affectif », à la reconnaissance de la place des symptômes dans l'histoire subjective du désir, renvoyait l’expression affective à une fonction éventuelle de « résistance » à la compréhension. Mais, inversement, une trop grande distance affective dans l’association (ce qui est le cas, par exemple, de l’« intellectualisation » outrancière de la névrose obsessionnelle), pouvait priver du minimum de reviviscence nécessaire à emporter la conviction dans la reconstruction interprétative... En fait, le déroulement de la psychanalyse, qui porte sur des idées, se mesure au « trop vécu » (allant jusqu’au « passage à l’acte » dans une décharge primaire) et au « pas assez vécu » de l’affect concomitant. La psychanalyse n’est possible que là où un « transfert tempéré » (un « report » modéré) des affects, fournit l’énergie nécessaire au processus de la cure, sans l’emporter dans son torrent. Si la psychanalyse est essentiellement une affaire de paroles, seule l’incidence de l’affect permet en effet d’articuler sa recherche de la vérité dans un « discours vivant » (A. Green).

Émotion suscitée lors d'un événement ou d'une représentation; décharge émotionnelle, agréable ou désagréable, et qui peut se manifester à la fois physiquement et psychiquement (c'est le cas de l'angoisse, de la colère, de la tendresse). Avec la représentation, l'affect est ce qui permet à la pulsion de se manifester. L'affect est le ressenti qui accompagne la représentation. On parlera de quantum d'affect pour désigner la quantité d'énergie de la pulsion. Cette notion fut utilisée très tôt par Freud (dans les années 1890) pour décrire les névroses : c'est la modification de l'affect, par déplacement, conversion ou transformation (trois modes du refoulement), qui définit, selon lui, la névrose. Le névrosé n'a plus un accès direct à son affect.