ABSOUDRE (étymologie)
ABSOUDRE: le verbe latin absolvere (détacher, puis dégager, acquitter) est venu du verbe solvere (= «dissoudre», cf. un solvant). Ce verbe solvere s'est transformé en passant au français. La syllabe ve, non accentuée, a disparu comme il est normal, donnant absol 're et dans ce cas le contact de l et de r développe une dentale d (voir mol(e)re qui a donné moudre). La consonne l devant d se vocalise, c'est-à-dire se transforme en voyelle, en l'occurrence un u. D'où absoudre. Un autre fait mérite d'être signalé. Normalement, en ancien français, les labiales latines comme b disparaissent devant s par assimilation. On eut effectivement une forme assoudre comme on a eu oscur (obscur) ou ostiner (s'obstiner). C'est par souci de l'orthographe étymologique que les scribes ont rétabli le b de absoudre. Il ne se prononça pas, pour commencer, mais il n'en est plus de même aujourd'hui. On voit comment prononciation et orthographe peuvent avoir des influences réciproques. Le verbe latin absolvere avait un participe passé passif absolutus : « ce qui a été acquitté », donc « ce qui est achevé, parfait». D'où le sens du mot français absolu (asolu, en ancien français : voir ci-dessus) : ce qui est absolu est si achevé, si parfait que cela ne supporte ni restriction, ni réserve, ni discussion, ni partage : la monarchie absolue. Voyez les termes absolument, absolutisme, etc. Le nom absolution (action d'absoudre) désigne, dans le langage ecclésiastique, la forme d'acquittement qui consiste à remettre le péché. Mais, en droit profane, l'absolution n'est pas un acquittement : elle dispense seulement de l'application d'une peine.