ABSOLU
ABSOLU, n.m. et adj. (lat. absolutus « complet », « parfait », « indépendant »). Sens général: qui ne comporte ni restriction, ni réserve, ni limite ; indépendant : « J’ai en lui une confiance absolue » ; « esprits créés, il y a en nous un élan vers l’Absolu ». ♦ 1° Métaphysique. Svt n.m. L’Absolu ; « Dieu est l’Absolu » (Traité § 249 - 251 et § 261 -263). S’emploie aussi pour désigner ou pour qualifier un principe suprême : « l’Esprit Absolu » (Hegel) ; le « Moi Absolu » (Fichte, texte 109) ; le « Bien Absolu » (Traité § 202) ; la liberté absolue (Traité § 226-27) ; le « Beau absolu » (Traité § 168). ♦ 2° Logique et théorie de la connaissance. Parfois synonyme de a priori, mais alors improprement. Terme considéré sans restriction : nécessité absolue ; opération absolument exacte ; « valable à tous égards, sans restriction » (Kant) ; l’être pris en lui-même, indépendamment de la connaissance que les hommes peuvent en avoir. (V. « Chose en soi ») ♦ 3° Usages spécialisés, a) Valeur absolue (mathématiques). Par exemple, valeur arithmétique d’un nombre algébrique, considéré indépendamment de son signe, b) Mouvement absolu. Pris indépendamment d’un point de repère conventionnel. c) Zéro absolu (ou Kelvin). Température théorique la plus basse, parce que c’est celle où le volume d’un « gaz parfait » serait nul (env. - 273, 16°C). C’est le point de départ des graduations absolues (degrés Kelvin), d) Monarchie absolue. Régime où le monarque posséderait tous les pouvoirs (n’a jamais existé dans les régimes monarchiques français, mais s’est réalisée dans certaines tyrannies ou dictatures anciennes ou modernes), e) Génitif, ablatif, participe absolus. Groupe de mots non rattachés grammaticalement au reste de la phrase (ex. « Lui parti, nous nous sommes mis à chanter. ») ♦ 4° Sens vague (opposé à « relatif ». Qui emporte la décision (élection « à la majorité absolue » ; sens absolu d’un mot) ; impérieux, despotique, rigoureux, rigide (juger dans l’absolu ; vous voyez tout d’une manière absolue).
ABSOLU
♦ L’adjectif a pris, historiquement, des sens multiples : il peut désigner aussi bien ce qui ne comporte aucune limitation (« monarchie absolue ») que ce qui apparaît sans défaut (c’est le latin absolutus) ou ce qui marque une limite infranchissable (par exemple, le « zéro absolu » en physique). ♦ Le substantif ne désigne un concept philosophique particulier que tardivement, et sous l’influence des grammairiens, pour qui le mot évoque ce qui est compris sans relation ni complément. Dans cette optique, l’Absolu se confond nécessairement avec Dieu pour les auteurs scolastiques : il est l’Être qui ne dépend de nul autre. S’opposant ainsi à toute existence relative et, en particulier, à la connaissance que nous pouvons construire à son sujet, il apparaît très vite comme impossible à atteindre, notamment chez Kant. Dans la philosophie de Hegel, l'« esprit absolu » représente le moment ultime du déploiement de l’idée, qui se réalise lui-même en trois phases à travers l’art, la religion et le savoir philosophique. L’Absolu, ainsi à la fois « être » et « résultat », connaît là son dernier avatar philosophique important : postérieurement à Hegel, ce concept ne joue plus le rôle éminent qu’il a tenu en métaphysique en raison de l’idée de coupure qu’il impliquait. Chez Levinas, l’absolu désigne cependant autrui comme étant toujours totalement autre.
ABSOLU 1. Employé comme adjectif, le terme absolu signifie : - sans limite ni réserve (détenir un pouvoir absolu ; constater la nécessité absolue d'une conclusion) . - ce que l'on considère seul et non par rapport à autre chose (une élection se fait à la majorité absolue — 50 % des voix - ou à la majorité relative — plus de voix que les autres). 2. Comme substantif, l'Absolu désigne l'être qui ne dépend d’aucune autre chose, qui a sa raison d’être en lui-même, c’est-à-dire Dieu (Dieu est l'Absolu). ABSOLU (adj., étym. : détaché dé). 1. — Indépendant (mouvement absolu : indépendant du repère ; espace, temps absolus : indépendants des objets). 2. — Sans limite, sans condition, sans lien : pouvoir, souveraineté absolus. 3. — Achevé, total, intégral, qui a en soi-même sa raison d’être ; l’Absolu~Dieu. 4. — Le concept hégélien d’absolu reprend toutes les déterminations qu’on distingue ici (cf. esprit absolu). 5. — Qui ne peut être transgressé (une loi, un principe absolus).
absolu (du lat. absolutum, séparé), indépendant de toute autre chose. — Le problème de l'absolu est le problème fondamental de la philosophie : l'être existe-t-il en soi, indépendamment de la pensée qui le pense? Une philosophie est réaliste dans la mesure où elle répond par l'affirmative (Parménide, Platon, Spinoza, Schelling), idéaliste dans le cas contraire (Fichte, Hegel), agnosticiste si elle refuse d'y répondre (Kant). Il est certain que la recherche de l'absolu, c'est-à-dire de quelque chose d'autre que nous-mêmes, en quoi nous pourrions nous perdre, est le moteur de tout travail intellectuel, et même, disait Hegel, de toute action humaine. « La réflexion philosophique, écrivait-il, nous conduit à l'absolu, mais elle requiert une patience et un travail infinis. La foi religieuse, l'amour romanesque, le suicide ne sont qu'une impatience de l'absolu. » Il semble cependant que, sauf en certains instants privilégiés, l'homme ne puisse jamais sortir de lui-même. Les philosophes, à la suite de Fichte, ont tenu à distinguer l'absolu en soi (impossible à atteindre) et toute relation à l'absolu, notre affirmation de l'absolu — ou Verbe de Dieu — que l'homme peut réaliser dans la réflexion philosophique. Cette réalisation caractérise ce que l'on appelle le savoir absolu : il ne désigne point un savoir total, englobant toutes les choses qui existent dans l'univers, c'est un savoir de ce qu'il y a de plus haut, un savoir où l'homme s'identifie, dans l'exercice de sa pensée, à ce qui n'est pas lui (à l'être). C'est en ce sens que Hegel a défini le savoir absolu par l'« identité de la pensée et de l'être ». En fait, toute action humaine, toute découverte affective dans l'ordre de la pensée comportent une part de création subjective et une part de révélation objective, une part qui vient de nous-même et une qui vient de l'être; l'absolu est présent en toute action effective, dans le bonheur d'agir ou de découvrir. Mais seule la réflexion philosophique nous permet d'avoir une connaissance de ces moments privilégiés. (On lira la Recherche de l'absolu de Balzac.)