ABEILLE (étymologie)
ABEILLE : vient du latin apis par l'intermédiaire de son diminutif api-cula (latin) devenu abelha (en provençal). On sait que la graphie h dans la langue d'oc (le parler du Midi par opposition à la langue d'oïl, celle du Nord, devenue le français) correspond au son l mouillé et plus simplement encore yod : le p entre voyelles s'affaiblit en b et plus tard en v dans les parlers du Nord. En revanche, dans le Midi, il est resté au stade du b (labiale douce) et c'est pourquoi nous le trouvons dans abeille. Parallèlement, le mot apis a connu un autre destin. En partant de l'accusatif latin ape(m), on obtient, selon les règles de l'évolution phonétique française, le mot ef: le a latin accentué suivi d'une consonne qui conserve son articulation devient è (ouvert). L'évolution est même allée plus loin. Le f a disparu et on a obtenu le simple é (pluriel ès) ou, partant du pluriel latin apes, le mot eps. Ces mots étaient vraiment trop brefs pour désigner des insectes qui ont tenu dans notre histoire alimentaire un si grand rôle avant la fabrication du sucre. Aussi le mot abeille a-t-il triomphé. Mais un animal aussi bienfaisant que l'abeille ne pouvait manquer de noms de baptême. En certains lieux, on parle encore de l'abeille sous le nom de mouche à miel ou de mouchette. Le mot abeille lui-même a connu, notamment avec Ronsard et nos poètes de la Renaissance, la jolie variante avette, venue d'un autre diminutif latin populaire, apitta (le mot étant adopté par les parlers du Nord, la labiale p devenue b est passée jusqu'à la fricative sonore v). Sur le latin apis, la langue savante (la langue des professionnels et des spécialistes) a créé les termes apiculteur, apiculture. Ce mot apis avait donné en latin le nom apiarium, le rucher, qui est devenu en ancien français, selon les lois phonétiques, le terme achier. C'est ce terme qu'on retrouverait dans des noms de lieux comme Achères ou Saint-Chély-d'Apcher.